Forum de FilmDeCulte

C'est juste une fixette de Karloff, qui semble ne pas digérer que le film ait été globalement positivement reçu.
Mais ça n'est pas la seule réalisatrice à avoir ses fervents détracteurs, je la rapprocherai du pool des foldingues Donzelli/Lvovski/Fillières qui sont loin de faire l'unanimité ici.

Oui, c'est plus pour le gag, disons que je m'interroge toujours quand je vois une telle différence entre la note des spectateurs sur Allociné (ici 2,4) et celle de la critique (3,7).

Je comprends que le film décontenance ceci-dit, il échappe tellement au côté "formulaïque" de la comédie française malgré son pitch. La scène du ventre qui gonfle en direct beaucoup vont sans doute trouver ça grotesque et ridicule (alors que j'ai trouvé ça assez brillant dans cette manière de nous faire ressentir l'étrangeté de la grossesse).

_________________
CroqAnimement votre

J'ai trouvé ça complètement nul le ventre, oui. Faut arrêter par contre avec le film est si original que seuls les cinéphiles peuvent apprécier par pitié.

C'est pas ce que je dis, je dis que le film échappe à la formule et que c'est ce qui peut expliquer son relatif échec en salles (encore qu'il a quand même fait 130 000 entrées) et sa réception un peu glaciale (en plus de l'incompréhension sur la côté mec qui impose une grossesse à sa femme).

_________________
CroqAnimement votre

Je trouve les deux personnages tellement peu sympathiques... Et l'aspect documentaire tant vanté, je comprends la démarche - enfin comme je l'ai déjà écrit quand tu vois des films philippins, tu t'habitues aux accouchements en direct live -, mais qu'est-ce qu'on en a à faire ? C'est vraiment de la lettre d'intention filmée je trouve.

Pour moi ça fonctionne, c'est le perso de Marina Foïs qui est un peu abusé (quand elle croit qu'on accouche sur commande elle passe pour une débile) mais globalement je trouve que le film a un vrai ton à lui. Et ma femme qui n'est pas à proprement parler "cinéphile" et qui l'a vu avec moi a beaucoup aimé aussi ce qui m'a plutôt surpris en fait.

_________________
CroqAnimement votre

Ma femme a encore plus détesté que moi... J'aime assez le numéro de Cohen (mais il fait toujours le même personnage de film en film), mais oui Marina Foïs, je ne la supporte pas (dans ce film et en général je bloque assez surtout qu'elle avait été extrêmement désagréable en interview).

- Cohen est insupportable par moments (quand il part dans les aigus parce qu'elle a bu un verre de vin) et se répète de film en film
- Les personnages sont hyper caricaturaux (Cohen qui en fait dix fois trop, Foïs déconnectée)
- Tout le process de la grossesse, franchement, on le connais depuis 25 ans et Neuf mois
- Certains gags sont vraiment nazes, Le tout étant assez grossier finalement

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Allez, balance!

C'est pour ce genre d'analyse que j'apprécie la lecture des critiques de ce forum. Avec toujours cette réaction de bon sang mais c'est bien sûr dans cette faculté de traduire aussi "aisément" tout ce qu'on se prend en visionnant un film.

clairement non, faut pas mélanger les torchons et les serviettes. Si je devais la rapprocher de qqun ça serait de Salvadori, dans le sens où ce sont à mon avis les deux meilleurs cinéastes comiques français et loin loin devant tous les autres car ils assurent et ont des idées en même temps sur la mise en scène, les corps burlesques, l'écriture du dialogue, le son, le choix et de la direction d'acteurs...

Letourneur c'est pas du tout un cinéma de "foldingue", tout est je pense très maîtrisé derrière l'apparent délire même s'il y a de l'impro. C'est justement là aussi qu'on voit la qualité d'un cinéaste comique dans ce paradoxe, dans la capacité à maîtriser totalement et méthodiquement derrière la caméra l'"anarchie" apparente de ce que nous voyons à l'écran en tant que spectateurs. Le contre-exemple c'est le cinéma paresseux et chiasseux de Lvovski.

Pas la même génération que Lvovski. En son temps La Vie ne me fait pas peur fut important et anticipait sur les modes de production actuels (même si etre à la fois film et série cela remonte à Bergman). Letourneur a peut-être la carte car elle est finalement plus conservatrice par rapport à la forme "cinéma"...
Il ya des echos d'Eustache dans me Vie au Ranch, mais des écho seulement (le personnage central renonce à la fois au groupe et au récit pour rejoindre le "réel", qui est aussi caricaturalement générationnel que la fiction.

_________________
Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.

Jean-Paul Sartre

Film assez malin parce que son inversion apparente des rôles dissimule en fait une description de problèmes classiques entre sexes et s'inscrit dans un mouvement de société: la dénonciation de la tendance patriarcale des hommes à vouloir tout prendre en charge. L'ironie étant ici que le patriarcat va jusqu'à vouloir préempter le seul lieu de pouvoir absolu des femmes sur les hommes, l'utérus. D'ailleurs le personnage de Cohen (bien casté, au contraire d'une Marina Foïs qui ne fait pas du tout pianiste professionnelle) maugrée en acquiesçant quand on lui fait remarquer que les femmes ont le privilège de pouvoir enfanter.

Je regrette pourtant l'insistance à sombrer dans le grotesque au milieu du film alors que Letourneur montre à d'autres moments quelque talent à naviguer entre les tons. Cohen est bien trop prompt à patauger dans la vulgarité absurde pour lui tendre la perche (d'ailleurs sa perche à lui, on la voit plusieurs fois! C'est un accessoire ou bien vraiment la sienne? Pour une fois on en voit plus chez l'homme que la femme...)

Heureusement le dernier quart retombe sur ses pattes avec une belle scène d'accouchement (le coup du téléphone pour prendre le bébé dès la sortie du ventre est un des "gags" bien maîtrisés et pas lourdingue) et un beau et sobre montage parallèle pour conclure. Il faut dire que montrer un nourrisson s'éveiller à la vie sur fond de ce magnifique mouvement lent du concerto de Ravel, ça ne peut pas vraiment rater...