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MessagePosté: 28 Mai 2017, 14:42 
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[Allociné] À travers les propos et les écrits de l’écrivain noir américain James Baldwin, Raoul Peck propose un film qui revisite les luttes sociales et politiques des Afro-Américains au cours de ces dernières décennies.

Le principal intérêt du film a été de me faire découvrir l'écrivain James Baldwin, que je ne connaissais pas du tout et dont les interventions issues d'images d'archives frappent par leur justesse toute actuelle. Le film propose donc une lecture instructive de la lutte pour les droits civiques, mais qui reste malgré tout trop en surface et dont la forme peine à créer un réel intérêt.

3/6


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MessagePosté: 30 Mai 2017, 09:27 
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Assez d'accord. Le film donne très envie de lire James Baldwin qui est absolument impérial et d'une intelligence folle à chacune de ses apparitions. Le reste est plus banal, je trouve le parallèle avec ce qui se passe de nos jours pas forcément très pertinent avec sa charge un peu simple contre les violences policières. Le film permet aussi de découvrir le troisième "prophète" assassiné Medgar Evers (en tout cas je le connaissais pas). Mais oui on s'y ennuie presque parce que finalement le film ne vaut que pour ce que dit Baldwin et qu'on préférerait le lire plutôt que l'entendre. Surtout que j'ai eu la malchance de le voir sur ARTE donc en VF avec l'immonde voix-off de Joey Starr qui fait que je comprenais environ une phrase sur deux tellement il articulait pas. Du coup ça a rajouté à ma frustration et à ma relative déception.

Si je voulais faire du mauvais esprit je dirais qu'une fois de plus le film a été discriminé positivement en raison de son sujet mais qu'au fond c'est quand même très loin d'être un grand documentaire.

3/6

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MessagePosté: 30 Mai 2017, 09:55 
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Sir Flashball
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Oui, c'est génial, Baldwin. Et lisez WEB Dubois, aussi.

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MessagePosté: 30 Mai 2017, 10:10 
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Art Core a écrit:
James Baldwin qui est absolument impérial et d'une intelligence folle à chacune de ses apparitions.


D'ailleurs ses meilleures interventions sont presque toutes dans la bande annonce, c'est dire à quel point le film à du mal à exister au-delà de ça.


Art Core a écrit:
Le film permet aussi de découvrir le troisième "prophète" assassiné Medgar Evers (en tout cas je le connaissais pas).


Je connaissais pas non plus, mais c'est traité de manière assez superflue... La rencontre entre R. Kennedy et l'auteure dont le nom m'échappe honteusement est bien racontée également, mais ça ne reste que ça: une anecdote racontée sur fond de photos d'archives.


Art Core a écrit:
en VF avec l'immonde voix-off de Joey Starr


En VO c'est Samuel L. Jackson.

Art Core a écrit:
Si je voulais faire du mauvais esprit je dirais qu'une fois de plus le film a été discriminé positivement en raison de son sujet mais qu'au fond c'est quand même très loin d'être un grand documentaire.


Il y a de ça, et en même temps je trouve que le film arrive à bien faire ressentir le poids de l'histoire dans les problèmes que rencontrent les USA aujourd'hui sur la question "raciale". Ca reste didactique, pas forcément instructif à chaque moment quand on a un minimum de culture, mais assez prenant par moments.


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MessagePosté: 30 Mai 2017, 15:47 
J'imagine que le film se base plutôt sur le Baldwin d'"Il était une fois le feu", déjà très intéressant (que j'ai découvert pour ma part via une biographie d'Alain Mabanckou parue il y a une dizaine d'années).
Politiquement c'est ausis itnéressant, Baldwin est sans concession sur la question du racisme, mais point bien les limites du communisme de Richard Wright (*) ou le replis sur la religion de Malcolm X

Mais ses romans sont en effets magnifiques, et excèdent (tout en l'incluant) son message politique .

"L'Homme qui Meurt", malheureuement épuisé, est un grand roman du XXème siècle (et aussi un superbe livre sur le cinéma au moment du McCarthysme, on y reconnait des personnages fortement inspirés de Strasberg, Brando et Kazan, que le livre défend).

Baldwin se tenait à l'écart du post-modernisme, et avait un style en fait très proche de celui développé plus tard par Philip Roth.

Mario Puzo a écrit un recension complètement à côté de la plaque de ce livre (Baldwin fait de son personnage central un bi, et donc reproduirait le schéma raciste en faisant du noir un Oncle Tom sexuel, qui ne choisit pas entre la lutte et la réconciliation), où l'on sentait poindre de la jalousie (de fait le livre balaye le même terrain, à la fois populaire, exigeant et historiquement critique sur le passé américain récent, que le "Parrain" tout en étabt plus subtil).

