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MessagePosté: 26 Juil 2020, 22:27 
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Je n'ai pas trouvé de thread sur le fim ...

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J’ai plus aimé celui là que Hiroshima mon Amour je crois (les seuls deux Resnais que j’ai vu il me semble). L’abstraction permet à cette histoire d’amour là d'être plus universelle, et qui du coup rend le film moins monolithique et plus facile à digérer, en tout cas en ce qui me concerne.

Il y a quand même un ventre mou, une fois que l’on a compris le principe et avant que le rêve ne dérive en cauchemar. Pendant bien 20 minutes au milieu je me suis demandé si ca n’allait que se répéter jusqu'à la fin.
Le film a aussi quand même mal vieilli sur certains aspects, notamment la théâtralité des poses, certaines déclamations un peu artificielles (surtout pendant les passages mondains là) ou même finalement les tricks à la Magritte un peu désuets (d’ailleurs après avoir rattrapé Orphée récemment, je me suis dit que tout ça à bien dû faire bander Michel Gondry).

Mais le film est terriblement envoûtant, plus radical et proche de ses copycats contemporains (Lynch, WKW) que de Vertigo par exemple. Il n’y a pas ici de dispositif ou de twist qui forcent un retour sur terre, ou au présent, pour créer un contraste. On ne quitte jamais la rêverie et ce décor abstrait. Cette idée profondément mélancolique ne s’incarne jamais aussi bien que dans ce dénouement fantomatique, qui serait un happy end si seulement on ne se demandait si tout ça est bien réel?
Le fantastique fonctionne à plein régime tout du long.

Le film est aussi rempli à ras bord de raccords incroyables, de mouvements de caméra ou de cadrages saisissants. Evidemment il y a une tendance à trop s'efforcer à être arty, mais au final la mise en scène est tellement généreuse et élégante que ça force au respect.

Sinon je me demande si c’est à cause de l’édition en dvd/bluray de Criterion que le film semble être redevenu à la mode, pour les critiques anglophones en tout cas. Parce que pour le coup ces mêmes critiques ne parlent presque pas de ses autres films.

Je suis vraiment curieux de voir Je t’aime, je t’aime du coup..


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MessagePosté: 27 Juil 2020, 15:48 
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Je me souviens que dans les années 90, Blur avait parodié le film dans un (amusant) clip sur un titre où chantait Françoise Hardy ("To the end"), cela contribue peut-être à son statut de film d'auteur archétypal (confondu avec l'esthétique la Nouvelle Vague) dans le monde anglo- saxon.

D'une manière générale j'aime bien les Resnais de cette époque, plutôt Hiroshima, Muriel et La guerre et Finie que je T'aime je t'aime qui est déjà une seconde manière dans son cinéma, plus rpmanesque. Les films avaint provoqués un agacement d'une partie de la critique de gauche (disons qu'on lui reprochait une récupération à la fois intellectualisante et commerciale du gauchisme), mais les films sont quand-mêmes un discours esthétiques et politique particulèrement bien structurés. Ils incarnent aussi bien une sorte de dialectique entre "humanisme" et "antihumanisme" (comme rupture-dépassement de l'idéologie) qui structurait l'époque et était plus féconde politiquement que notre présent. Ce sont vraiment des films qui parviennent à faire comprendre leur époque, du fait de leur abstraction apparente.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
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MessagePosté: 27 Juil 2020, 16:30 
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Je t'aime je t'aime est assez lassant. Marker fait 100 fois plus fort en peu de temps avec La jetée.


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MessagePosté: 27 Juil 2020, 17:09 
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C'est quand-même un film intéressant. L'auteur adapté, Jacques Sternberg, a quand-même un univers spécifique (à la base proche de Panique et de Topor) dont l'oeuvre écrite entretient délibéremment une forme de lassitude et un aspect déceptif (qui introduit du tragique dans une forme apparemment mordante et mineure). Et Bruxelles est bien filmée (j'ai vécu l'expérience troublante de voir ce film dans un couple qui ne marche pas bien lui-même à Bruxelles, et de sortir du cinéma en prenant les mêmes lignes de tram que les personnages).

Avant de voir le film où elle aparraît cmme un monolithe kubrickien qui bouche le monde extérieur, je ne faisais pas attention à l'Eglise de la Trinité qui est dans mon quartier (et dont la façade a été trimballée d'un coin de Bruxelles à l'autre à la fin du XIXème, ce qui rappelle un peu la situation du film).

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MessagePosté: 28 Juil 2020, 12:57 
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I remember that in the 90s, Blur parodied the film in a (funny) clip on a song where Françoise Hardy sang ("To the end"), this perhaps contributes to its status as an archetypal author film ( confused with the New Wave aesthetic) in the Anglo-Saxon world.

