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 Sujet du message: Coeurs (Alain Resnais - 2006)
MessagePosté: 22 Nov 2006, 20:47 
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Matou miteux
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Gniiih

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Thierry, agent immobilier, se donne beaucoup de mal pour trouver un appartement à Nicole et Dan, un couple de clients difficiles.
A l'agence, Charlotte, sa collaboratrice, lui prête la cassette d'une émission qu'elle adore, un programme de variétés religieuses dont la vision troublera fortement Thierry.
La soeur cadette de Thierry, Gaëlle, recherche secrètement l'amour, allant même jusqu'à recourir aux petites annonces.
Dan, militaire de carrière expulsé de l'armée, passe ses journées dans le bar d'un hôtel où il confie ses mésaventures à Lionel, le barman.


Il est de bon ton de parler de jeunesse éternelle pour les cinéastes qui ont le même âge que le grand schtroumpf et sont à deux doigts du cimetière, ce qui marche peut-être avec Imamura quand il fait De l'eau tiède sous un pont rouge mais bon, généralement, c'est plutôt de la politesse et de la formule prête à décongeler. Et c'est vraiment le cas pour Resnais tant son Pas sur la bouche et maintenant son Coeurs puent la vieillesse et la mort.

L'écriture des personnages est totalement désinvolte (Arditi? Dussolier? Sabine Azéma???), le tout parsemé de quiproquos poussiéreux et aphorismes fatigués mal balancés par les acteurs (Wilson et surtout l'insupportable Morante en tête), avec un putain de pouvoir soporifique à puissance de cheval, parachevé par une fin en queue de cachalot. Tout ça, pour rien, une mécanique artificielle qui tourne totalement à vide. Alors oui, la lumière est vraiment super super jolie, mais j'ai l'impression de visiter pendant ces interminables 2h05 le pavillon témoin d'un cinéma français qui m'assomme, exclusivement réservé à des vieilles biques vuittonisées. Et c'est d'un plombant en plus.

1-2/6

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MessagePosté: 22 Nov 2006, 23:27 
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paaaaaaaaas d'accooooooooord! :twisted:

bon, c'est clair, le scénar' est décevant, surtout quand ons ait que c'est le même dramaturge qui était derrière le génial Somking/No Smoking. Et j'avoue que j'ai eu un peut peur dans les premières minutes.

Et puis, progressivement, quelque chose a fait que la petite musique s'est mise en place. Ca tient aux acteurs, d'abord, qui sont magnifiques de bout en bout (Sabine Azéma, c'est pas croyable, plus les années passent, plus je suis amoureux de vous) (pour Morante, je la trouve au contraire très forte dans un rôle franchement difficile, où il ne semble pas y avoir grand chose d'agréable à jouer... c'est plus son personnage qui est faible...).

Mais ça tient surtout à la mise en scène, qui est d'une élégance et d'une délicatesse qui impressionne et en même temps désarme, parce qu'elle semble toujours couler de source. Il y a dans les mouvements d'appareil une sorte de grâce teintée de désinvolture, comme si filmer aussi finement n'était qu'une promenade de détente... alors que putain, si la moitié des films qui sortent étaient à ce point maîtrisés au niveau de la mise en scène, on saurait vraiment plus où donner de la tête...

Ca m'a fait penser au dernier Chabrol (et tant pis pour ceux qui n'aiment pas L'ivresse du pouvoir), ses inserts étonnants, ses gros plans surgissant soudainement, qui devraient casser le mouvement et en fait l'accompagnent. Avec en plus cette modeste fantaisie imagière
(la neige dans l'appartement à la fin... superbe et pourtant tout simple)
et cette capacité qu'a Resnais de sembler faire du théâtre, quand en fait il fait absolument du cinéma. Malgré le principe très huis-clos de toutes les scènes, le découpage est incroyablement dynamique et Resnais sait se réserver des cartouches pour la suite, en installant dans le décor parois, rideaux, fenêtres sur l'extérieur, embrasures de porte...
Cf. ce dernier plan dans l'agence immobilière, où l'on voit les deux bureaux de dos -- angle de vue inédit jusqu'à présent et qui marque le changement opéré dans la relation entre les deux persos (jusqu'à présent, on tournait autour de la cloison transparente, on tentait de pénétrer l'espace de l'autre... et finalement, on découvre que les deux espaces sont les mêmes, mais alors la séparation est définitivement marquée, il n'y a plus de contournement possible... enfin j'me comprends).


Le cadre, la photo (Eric Gautier... tu déchires), la lumière (à tomber, avec des ambiances et des couleurs superbes), la déco et les costumes (comme souvent avec Resnais)... Resnais vole allègrement au-dessus de tout le monde, avec une aisance, une intelligence et une modestie qui forcent le respect.

C'est vraiment con que le scénar' ne décolle jamais vraiment... En tout cas, moi qui n'étais pas du tout entré dans Pas sur la bouche, me voici réconcilié avec Resnais.

4/6

ps: j'ai pas vu les deux heures cinq passer et quand j'ai découvert la durée dans le message de Bliss... bah j'en revenais pas!

