Forum de FilmDeCulte

Ouais, le contraste est par moments intéressant avec la fin de Breaking Bad, niveau rythme, ton et palette, et plusieurs séquences tiennent bien en haleine sans pour autant être trop forcées. Seulement contrairement à Art Core je n'ai jamais trouvé Jessie tragique : le moment de la série qui le résume le mieux c'est quand il admet en réunion AA continuer à venir pour y vendre de la drogue à la clientèle la plus vulnérable possible, un move tout à fait authentique qui sonne juste et qui en fait un des personnages de toxicomane les mieux écrits des dernières années... mais pas tragique, juste un manipulateur nuisible et destructeur. Aucun des moments qui le montrent sous un angle plus humain ne tiennent la comparaison avec cette scène horrible (mention spéciale au gars qui gère le groupe, la manière dont il se mange l'horreur de la situation dans la gueule, grand moment...).

La fin de la série pour Jessie ne suscitait pas chez moi grand chose de spécial, il me semblait d'ailleurs avoir épuisé tout intérêt même pour les scénaristes qui l'avaient réduit à un loose end limite mcguffinesque pour justifier le baroud d'honneur de Walt. Du coup la scène du duel dans El Camino, qui dans mes souvenirs est pas mal du tout par ailleurs, ne cadre pas un seul instant avec le personnage niveau caractérisation (depuis quand il est doué à ce point avec une arme ? depuis quand il est aussi courageux et déterminé ?).

Bref, cahotant plus sur le fond que la forme, celle d'un épisode plutôt honnête, téléfilm "de luxe". S'inscrit pas trop mal en conclusion d'un re-visionnage de Breaking Bad, mais beaucoup, beaucoup moins intéressant du peu que j'ai vu jusque là de Better Call Saul.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

Il est pas doué : il a la main depuis le début sur son flingue caché dans sa poche. Après, le courage et la détermination, je suis d'accord que c'est un peu plus neuf, mais c'est justifié par le fait qu'il n'ait pas osé butter Jesse Plemons dans le désert et que ça le hante.

Du coup je suis allé revoir la scène sur youtube et oui, il est pas si doué (surtout dans la fusillade qui suit). Mais vraiment le côté western urbain/néo-noir ne sied pas au personnage, même si Aaron Paul plus épais et abimé ne démérite pas en tant qu'interprète.

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Jesse a quand même déjà tué Gale de sang-froid et avait aussi été coaché par Mike pendant un temps, il est plus badass que vous ne vous en rappelez.

Le meurtre de Gale était surtout dû à l'emprise de Walt, non ? C'était pas de l'auto-défense, ou pour obtenir quelque chose par la force. Quant au côté coaché par Mike, je ne m'en souviens pas assez bien c'est vrai.

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Oui il a vécu toute une chiée de trucs qui l'ont poussé à assurer sur ce moment précis (Gale, l'empoisonnement du cartel, la fusillade du season finale, la captivité...). Évidemment j'ai un peu tiqué moi aussi, mais ça m'a pas choqué moi non plus. 5 saisons et un film pour arriver à se sortir les doigts du cul, c'est déjà pas mal.

Quand même, le nombre de merdes qui lui arrive dans la série, je sais pas si tu peux y survivre. Toute sa trajectoire est marquée par la mort, la dépression et les regrets. Je l'adore, j'ai envie de le serrer dans mes bras.

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CroqAnimement votre

Oui, il y a des moments où il est touchant (quand il écoute en boucle le répondeur de sa meuf... même si là aussi il était sous emprise d'une folle), d'autres où on est clairement de son côté (quand il récupère la baraque de sa tante... même si c'est Saul Goodman qui brille lors de la scène du all-in pendant la transaction).

Mais toute la sous-intrigue AA et son apothéose glaçante c'est tellement à propos et, pour une fois, pas imputable à l'emprise de Walt, que c'est vraiment ce qui a scellé le truc de mon côté : qu'il crève, comme les autres. En plus c'est d'un sordide et d'un abject réalistes, pas du tout dans le registre pulp, limite Minus & Cortex dans lequel s'inscrit Walt avec toutes ces intrigues millimétrées, les plans et coups de bluff de dernière minute etc.