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MessagePosté: 28 Juil 2020, 19:50 
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Je me demandais justement comment ca se disait en anglais...

Vieux-Gontrand a écrit:
Les films avaint provoqués un agacement d'une partie de la critique de gauche (disons qu'on lui reprochait une récupération à la fois intellectualisante et commerciale du gauchisme)

J'ai pas mal à rattraper sur le cinema francais de cette période, mais ne serait pas juste l'esthétisation du film (à outrance?) qui énervait les critiques de la nouvelle vague? Parce que je ne vois pas vraiment en quoi le film est politiquement de gauche, ou même simplement politique?
On est vraiment dans du romanesque là, à l'inverse peut être de Hiroshima mon amour.
Cantal a écrit:
Je t'aime je t'aime est assez lassant. Marker fait 100 fois plus fort en peu de temps avec La jetée.

Tiens j'ai le bluray criterion de La Jetée/Sans Soleil qui prends la poussiere et qu'il faudrait que je ressorte.
On sent l'ambition d'atteindre une certaine forme de story-telling purement visuelle, de se reposer plus lourdement sur la mise en scène, chez les deux réalisateurs (pendant cette période en tout cas), qui me rends vraiment curieux en tout cas.


Dernière édition par flatclem le 31 Juil 2020, 00:38, édité 1 fois.

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MessagePosté: 28 Juil 2020, 20:07 
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C'est surtout la Guerre est Finie et Muriel qui ont un "grand" sujet (il n'est pas anodin que Montand joue le rôle d'un communiste ben crise après l'Algérie et Budapest, pendant Franco mais avant mai 68). Je sais que Resnais énervait les Situationnistes (peut-etre parce qu'il a malgré tout un rapport de légitimation extérieure sur les luttes qu'il filme).
Sinon le Nouveau Roman est quand-même un courant de gauche (peut-être plutôt Butor et Duras que Robbe-Grillet certes). On peut trouver une parenté à cette égard entre Marienbad et les films ultérieurs de Duras (une impuissance à habiter à la fois les lieux de la richesses et la langue, peut-être aussi un jeu sur l'opposition marxiste entre valeur d'usage et valeur d'échange : la référence de la langue au réel est pensée comme une forme de rareté économique qui doit malgré faire l'objet d'un partage).

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MessagePosté: 28 Juil 2020, 20:24 
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Cf cet article ambivalent de l'IS
http://debordiana.chez.com/francais/is3.htm#cinema
(Ce qui est bien chez Resnais serait la mort du cinéma comme art en général comme inconscient de l'œuvre particulière. C'est par là seul que le film échappe à la lourdeur des intentions).

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MessagePosté: 31 Juil 2020, 00:44 
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C'est pas que c'est pas intéressant mais au final ca ne parle pas beaucoup du film. Et d'une manière générale je préfère découvrir ces films sans le bruit ambiant de la critique de cette époque (rapidement indigeste quand même).


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MessagePosté: 31 Juil 2020, 07:53 
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C'est assez propre aux situationnistes qui pensent beaucoup en terme de culture collective voire de civilisation, au détriment de l'intérêt pour la singularité de l'œuvre (c'est finalement la raison de leur conflit avec les Lettristes). Mais, paradoxalement ils sont moins hostile au cinéma que la critique plus installée d'un Barthes (qui considérait fort sévèrement que Robbe Grillet sortait de la pureté ascétique du Nouveau Roman avec Marienbad, et dézingue fréquemment mais fort brillamment des films dans ses textes).
Mais l'excès inverse est aussi négatif : ces films s'inscrivent quand-même dans leur époque et s'intègrent consciemment dans une tendance. Et la critique de l'époque privilégiait la reconnaissance des idéologies dans l'oeuvre à l'identification aux personnages comme aujourd'hui, ce qui est à mon sens quand-même plus riche. Une critique de l'époque qui se serait identifiée au personnage aurait été à côté de la plaque.
Butor n'a plus écrit de roman et a basculé soit dans la critique soit dans la poésie après avoir écrit le Modification qui repose justement de façon centrale sur l'identification du lecteur au personnage (qui d'une certaine façon est là-aussi, mais de façon délibérée la négation d'une idéologie : on peut le lire comme le roman allégorique d'un homme qui renonce au fascisme, en même temps qu'à la possibilité de la répétition existentielle au sens de Kierkegaard, de sorte que les rêves apparemment baroques et foisonnants du personnage, en prise directe avec la Rome païenne, sont justement non symboliques et révèlent l'idéologie politique rendue à une nudité qui la rend incompréhensible et mortellement efficace : soit elle explique soit elle est expliquée).

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