Forum de FilmDeCulte

Le spectateur du film est invité à s'identifier à un visiteur invisible, attaché aux pas d'un homme qui l'emmène dans la visite d'une collection de tableaux.


Film de commande pour l'INA, il s'agit ici d'un docufiction qui joue de manière espiègle avec les films docus qui révèlent les dessous des peintures. A partir d'une série de six tableaux d'un certain peintre Tonnerre, Raoul Ruiz joue ici de manière espiègle avec des tableaux vivants et entrecroise à fond le réel et l'imaginaire pour nous livrer un film court (1H6) et malicieux.

Déjà la mise en scène est superbe. Derrière son apparente simplicité, elle est ingénieuse et recèle d'idées. L'histoire est simple, un collectionneur essaie de comprendre pourquoi cette série de tableaux a pu faire scandale à l'époque et par la reconstitution de tableaux vivants, le spectateur est convié dans un monde d'énigmes. C'est assez raffiné mais jamais statique. Ruiz construit derrière ces peintures un roman d'amour et de conspiration fiévreux. Il faut voir ce morceau de bravoure que sont ces 20 minutes centrales, mise en scène théâtrale imaginaire passionnante.

Petit film séduisant où le spectateur est convié à un jeu d'énigmes artistiques raffiné et à revoir lui même le sens qu'il voit derrière un tableau et les trésors d'imaginaires qu'il doit y appliquer.

4/6

Oui bon souvenir, quoiqu'un peu confus avec le temps. C'est aussi en phase avec l'époque (S/Z de Barthes ou les derniers Beckett) mais avec une dimension plus ludique.
Pour l'anecdote, une des premières apparitions de Jean Reno en homme-statue.

J'ai vu pour Jean Reno mais je serais incapable de te dire qui il joue dans le film.

Ha sur un vrai ecran et hors de Mubi on le reconnaissait en une seconde.

Non mais j'ai regardé sur un vrai écran (et c'est pas Mubi) mais maintenant c'est bon après avoir cherché sur Google. Le manque de barbe, les petites lunettes et le look marquis ne m'a effectivement pas aidé pour le reconnaitre.

Je crois qu'il campe deux "personnages".

Je pensais le film inconnu mais je vois sur le topic des Mystères de Lisbonne qu'Art core a aussi eu le bonheur de poser ses yeux sur ce Ruiz. J'aime bien son terme de "hybride entre peinture et cinéma" sauf que j'y aurais rajouté "théâtre" qui est clairement annoncé et assumé par Ruiz.

Excellent souvenir que ce film concept, et oui premier rôle de Jean Reno.

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CroqAnimement votre

. Il y a une quinzaine d'années on le trouvait facilement en DVD avec les Trois Couronnes du Matelot et la Vocation Suspendue. Pour ma part bon souvenir du film aussi, et des deux autres

Les tableaux vivants reviennent souvent chez Ruiz, dans Généalogie d'un Crime, sans doute son film le plus commercial, ils font de nouveau partie de l'intrigue. Colloque de Chien est non pas en tableau mais en photos, ce qui renvoie formellement au même principe.

Au cinéma, l'arrêté et le figé sont le comble du simulacre et de l'artifice, alors qu'ils paraissent paradoxalement concerner le monde entourant l'action, le réel à la limite du hors-champ. Jean Eustache, dans les Photos d'Alix, recourt à une ruse cruelle (sur son propre fils) pour déjouer cela. et faire correspondre, cette fois-ci, le temps mort à l'intimité et le mouvement au monde extérieur (geste autant plus fort qu'Alix Roubaud qui commente ses photos a, comme Jean Eustache, été aspirée peu de temps après le film par un destin tragique, que ses photos annoncent mieux que son allure sûre d'elle et quelque-peu intimidante).

J'avais beaucoup apprécié dans le temps, mais à la revision, ça se révèle être un pur jeu formaliste, assez prétentieux malgré un humour pince-sans-rire ruizien toujours latent. Un peu puéril et soporifique (et formellement splendide).

Oui les Trois couronnes du Matelot ou De grands évènements et des gens ordinaires pour la même période sont baucoup plus riches