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MessagePosté: 15 Déc 2007, 20:42 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Je cherche à découvrir le Resnais de cet époque que je connais mal (à part Marienbad que j-adore) et ce film là n'était peut-être pas le meilleur choix. Histoire de retrouvailles entre un homme et une femme après vingt ans de séparation, le film vaut surtout pour la mise-en-scène et le montage de Resnais. Le début est assez brillant d'ailleurs dans la manière qu'il a de nous faire ressentir le trouble du personnage à travers un montage hystérique et un mouvement permanent. C'est très réussi. Ensuite tout s'enlise et le scénario, ses dialogues et la direction d'acteur trop nouvelle-vague (dialogues de sourds, banalités débités sur un ton ultra solennels...) finissent par faire sombrer le film dans le chichiteux et le poseur. D'autant que le montage de Resnais continue sur la lancée du début dans des jeux d'ellipses assez épuisantes où on a l'impression de voir une bande-annonce. A un certain moment je n'y ai plus vu aucun intérêt et j'ai fini par m'ennuyer.
Et le plus étrange c'est cette tentation qu'à le film d'aller vers un discours sur la guerre d'Algérie mais qui se retrouve recouvert des histoires d'amour gâchées des personnages alors que c'était probablement que résidait sa substantifique moëlle. Tout ce qui y a trait est très réussi (les images d'archives, le commentaire, le titre du film) et très fort mais malheureusement c'est perdu au milieu d'un espèce de vaudeville bourgeois glacial et mortifère.
3/6

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MessagePosté: 16 Déc 2007, 01:59 
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J'adore ce film, d'ailleurs tout ce que tu lui reproches joue en sa faveur selon moi. Et pourtant je m'étais emmerdé comme un rat mort devant Marienbad. De tous les Resnais que j'ai vu, c'est sans doute mon préféré.

Art Core a écrit:
Le début est assez brillant d'ailleurs dans la manière qu'il a de nous faire ressentir le trouble du personnage à travers un montage hystérique et un mouvement permanent. C'est très réussi. Ensuite tout s'enlise et le scénario, ses dialogues et la direction d'acteur trop nouvelle-vague (dialogues de sourds, banalités débités sur un ton ultra solennels...) finissent par faire sombrer le film dans le chichiteux et le poseur.


Je trouve ça génial (même si je vois AUCUNE analogie entre Resnais et la "nouvelle vague"). La virtuosité agréable du début laisse place à une morosité lourde, pensante, glauquissime, qui correspond génialement à cette époque (guerre d'Algérie, Boulogne reconstruite d'après guerre, etc. ) et aux personnages (sentiments enfouis, bourgeoisie étriquée, etc.) Après, c'est sûr, ça respire pas la joie de vivre...

Art Core a écrit:
D'autant que le montage de Resnais continue sur la lancée du début dans des jeux d'ellipses assez épuisantes où on a l'impression de voir une bande-annonce.


Pffff...

Art Core a écrit:
A un certain moment je n'y ai plus vu aucun intérêt et j'ai fini par m'ennuyer.


Après, je comprends qu'on trouve ça chiant, pyscho-rigide, trop théorique...

Art Core a écrit:
Et le plus étrange c'est cette tentation qu'à le film d'aller vers un discours sur la guerre d'Algérie mais qui se retrouve recouvert des histoires d'amour gâchées des personnages alors que c'était probablement que résidait sa substantifique moëlle. Tout ce qui y a trait est très réussi (les images d'archives, le commentaire, le titre du film) et très fort mais malheureusement c'est perdu au milieu d'un espèce de vaudeville bourgeois glacial et mortifère.


Je comprends, parce que c'est tellement français ça, de traiter de sujets très importants d'une façon détournée, cachée, à travers les désarrois de personnages qui ne vivent pas intensément la situation... Mais mais mais, dans ce film ça fonctionne du feu de dieu. Et c'est surtout un film sur l'incapacité de créer du lien, ou sur la disparition de ce lien, en tout cas sur la violence des rapports humains, qu'autre chose... et du coup la guerre d'Algérie devient une métaphore de cela, pas vraiment un "sujet" à part. A mon avis, la guerre est plus prétexte au scénario "vaudeville" que ce dernier n'est une métaphore du conflit.


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MessagePosté: 17 Déc 2007, 14:52 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Tu t'es fait chier devant Marienbad et pas celui là et moi c'est l'inverse, comme quoi...
Sinon bon je trouve tes arguments franchement intéressant et je suis même d'accord avec toi mais ça m'a irrité au lieu de m'interesser. C'est vrai que cette histoire de lien est au coeur du film. Aucun personnage n'arrive à se lier à un autre. Le souvenir semble tous les séparer. Ils ont comme une impossibilité à nier leur passé pour s'épanouir dans le présent.
Et c'est lié aussi au travail sur la mémoire et après coup c'est là que le montage de Resnais prend sens dans la tentative de retranscrire la mémoire et de lui donner de la matière. C'est séduisant sur le papier mais n'a pas suscité mon intérêt dans le film. Dommage j'aurais aimé aimer.

