Forum de FilmDeCulte

X se déroule dans les années 1970 et suit l'équipe de tournage d'un film pornographique qui se rend au Texas afin de tourner dans la propriété d'un couple de personnes âgées et se retrouve à être la cible d'un massacre.

Quelques spoilers au devant, attention.

Pas vu d'autres films de Ti West, impossible donc de resituer dans le contexte.

En revanche niveau horreur de chez A24, j'ai déjà vu vu The Witch, It Comes at Night, Hereditary, Midsommar et The Lighthouse. Je sais pas pourquoi j'insiste, mais bon... On est là donc autant y aller.

Parce qu'on est dans le même registre, c'est à dire dans une obsession faite film du contre-pied vis à vis de formules déjà établies (trucs bizarres dans les bois, satanistes qui s'en prennent à une famille, folie en plein huis-clos, culte païen chelou etc.). La formule ici est dans le pitch, tout le monde l'aura reconnue. La plupart des critiques ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, citant pour la comparaison Massacre à la tronçonneuse ou encore Psychose.

En matière d'horreur, A24 table beaucoup sur une contre-recette à base de déjouement des attentes, de la surprise et de ses effets, menant à une "déconstruction" formelle des effets horrifiques à base de rythme idiosyncratique, tout en étirement des séquences et en hors-champs... Et depuis The Witch, je trouve ça balourd et pédant, mais surtout profondément inefficace, sauf pour créer un vague malaise dépourvu de nuance ou de portée. Des films monochromes. Un pur truc de poseur.

Avec X, la contre-recette devient recette à part entière : plus rien des éléments de "déconstruction" ne fait son oeuvre, tout ça est attendu (et arrive) au même titre que les poncifs tant redoutés, finalement inévitables. Et quand ces poncifs débarquent avec leurs gros sabots, c'est avec la ringardise de mise. Tout y est, à commencer par le pré-requis suprême : les personnages qui se mettent à se comporter comme des débiles, rien que pour que ça avance. Que ce soit niveau recette ou contre-recette, on arrive donc très rapidement aux limites de ce que le film a à dire et à montrer en termes d'horreur.

Pour ce qui est du reste, les années 70 sont bien rendues, sans excès, avec même quelques petits effets style zooms arrières, assez clairsemés pour rester cools. Costumes, maquillages, éclairages en extérieur, tout est très travaillé.

Le côté tournage de film porno donne lieu en surface à des jeux de mots et des gags visuels faciles et éculés (bien que certainement ironiques), mais sert aussi de pretexte au déclenchement de l'antagonsime de la part du couple de vieux, avec toute leur pseudo-ambiguité sur leur statut vampirique, autour du regret de la jeunesse perdue. Pas sûr non plus qu'en 2022 ces parallèles grossiers au possible comme on y a droit entre discours sur l'émancipation fun et émission de télé évangélique ultra-conservatrice soit pertinents, ni même honnêtes, même en prenant les 70's comme prétexte. D'autant plus que ce simplisme n'était même pas le vrai coeur de la question à l'époque, le southern baptism n'ayant jamais été un frein à l'essor de la pornographie, car tout simplement pas à armes égales.

Un peu comme avec The Witch, dans lequel finalement les puritains avaient raison sur toute la ligne, l'enrobage thématique de l'horreur autour de l'envie envers la jeunesse et ses plaisirs et vanités se retrouve évidé, entièrement déjoué, par le fait qu'il s'agit d'acteurs maquillés et non de vrais vieux (et le côté double avec l'actrice principale n'est qu'une sale pirouette). Non pas que je sois fanatique de la représentation juste à tout prix, mais en l'occruence, par cet artifice qui se croit malin, qui sert d'écho au "we turn folks on, and that scares them" d'une des actrices du film dans le film, X dévoile ainsi son meta-theme si je puis dire, le vrai, et à ses dépends : la vieillesse dérange beaucoup plus, fait beaucoup plus peur que le porno.

_________________
Looks like meat's back on the menu, boys!

J'ai à peine aperçu ton texte (à cause des spoilers).
Ti West c'est très inégal mais je te recommande The sacrament, film sur le suicide collectif d'une secte dans la forêt amazonienne. J'avais vu ses segments de films d'horreur collectifs, qui ne m'ont pas laissé trop de souvenirs, et Cabin Fever 2 qui est mauvais. Par contre, je viens de voir qu'il a tourné en 2016 un western avec Ethan Hawke et Travolta. Je suis curieux de voir si il confirme les promesses de The sacrament.

Je lis pas, j'ai prévu de le mater.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

Je viens de le choper, A24 mérite que ça de toute façon.

_________________
CroqAnimement votre

Cette pratique ne t'honore pas...

_________________
Looks like meat's back on the menu, boys!

Lol

_________________
CroqAnimement votre

Je n'ai pas vu X mais je trouve que la frontière entre "contre-pied vis à vis de la formule" et "formule" est de plus en plus mince dans ces films A24 qui prétendent dire quelque chose sur le genre. Je trouve que ça trahit quand même un certain manque d'idée.
Qui a encore envie de voir une famille jouer au Ouija de nos jours?
Il faudrait que je revois Hereditary parce que je pense etre passe à côté, mais j'avais trouvé ça complètement lourdingue tant tout était "codifié".

Hâte de le voir. Le concept me fait attendre quelque chose alors j'espère que X va me le donner.

