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Après LE GRAND BAIN, CHACUN POUR TOUS, le film de natation synchronisée masculine anglais, et celui de Stéphane Giusti qui n'a pas réussi à se faire, le zeitgeist est décidément aux films de sportifs improbables. Ici, c'est l'histoire d'un nageur supposément homophobe qui doit faire amende honorable en entraînant une équipe de water-polo homo en vue des Gay Games.

Entre le désintérêt manifeste des réalisateurs pour le water-polo (ce n'est qu'un prétexte), et le côté infilmable de ce sport en particulier (bon... j'ai pas vu PALOMBELLA ROSSA), les séquences de matchs ont peu d'intérêt. L'essentiel est ailleurs, dans ce portrait de groupe déjanté et dans cette bonne vieille "ode à la différence".

Problème: le personnage de Nicolas Gob n'est pas suffisamment homophobe pour avoir quelque chose à apprendre. C'est bien de ne pas forcer le trait en en faisant une caricature de beauf, mais ça rend le personnage sans grande consistance. On ne sait pas trop quel est son parcours. On sent que c'est la colonne vertébrale du film, mais on a l'impression qu'il ne se passe presque rien de ce point de vue. Ça manque de densité.

Le reste est globalement un portrait de groupe à l'ambiance légère, où les réals essaient de donner à chacun une mini-caractérisation et un mini-arc. Bien tenté, on sent de la générosité. Mais dans les faits il y a trop de maladresses d'écriture, de facilités, de sous-intrigues mal gérées pour ne pas qu'on sorte régulièrement du film. En fait on sort de la projection en ayant l'impression d'être resté en surface - c'est le cas de le dire.

Un des dialogues aborde vite fait la question du droit des minorités à se moquer d'elles-mêmes. Question intéressante. Mais ça ne semble être là que pour se dédouaner d'ensuite y aller à fond dans la caricature gay ou lesbienne (l'équipe rivale des "Déménageuses"...). Maladroit...

Enfin, je suis pas du genre à donner des leçons de représentation, mais le fait que la fille trans du groupe soit jouée par un mec est quand même un peu gênant pour un film comme ça. Je comprend que pour LOLA PATER ont prenne Fanny Ardant, une tête d'affiche. Mais dans un film comme ça, où globalement personne n'est connu, pourquoi ne pas prendre une vraie femme trans ?

Bref, c'est pas méchant car ça essaie de faire exister tous ses personnages et d'être généreux, mais j'aurais franchement du mal à dire que c'est vraiment réussi.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste