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 Sujet du message: Klimt (Raoul Ruiz - 2006)
MessagePosté: 06 Avr 2006, 08:43 
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Alors il faudra que quelqu'un m'explique la critique des Cahiers...

sublime allégorie autour de la vie du peintre, bâtie non comme un biopic classique, mais bien comme un rêve : sur son lit de mort, Klimt se délire une vie mêlant faits autobiographiques, son propre univers pictural et une vision fantasmée de l'époque. Le résultat est un éblouissement plastique de chaque minute, porté par une trame surréaliste qui traîne p-ê un brin en longueur (2h10, j'aurais bien enlevé vingt minutes...) mais qui est résolumment rafraîchissante en ces temps de ronron du biopic.

Un film surprenant, donc, qui vieillit déjà bien et devrait facilement, je pense, passer de 4,5 à 5/6 dans mon cerveau malade... :D

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Dernière édition par Zad le 29 Oct 2007, 20:21, édité 1 fois.

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MessagePosté: 15 Avr 2006, 10:04 
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http://www.filmdeculte.com/film/film.php?id=1496


Paris, 1900. Klimt est fêté à l'exposition universelle pendant qu'il est condamné à Vienne comme provocateur. Il vit sa vie comme il la peint, ses modèles sont ses muses. Klimt est en avance sur son temps. Ses relations passionnées avec les femmes et sa quête éternelle de Perfection et d'Amour se reflètent dans toutes ses oeuvres. La controverse atteint son comble lorsque que Klimt détourne ses allégories "scandaleuses" et les rachète.


LA VIE RÊVÉE DES PEINTRES


Il y a quelque chose de jubilatoire à découvrir le Klimt de Raoul Ruiz. Vous veniez voir une grosse coproduction européenne, annoncée pompière et hollywoodienne — pensez donc, tout Paris et tout Vienne y parle anglais et John Malkovitch est aux pinceaux! — imagerie d'Épinal et classicisme replet? Vous vous disiez d'avance que Ruiz, cinéaste inégal, aurait peu eu son mot à dire, par-dessus les bureaux des décideurs financiers, préparant T-shirts, mugs et posters à l'effigie du peintre? Vous aviez tout faux: Klimt n'a rien à voir. Grosse machine internationale, où chaque euro investi est présent à l'image, certes. Mais œuvre résolument personnelle cependant. Première surprise: Klimt ne se prétend pas biopic. Son argument narratif en témoigne: sur son lit d'agonie, le peintre consacre ses derniers délires à se réinventer, à rebours, une vie rêvée. En découle, songe éveillé, une longue procession concentrique autour d'une époque fantasmée et d'un idéal romantique d'artiste en palpitation créative. Entraîné dans les jeux de miroirs de sa propre vie et de celle qu'il s'imagine, Klimt dérive au fil d'une intrigue surréaliste et bondissante. Ici les historiens en art quittent la salle, hurlant au blasphème, jugeant que Klimt n'est pas Klimt puisqu'il peint si peu. Les autres, happés par une stimulante structure circulaire, dont la mise en scène virevoltante amplifie l'écho, s'installent avec plaisir.