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MessagePosté: 28 Mai 2012, 00:55 
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Vu il y a quelques jours, et je ne suis toujours pas certain de ce que j'en pense.

Objectivement, c'est sans doute la meilleure fiction de Resnais. L'articulation la plus harmonieuse entre un récit ample et une approche résolument moderne, kaléidoscopique, qui vide le monde de sens quand les personnages semblent désespérément vouloir y en trouver un. Lorsque le vieux couple, pour la 36è fois en deux heures, passe d'un état euphorique à un pétage de plomb plein de rancœur, de l'impression d'un lien retrouvé à la certitude que le futur sera triste... j'ai presque l'impression de voir les personnages s'épuiser eux-même de ces allers-retours. Je les trouve tous de plus en plus dégradés, usés, comme se battant dans le vide contre un non-récit qui les maltraite, qui brise entre eux toute complicité, qui désespère toute ligne narrative ou toute évolution, qui les isole par la violence de son démantèlement .

Néanmoins je rentre difficilement dedans, peut-être parce que cette détresse des personnage face au chaos n'est pas assez observée, je crois. Le fils me touche beaucoup, justement parce que lui crève très visiblement de souffrance face aux tensions auxquelles il est soumis ; la jeune compagne du vieil homme aussi, peut-être, même si elle reste secondaire. Mais il me manque sans doute des scènes qui les fasse tous respirer un peu (comme la sortie sur la plage, tiens). Resnais reste un maestro quand il s'agit de dessiner le portrait d'une époque et de ce qui la définit, ici à travers ce décor puissant de ville entièrement reconstruite. Mais cette peinture finit par se faire un peu étouffante, notamment durant le repas final qui s'amuse un peu puérilement à l'attaque-petit-bourgeois, qui y tend tout du moins (là où, dans un Hiroshima, le contexte géographique et temporel enfantait des personnages qui pouvaient ensuite exister, grandir, dans un film qui leur laissait tout l'espace). La stérilité et le nihilisme propres à la Nouvelle Vague, dont j'ai pourtant toujours dissocié Resnais justement, ne semble parfois ici plus très loin.

Je trouve ça imposant, une sorte d’œuvre de la maturité de sa première période, je suis vraiment frappé par l'ampleur (malgré - à cause aussi - du sujet a priori tout petit) : c'est son Mépris à lui. Mais ça m'a laissé assez froid.


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MessagePosté: 28 Mai 2012, 07:32 
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Schtroumpf sodomite
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Tom a écrit:
La stérilité et le nihilisme propres à la Nouvelle Vague


Alors là je vois pas trop de quoi tu parles.
Sinon j'ai vu le film y'a quelques années : plus aucun souvenir, rien. Si ce n'est que je m'étais royalement fait chier.

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MessagePosté: 28 Mai 2012, 08:12 
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Tetsuo a écrit:
Alors là je vois pas trop de quoi tu parles.

C'est un vieux problème que j'ai avec la période : quelque soit le pays, je n'y aime quasiment rien (ou je bute en tout cas toujours tôt ou tard, à la vision, contre une impression de cinéma limité). Ce sont des films qui, jusqu'à leur esthétique, sont voués à mettre les règles en pièce, et qui généralement se satisfont du simple spectacle de cette mise à sac - sans que ce soit forcément mortifère, hein, ça peut prendre le visage d'une libération réjouissante, d'une curiosité toute neuve, mais le principe au fond reste le même.

Je considère qu'il y a une différence nette, par exemple, entre A bout de souffle / Une femme et une femme, et disons Le Mépris ; qu'il y a un gouffre entre les Quatre cent coups / Tirez sur le pianiste, et des films comme L'enfant sauvage... Je sais que les nouvelles vagues sont une part fondamentale et non négociable du cinéma moderne (et je leur reconnais sans conteste cette légitimité historique), mais j'ai l'impression que c'en est son état... "larvaire" ? Ce que la poussée d’acné est à l'adolescence, en somme. Et que ça n'a en tout cas ni la force, ni la portée du cinéma moderne qui va suivre.

Mais c'est sans doute un simple blocage perso (qui s'est jamais démenti depuis dix ans, cela dit).


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MessagePosté: 28 Mai 2012, 17:39 
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Inscription: 15 Juil 2009, 21:22
Messages: 7336
Difficile d'en parler mais je trouve ce film superbe. C'est peut-être mon Resnais préféré. J'adore les couleurs, Delphine Seyrig, ces réminiscences du passé, la façon dont Boulogne-sur-mer est filmée, ...
6/6


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