C'est vraiment histoire de pinailler, mais "tragique" pour moi ça implique de la part du personnage une acceptation digne de sa condition, de son impuissance, et pour que ça soit jouissif et pas seulement déprimant, une réaction primale et héroïque face à des éléments d'injustice qui peuvent être inversés... ce qu'on ne voit finalement pas avant El Camino, autrement dit un peu tard dans le fil dramaturgique.

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Le plan qui m'avait marqué c'est la fin d'un épisode où, suite à une teuf chez lui, il est tout seul assis par terre, la musique à fond qui tourne toujours. Le mec est juste un gros loser pathétique qui n'a aucun but et aucun sens à sa vie.
Je suppose qu'El Camino essaie de lui redonner ce sens, même si je n'ai pas été convaincu, perso.

Mais oui, moment très fort. Malgré la thune, le succès il est profondément mal dans sa peau. Il a sans cesse le trajet inverse de Walt, qui prend de plus en plus la confiance et devient un baron de la drogue mythique, quand lui est incapable d'être heureux. Je pense sincèrement qu'il est écrit comme un personnage martyr (tout ce moment où il est prisonnier et attaché pour cuisiner, quelle image terrible). Et en effet l'un des rôles de El Camino c'est de lui redonner un semblant d'espoir.

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CroqAnimement votre

Je trouvais que justement il avait un belle fin dans la série.
Il se libérait enfin de l'emprise de Walt qui avait amené un petit délinquant dans un trafic bien trop gros pour lui, qui l'a manipulé jusqu'à assassiner sa petite amie, qui l'avait poussé à commettre des actes (au moins un meurtre dans mon souvenir) qu'il n'aurait jamais fait autrement.
C'était certes pas un ange au début de la série mais Walt l'avait corrompu.

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You are a ghost driving a meat covered skeleton made from stardust riding a rock floating through space.
FEAR NOTHING

Que ce soit Jessie ou Skyler et ce dont ils sont capables, Walt a souvent bon dos quand même.

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Il tire quand même sacrément les ficelles. De désespéré prêt à tout pour assurer un avenir à sa famille, il glisse sans déplaisir vers baron de la drogue.
Pour moi son point de bascule est là : https://www.youtube.com/watch?v=RGEmFpitjYw

Jesse et Skyler sont pas des anges mais sans Walt, ils n'auraient pas dérapé comme ça.

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Son cri en bagnole est 1000 fois plus fort que la fin d'El Camino.

Houlà, oui. Je me souviens du premier visionnage, j'avais trouvé cette scène jubilatoire. Non pas parce que j' "appréciais" Walt ou "détestais" Jane, mais parce que je me sentais de plain-pied dans ce que je mentionne plus haut à savoir la pulpification progressive et de plus en plus palpable du personnage. Walt n'est finalement "réaliste" que dans certains moments des premiers épisodes de la première saison, ses scènes de couple, au travail, chez les médecins. Très vite il devient un anti-héros de (bon) roman de gare, au même titre que Mike, Gus ou Saul. Et cette scène-là est une étape significative de ce choix d'écriture, c'est un move de vigilante 80's qui déraille, écrit par un mec qui s'est lancé le défi de créer un salaud meurtrier mais inepte avec les armes.

Tandis que Jessie reste tout long un personnage beaucoup plus réaliste de jeune paumé, dépassé et sous emprise bien plus capable du pire que du meilleur. On sent dans l'écriture l'influence de témoignages, documentaires et expériences concrètes auprès de ce public-là. C'est pas du tout le même registre d'écriture. Sauf dans El Camino.

Skyler c'est pareil, même si elle se pulpifie par la suite pour des raisons scénaristiques dès qu'elle passe en mode complice. Mais par exemple les tous premiers épisodes on découvre une épouse écrasante, satisfaite et rassurée du déclassement dramatique et de l'effacement résigné de son mari, dans le contrôle et l'infantilisation (la branlette sans tendresse, la veste horrible qu'elle lui fait porter au pot du couple d'amis milliardaires, les flashbacks avec Walt épanoui professionnelement et plein de bagou et elle sous le charme qui suit le mouvement comparés à leur présent où il est humilié de A à Z et elle rayonnante etc.), et ça sonne terriblement juste, ça sent le vécu de ouf. Des bijoux de misogynie d'autant plus drôle qu'elle est sûrement involontaire.

La réussite de Breaking Bad c'est vraiment ça à mes yeux : la cohabitation habile et constante entre délires de serials excessifs et du réalisme acerbe et minable tout en retenue. Avec une fin étirée et un peu molle, soit.

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