_________________

Müller a tout dit.

La promesse du film est éminemment lisible et presque attendue: la fétichisation des années 70 avec leur ambiance poisseuse, leur frontière fragile et affriolante éros/tanathos, le spectre de Tobe Hooper, etc.
Pourtant, comme dit Müller, on est chez A24 donc le projet bifurque de façon inattendue... vers une autre forme d'attendu: l'horreur élégante et retenue, très à la mode ces dernières années.

Le film en fait semble osciller, ou être tiraillé, entre ces deux tendances, jamais très sûr de lui-même: c'est le genre de film avec un plan fixe élégiaque au drone qui offre un God's Eye View de la naïade qui se baigne et en même temps on voit un croco maousse qui s'approche ; une ambiance glauque et décadente en mode Southern Gothic côtoie un grand angle sur un clou géant qui dépasse du sol et sur lequel le héros s'apprête à marcher...

C'est jamais désagréable pour autant car le film a une certaine tenue dans la narration et, au lieu des simples hicks tueurs auxquels on s'attend, le film esquisse une promesse intéressante Mais ça ne m'a pas suffi pour rendre ça passionnant.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

Plutôt que de parler d'élégance, je parlerai plus de préciosité. Une posture plus affectée et poussive que je trouve profondément indésirable en tant que spectateur. Ca résume bien tous les films, à quelques degrés près, que j'ai cité plus haut.

_________________
Looks like meat's back on the menu, boys!

J'ai trouvé la mise en scène plutôt classe.

Sinon, faut pas être gérontophobe

Je l'ai maté d'un œil torve ce X et en effet Müller a tout dit, après c'est du Ti West, donc un cinéma très référentiel mais que je trouve creux, la réalisation est toujours correcte, j'en dirais pas autant des situations et des dialogues. Le vrai scandale c'est qu'on ne voit même pas les seins de Jenna Ortega dans ce flim soit disant X, comme vous disiez souvent sur ce forum devenu "woke" ... Ouais Tobe Hooper, Massacre et le Crocodile de la mort (faut se souvenir de son incroyable scène d'ouverture) mais en beaucoup moins bien quoi...

Chez A24 j'attends néanmoins le Men d'Alex Gardland comme le messie!

Premier Ti West pour moi aussi et on ne peut pas dire que je sois franchement impressionné. En effet c'est du classique vaguement revisité et qui se trouve une espèce de conscience dans son dernier acte autour de ce concept d'émancipation féminine un peu vaseux. Surtout j'y vois pas mal d'hypocrisie encore dans cette manière de parler du cinéma X complètement aux fraises avec ce jeune réal plein d'ambition qui filme les scènes de cul en cadrant les visages et dont le long-métrage est uniquement composé d'un acteur et deux actrices... On aura du gore mais on aura pas de cul, promesse non tenue. Sinon direct gêné par ces vieux mal maquillés (surtout le mec) auxquels j'ai jamais vraiment cru et par ce rythme indolent (la boucherie commence après une heure de film j'ai regardé) qui feint de s'intéresser à ses personnages mais s'avère juste relativement chiant.

La dernière partie est un peu plus sympa, on ose y aller dans le gore grotesque mi-comique, mi-horrifique mais au final j'ai pas du tout eu l'impression de voir une nouvelle "voix" de ce nouveau sous-genre de l'elevated horror, contrairement à un Ari Aster ou Robert Eggers. Au contraire même, j'ai le sentiment d'un énième petit malin (peut-être un peu plus doué sur le pur point de vue de la mise en scène) qui veut nous refaire son Massacre à la tronçonneuse.

3/6

_________________
CroqAnimement votre

Chopé sur tes conseils. Le pitch à base de reportage Vice justifie le format found footage, mais je le trouve sous-exploité, surtout quand on est habitué à l'outrance des originaux, portés par ces mecs en mode neckbeard et casquette et leur côté bobo beauf hyper-enthousiaste de Brooklyn qui part en Afrique (celui sur les anciens combattants de la guerre civile au Libéria, très intéressant au demeurant, est représentatif de ce dont je parle). Là, les persos sont trop fades.

Le côté jungle, où c'est juste une poignée de bananiers et quelques palmiers plantés vite fait pour donner un côté éxotique à une forêt à l'évidence "de chez nous", bon... Heureusement qu'il y a Gene Jones pour jouer ce faux Jim Jones, ses scènes justifient tout le truc. Mais quand on est familier de l'histoire d'origine, une des plus horribles en matière de dérives sectaires, le film paraît très balisé, sans surprise, et un peu décevant par son manque d'ampleur dû au budget limité. Des moments de cruauté bien sévère, cela dit.

Bref, pas mal, mais on sent quand même des limites douloureuses qui ne sont pas dues qu'à de petits moyens. En tout cas beaucoup mieux que X.

_________________
Looks like meat's back on the menu, boys!

Bande d'incultes qui n'avez pas capté la ref.


Exercice de style singeant Massacre à la tronçonneuse en lui substituant un contexte frais (les jeunes viennent toujours pour baiser mais cette fois c'est "professionnellement") mais passe à côté du potentiel permis par la mise en abyme (y aurait pas de tournage, ce serait peu ou prou le même film).

Malgré l'apport d'une variation originale aux motivations des tueurs , ça reste un slasher soporifique et paresseux où tu vois venir les morts (pas inventives) à 500km.


Plouf.

_________________