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MessagePosté: 23 Nov 2006, 01:03 
J'adore Pas sur la bouche... Mais j'suis un gros vendu à Resnais de toute façon.


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MessagePosté: 23 Nov 2006, 13:06 
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Zad a écrit:
paaaaaaaaas d'accooooooooord! :twisted:

bon, c'est clair, le scénar' est décevant, surtout quand ons ait que c'est le même dramaturge qui était derrière le génial Somking/No Smoking. Et j'avoue que j'ai eu un peut peur dans les premières minutes.

Et puis, progressivement, quelque chose a fait que la petite musique s'est mise en place. Ca tient aux acteurs, d'abord, qui sont magnifiques de bout en bout (Sabine Azéma, c'est pas croyable, plus les années passent, plus je suis amoureux de vous)


juste pour dire que sabine azéma je l'ai vu à la gare de Rennes il y a 2-3 ans, et elle est aussi desséchée qu'un pruneau.
C'est bien simple, on dirait une momie égyptienne.
Mais à chaque fois que je la vois à la télé ou dans un film on dirait qu'elle fait 20 ans de moins, sa peau a l'air velouté et tout...Je peux vous dire que les maquilleurs font du travail d'orfèvre !

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« Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » (Kenneth E. Boulding)


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MessagePosté: 23 Nov 2006, 13:13 
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Canard_WC a écrit:
Mais à chaque fois que je la vois à la télé ou dans un film on dirait qu'elle fait 20 ans de moins, sa peau a l'air velouté et tout...Je peux vous dire que les maquilleurs font du travail d'orfèvre !

Alors imagine la vraie tête de Brigitte Fontaine !

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Netflix les gars, Netflix.


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MessagePosté: 23 Nov 2006, 13:25 
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Le Cow-boy a écrit:
Alors imagine la vraie tête de Brigitte Fontaine !


LOL!


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MessagePosté: 23 Nov 2006, 18:47 
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Departed
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Alors elle s'est peut-être fait lifter...
J'ai discuté avec elle et Alain il n'y a pas 2 ans, et elle était vraiment on ne peut plus fraîche. Lui, en revanche commence à bien accuser son âge, mais c'est un homme plutôt pétillant, qui se tient très au fait de tout ce qui sort en ciné/DVD/BD et qui a une mémoire de killa'.

PS: et son film préféré c'est
"Les Aventurieres de l'Arche Perdue".


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MessagePosté: 23 Nov 2006, 19:33 
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Alors moi je serais entre Bliss et Zad.
De gros défauts :
- Lambert Wilson joue le mec bourré comme moi un bourreau nazi.
- Laura Morante est insupportable tellement son personnage est monocouche dans l'agacement hystérique.
- Sabine Azéma fait de l'Azéma : 50 % qui fonctionnent, 50 % qui agacent. Avec un personnage super bizarrement écrit qui ne provoque pas de malaise mais diffuse juste un certain embarras.
- Dussolier est bon mais n'a pas grand-chose à faire, il est un peu en roue libre.
- Un scénario léger-léger, qui ne pétille jamais, qui ne s'envole jamais, et qui ne trouve aucune conclusion, même partielle, même flottante.

Mais après il reste quelque chose qui fait que, non, je ne me sens pas complètement devant un objet "réservé à de vieilles biques vuitonnisées". (C'est pas les Invasions Barbares quoi.)
Isabelle Carré est vraiment bien (à part quelques lignes de dialogues pas toujours heureuses, et sa scène "bourrée"). Il y a une certaine grâce triste dans son personnage, et un peu dans celui d'Arditi (qui est un peu monobloc aussi pourtant).
Et puis surtout, il y a la mise en scène, au sens théâtral du terme comme le dit Zad. Les éclairages "douche" à la fin, les promenades au-dessus des appartements en studio, tout le côté studio d'ailleurs, il y a là vraiment quelque chose de spécial, entre théâtre et cinéma, qui est assez propre à Resnais et qui personnellement me fascine. Je trouve qu'il sait choisir et filmer ses décors d'une manière assez incroyable. Tout ça, plus cette musique étrange, ça fait un film qui dans le fond ne me convainc pas, mais pour ce qui est de la forme, ça me laisse des traces, je crois. Des images.

Voilà, ce sera probablement
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Evoluant possiblement en 4 selon le vieillissement.

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MessagePosté: 25 Nov 2006, 00:45 
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Je serai comme Zad sur cette affaire (et à mon grand étonnement, pensant assister à une séance soporifique).

C'est vrai que le scénario est finalement assez décevant, dans le sens ou en effet ça ne "décolle" vraiment jamais (même si il y a quelques scènes prodigieusement écrites). Mais les personnages sont tout de même bien là et y'a une richesse du propos qui est tout de même assez rare. Mais ce qui frappe, c'est cette inventivité visuelle. C'est tout de même fou que ce soit un type de 84 ans qui soit derrière cette caméra! Le mec il dame le pion à tout le monde sur ce coup là. Ca commence en effet bizarrement, et la mécanique se met en place, et finalement tout le film coule de source (les 2h passent en un clin d'oeil). Des drapés, des guirlandes, des lumières, des travellings d'une élégance rare, des musiques... On est constamment dans un halo d'un coté très réconfortant, de l'autre particulièrement effrayant (l'ambiance neigeuse joue là dessus aussi). Tout ça est d'une finesse très très classe (en effet, la scène de la neige, c'est assez magique).