BEING GUSTAV KLIMT


Filmé comme une valse sans cesse recommencée, Klimt danse, tourne, sautille autour des enfants aux corps et mots d'adultes qui le peuplent. A l'évidence, Ruiz s'amuse à faire s'agiter ce petit monde, en une fantaisie éblouissante, dont la liberté de ton ravit. Pions puérils sur le digne échiquier de l'Histoire, les grandes figures de l'époques y sont en effet dépeintes en polémistes de comptoir (le beau est-il fonctionnel?), mômes turbulents cherchant la bagarre ou ados lubriques en quête de fesses. Il faut voir Malkovitch, enfermé dans une cage, un masque de singe rabattu sur le visage, se trouver cerné par des prostituées à moustaches. Il faut ensuite l'entendre reconnaître, parmi ces putains velues, l'une de ses filles biologiques, semées aux quatre vents de ses amours d'un soir… L'art, pourtant, n'est pas en reste. Insistons bien: l'art, pas le discours sur l'art — celui-ci étant, au contraire, justement éreinté. Simplement l'art, donc, comme expression intime, émanation d'un être débordant, d'une émotion incontrôlable. Klimt ici peint peu, on l'a dit, mais prépare sans cesse, griffonnant, recherchant, pillant ses propres œuvres, faisant de son carnet de croquis le miroir de ses pensées. Et le film, rêvé par lui, de s'imaginer à son tour agrégat des toiles que le peintre n'a pas eu le temps d'achever avant de mourir. La prouesse de Ruiz, en cette recherche du temps pictural perdu, est dès lors esthétique. L'écran devient toile, le cinéma peinture animée (on ne croise pas Mélies gratuitement). Gorgé de couleurs chaudes, subtilement cadré (est-ce le cadre qui embellit le tableau, ou le tableau qui embellit le cadre, s'interrogent vainement les esthètes "fonctionnalistes" de l'époque), jouant sur l'horizontalité des corps élancés, nus ou harmonieusement ornementés, les reflets et les enchevêtrements,… Klimt, si l'on veut, est "un Klimt". La boucle se bouclant en une étincelante pluie d'or, mêlant, en une splendide suspension aérienne, et le peintre et son œuvre, éparpillés dans l'image.

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MessagePosté: 29 Oct 2007, 20:20 
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Je viens de revoir Klimt et je découvre que le film n'a rien à voir avec sa version salle, et pour cause : on passe de 2h07 à 1h37! Il manque notamment tout ce passage magnifique où Klimt apprend à peindre des estampes japonaises... je n'ai pas trouvé d'informations à ce sujet sur internet, il semblerait que ce soit le montage DVD... étrange, si vous savez qqch là-dessus (un choix de Ruiz? il n'était pas satisfait du montage salle?), ne serait-ce que pour ma culture personnelle, ça m'intéresse.

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 Sujet du message: Re: Klimt (Raoul Ruiz - 2006)
MessagePosté: 18 Mai 2016, 19:31 
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Je m'y suis pris comme un manche avec la rétro Ruiz à la cinémathèque, ce sera déjà bien si j'arrive à en voir deux. Du coup je compte bien acheter le coffret de 8 DVD qui vient de sortir.

Non seulement la critique des Cahiers que mentionnait Zad, mais la quasi totalité de la critique (hormis Positif qui y voyait peut être le meilleur film de Ruiz) avait totalement descendu le film à sa sortie (travail bâclé et Malkovitch cabotinant chez Critikat par exemple). Et bien on a pas vu le même film, parce que (pour une fois serais-je tenté de dire), mon avis est très proche de celui de Zad. J'ai certes trouvé le film un peu long à se mettre en place, mais lorsque par cercles successifs on s'enfonce progressivement dans les visions fantasmatiques de Klimt, c'est un pur régal (et je n'ai plus vu le temps passé). La mise en scène est magistrale, ce à quoi je ne m'attendais pas forcément car mon seul souvenir de Ruiz était des jeux de focales dans Généalogie d'un crime, ludiques mais plutôt vains. Les digressions sur le double et les collections (d'enfants pour Klimt, de Lea pour le Duc, de peintures évidemment que Klimt se réapproprient) sont cette fois-ci admirablement retranscrites par les jeux de miroirs (on conserve le côté ludique, mais beaucoup plus à propos je trouve). Je ne savais pas non plus que chez Ruiz il pouvait y avoir une telle sensualité...

5/6 minimum et déjà envie de le revoir.

Ah et pour la durée, y a un coffret Potemkine avec le Director's cut (ce que j'ai vu à la cinémathèque, d'ailleurs ce sont des estampes chinoises et non japonaises). http://www.potemkine.fr/Potemkine-fiche-film/Raoul-ruiz-coffret-10-films/pa11m5pr13520.html


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 Sujet du message: Re: Klimt (Raoul Ruiz - 2006)
MessagePosté: 06 Mar 2024, 21:15 
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Vrai faux biopic consacré à Klimt, façon Le Miroir de Tarkovski - des bribes de souvenirs épars - en plus érotique. Bon, c'est assez labyrinthique et très érudit, cela m'a rappelé Synecdoche, New York. Brillant dans la mise en scène mais ressenti aucune émotion.
3/6

Je précise que j'ai vu la version courte et ça explique peut-être l'absence d'émotion, la narration était extrêmement ramassée


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