Forum de FilmDeCulte

Deuxième film de Jan Komasa que je regarde à quelques mois d'intervalles. C'est un nouveau portrait d'imposteur qui quand il sortira provoquera d'inévitables comparaisons avec Parasite (l'un des deux avis sur imdb le fait déjà et j'y ai évidemment pensé moi aussi à la vision du film). Haine et ressentiment vis-à-vis des ultra-riches y sont mis en scène mais Komasa et son scénariste y ajoutent un commentaire peut-être plus spécifique à l'Europe sur la montée de l'extrême-droite. La pulsion fasciste s'y voit justifiée de manière basique, les prolos qui forment les rangs de l'extrême-droite sont les idiots utiles d'une guerre qui oppose des élites déconnectées mais qui ne pensent pas forcément à mal - notamment quand elle organise de dispendieuses expositions à message philanthropique.
Bon en un mot, le film hume l'esprit du temps d'une manière qui m'a fait penser au Vernon Subutex de Virginie Despentes - boîtes de relations publiques qui sont des usines à trolls, qui rappellent le personnage de la Hyène, réseaux sociaux et déréalisation, terrorisme, guerres culturelles diverses et variées avec un épisode à la Piotr Pavlenski/Benjamin Griveaux - en fait, ce que je découvre à l'instant, le film a fait preuve d'une étrange prescience . Plus de truculence chez Despentes quand même.
Ici le film commence pas trop mal, mais avec toujours cet air un peu imbu de lui-même qu'il y avait dans La Communion, puis ça vire de plus en plus à l'histoire adolescente, transposée chez les adultes, comme si l'auteur voulait faire du Dostoïevski young adult : esprit du temps ? ((d'ailleurs le personnage principal ressemble à un membre de la famille Cullen dans son avant-dernière scène). Pour préciser ma pensée, le personnage principal de psychopathe est assez proche de celui de la série You, au fur et à mesure que le film avance sa haine de classe se cristallise autour d'une déception amoureuse. Ce qui arrive pourtant fréquemment dans la vie : actes de terrorisme ou haine incel témoignent d'une frustration sexuelle vécue comme insupportable qui se lient bien souvent avec une pensée d'extrême-droite. Donc je reproche au film de mettre en scène ça de manière trop sommaire, trop froide, trop cynique, trop littérale, alors qu'il s'offre pourtant de belles échappées oniriques mais qui n'ont rien de neuf dans des séquences de MMOG où le personnage principal rencontre

L'on notera que comme Parasite, le film se termine ce qui témoigne d'un singulier pessimisme de la part de ces réalisateurs et d'une absence de hauteur de vue. C'est confirmé au niveau de la mise en scène par la manière insupportable dont la scène est filmée avec une lenteur, un suspense de mauvais aloi alors qu'il n'est pas sûr en plus que le film ne nous ait pas totalement désintéressé à ce moment-là.

Pas plus convaincu que son précédent film. Il a bien un programme "théorique" de petit malin (d'où que nombre d'éléments du scénario restent hautement improbables voire absurdes : Thomasz qui se fait passer pour homo puis qui l'est plus après par exemple, ou du moins il se passe plus rien entre lui et l'homme politique qu'il avait aguiché, car ils servent d'abord ce programme), à savoir nous montrer que la "radicalisation express" qui mène au passage à l'acte sur internet ça existe aussi pour l'extrême-droite, et qu'une agence de com' peut remplacer une mosquée de quartier pour façonner des prêcheurs de la haine. Peut-être. Et puis après ? Pas grand chose, voire rien. C'est toujours les mm arguments rebattus qui entourent tout ça (la frustration sexuelle qui pousse au Mal, les mondes virtuels qui favorisent la rencontre avec les manipulateurs, la bonne conscience bourgeoise impuissante - ms pas autant que la posture du cinéaste -, les politicards pourris et/ou pantins...). Et surtout le scénario tiré par les cheveux annule donc la démonstration, puisqu'il est apparent qu'il n'y a finalement pas grd chose de réaliste là-dedans. Un comble.

Franchement je vois pas bcp de rapport avec "Parasite" qui fait surtout mumuse avec la société de classes (à part effectivement le côté formel ironique du film de petit malin), à mon avis c'est plus proche de tous les films récents qui parlent de radicalisation et d'attentats avec la finesse d'un plateau débat de BFM ou CNews ("Le jeune Ahmed" des Dardenne, "L'Atelier" de Cantet, etc.)...

Sur la qualité du film nous sommes d'accord. Je pense que j'arrête les frais avec ce réal même si j'avais trouvé le précédent correct.
Pas vu les films que tu mentionnes en toute fin, mais je trouve que celui-ci fait aussi mumuse avec la société de classe comme tu dis (le terrorisme isolé n'en étant qu'un des derniers avatars).

Les films que je mentionne se rapprochent plus du film au niveau du fond, pas de la forme (films plutôt naturalistes, tandis que celui de Komasa se rapproche plutôt d'une 2ème tendance festivalière : le "film à concept").

Oui, il est un peu question de classes aussi, obligé, il faut y fourrer le maximum de poncifs possibles...

Je reviens sur ce détail du jeune qui simule l'homosexualité pr parvenir à ses fins et puis après ce moment est effacé dans sa relation avec l'homme politique. En fait c'est quand même assez répugnant de la part du cinéaste parce que ça signifie qu'il utilise l'homosexualité pour sa démonstration cynique de la même manière que l'homme politique va essayer de récupérer le scandale lié à son homosexualité pour faire remonter sa côte de popularité (il est entre autres là le côté "imbu de lui-même" et roublard dont tu parles, qui est finalement assez proche du "hater").