Du coté des acteurs, Sabine Azema est assez stupéfiante, Pierre Arditi et Dussolier sont nickels. Carré a un rôle plus en retrait. Mais Morante, faut qu'elle arrête les roles de pleureuse, ça devient simplement relou (la Chambre du Fils, Fauteuils d'orchestre et maintenant ça... C'est Sarah Bernard cette nana!)

Donc voila. Excellente surprise perso.


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MessagePosté: 25 Nov 2006, 00:50 
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et ouais... j'ai plein d'images qui m'accompagnent encore, là...

je reviens aux étrangetés... Un gros plan étonnant ici, un pano égaré au plafond, musique "magique" comprise, un survol aérien d'un 13è arrondissement de carton-pâte, des douches de lumière, une neige qui s'infiltre, qui fond dans les fondus...

Si j'osais: il y a du Ruiz dans le nouveau Resnais! (j'ai pensé à Klimt et sa pluie d'or, d'ailleurs)

dommage que Ribes soit aussi mou du genou dans l'écriture...

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MessagePosté: 29 Nov 2006, 20:05 
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Localisation: in the forest of the Iroquois
Zad a écrit:
et ouais... j'ai plein d'images qui m'accompagnent encore, là...

je reviens aux étrangetés... Un gros plan étonnant ici, un pano égaré au plafond, musique "magique" comprise, un survol aérien d'un 13è arrondissement de carton-pâte, des douches de lumière, une neige qui s'infiltre, qui fond dans les fondus...

Si j'osais: il y a du Ruiz dans le nouveau Resnais! (j'ai pensé à Klimt et sa pluie d'or, d'ailleurs)

dommage que Ribes soit aussi mou du genou dans l'écriture...


Bon allez là, faut que les gens y aillent. Le film vieillit incroyablement bien. On tient le film français de l'année je pense là les gens. Et probablement la meilleure mise en scène toutes catégories confondues.


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MessagePosté: 12 Déc 2006, 23:19 
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Resnais se revisite ici , mais même dans ce cas là le film arrive à rester passionnant, singulier, etrange... Du mal être jusqu'au franc malaise chez le spectateur, j'ai même trouvé ça particulièrement éprouvant parfois. L'artifice des décors, de la théatralité, du style BD et quelque chose d'extrèmement glauque derrière, à l'instar des K7 que se regarde Dussolier ou les hors champs terrifiant de Claude Rich. Un film encore une fois très riche dans sa manière de jongler avec ses différentes couches de représentables. Généralement les fausses idées, les anticipations sur un vaudeville classique se démentent: on croit comprendre les personnages, les trouver caricaturaux et Resnais nous emmène vers d'autres chemins. Lambert Wilson et Laura Morante, irritants au possible au départ deviennent ainsi profondément émouvant...


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MessagePosté: 15 Déc 2006, 13:56 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Messages: 22745
Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Aïe... Une des déceptions de l'année pour moi. Comme quoi ça se commande pas, j'étais chaud potato!

Déçu surtout par le scénario. Autant ya des scènes bien écrites (les dialogues, surtout), autant on s'en tape un peu de tout ce petit monde... Certains moments sont touchants, par à-coups. Alors oui, visuellement c'est pas n'importe quoi (c'est Resnais, quand même). D'un côté il arrive à rendre des scènes "théâtrales" très cinématographiques, mais la plupart du temps je ne l'ai simplement pas "comprise". Et les fondus enneigés m'ont gavé. Inégalité aussi dans l'interprétation asse: j'aimais bien Arditi, Carré et Azéma. Et Dussollier. :) Par contre Wilson et Morante... Pffff...

Bref je m'y suis poliment fait chier, malgré quelques bons passages (la fin, notamment..).

2/6 :?

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 27 Juin 2007, 09:11 
Génial et sublime ! Voilà, c'est dit.

6/6


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MessagePosté: 28 Juin 2007, 13:04 
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Messages: 12731
Localisation: Actresses
Moi aussi j'ai adoré.
Une film qui m'a retourné ! une très grande mélancolie et une narration elliptique au service de celle ci. Des acteurs volontairement vieillissants qui ont rarement étaient aussi justes et touchants.
Un art du montage qui atteint la grâce (est il encore utile de le préciser en ce qui concerne Resnais?). La séquence de la fin avec la neige qui se matérialise dans l'appartement est d'une grande poésie qui incarne parfaitement bien cet art subtil du montage. L'objet symbolique de la mélancolie quitte l'interstice (le passage d'une séquence à une autre) pour devenir matière au moment où les sentiments se libèrent. Magique !!
Digne des grandes oeuvres surréalistes .

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