Ses chroniques sur son séjour à Paris après-guerre et sur la comparaison entre racisme européen et américain ("Personne ne sait mon nom") sont aussi très incisives, à la fois émouvantes et non dénuées d'humour.

* De Wright je n'ai pas lu de fiction, mais "Black Power", un reportage sur un séjour au Ghana de Nkrumah, alors tout juste indépendant, très intéressant, mais en effet complètement borné idéologiquement et assez condescendant envers les Africains, associés dans son esprit à une sorte de lumpenprolétarait éternel (cela rappele les problèmes liés à l'histoire de la Sierra Leone et du Libéria, mais avec les points aveugles de l'idéologie communisme substitué à ceux des sociétés philanthropiques anti-esclavagistes).
Ceci dit il faut aussi signaler que Wright a quirté et fortement critiqué le parti communiste américain tout en étant attaqué par la droite d'une part et en conservant une grille de lecture liant l'éamancipation poltitque à un parti-état monolithique d'une autre (dans Black Power on sent que son engagement partisan puis sa ruprure lui ont probablement bouffé pas mal d'énergie et transformé son écritrue en démarche d'auto-justification, et qu'il voyait dans les mouvements de luttes antic-coloniale avant tout une manière de dépasser le PC tout en en gardant l'accent mis sur la constitution d'une idéologie forte et d'un pouvoir centralisé et dirigiste).


Dernière édition par Gontrand le 30 Mai 2017, 16:23, édité 3 fois.

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MessagePosté: 30 Mai 2017, 16:01 
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Sir Flashball
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C'est un très chouette essayiste, aussi.

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MessagePosté: 30 Mai 2017, 16:09 
En même temps il est en phase avec l'époque, il était de gauche mais au centre de cette gauche, critique sur le communisme et les black muslims. Il a tiré toutes les bonnes cartes. Finalement on le voit rétrospectivement comme un winner idéologique plutôt que le très bon écrivain qu'il était. On ne peut pas lui reprocher d'avoir été à la fois franc et prudent, mais quelque part l'attention sur lui occulte une partie de l'histoire des luttes noires américaines.


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MessagePosté: 09 Aoû 2017, 14:30 
"I'm not your Negro" ne transcende pas les limites du documentaire culturel télévisuel, et fait penser à bon épisode d'un siècle d'écrivain, avec les même mérites (respect du sujet, pédagogisme dans le bon sens du terme) et travers.

La sociologie du problème du racisme américain est complètement évacuée (il est vrai qu'il est dfficile de l'aborder en 1h30), au profit des commentaires de Baldwin sur la psyché américaine (il engloble celle du pouvoir et celle des masses, des blancs et des noirs dans une seule psychologie, ce qui est à la fois sa faiblesse et sa force : résumer la poltiique dans la psychologie) et une succession de dates-clés.
Il y a l'idée intéressante, avec les nombreux extraits de films souvent commentés par Baldwin, de considérer que le cinéma et la télé sont des lapsus de l'inconscient américain, mais justement, leur présence remplace la réalité sociologique, les images sont à la fois, sans que cette ambiguïté ne soit assumée, des métaphores et des synthèses.

On retombe sur le travers des discours progressistes actuels, qui donnent l'imrpession combattre des représentations culturelles (partielles et externes à leur objet) plutôt que des réalités, inversant sans doute la cause et l'effet. il n'y a, par exemple, rien entre la mort de Martin Luther King ou les émeutes de Ferguson ou Baltimore, si ce n'est la mort de Baldwin (qu'il replie intentionnellement sur sa vie privée).

James Baldwin est transformé en "grantécrivain", son extraordinaire humour inquiet est complètement laissé de côté (on le pressent dans le côté "stand up" de certaines de ses interventions). Il est pratiquement le seul à parler, ce qui contredit la visée généreuse du film : restituer les figures peu connues de la lutte pour les droits civiques qui gravitaient autour de Baldwin, Maclcom X et Luther Kin (Medgar Evers, Lorraine Hansberry), et qu'il a aimées.

Il y avait pourtant matière à creuser, Baldwin présentant les sentiments, rapports familiaux et la sexualité, comme soumis à une dialectique de domination et de soumission très fine, mais ayant paradoxalement une conception complètement a-dialectique, transcendante, de la nation américaine et du pouvoir politique, qu'il vit comme des passions christiques laïcisées, à la fois des objets de scepticisme et d'abandon et un horizon collectif indéfini, où le salut et la perte sont donnés en même temps. C'est là que l'on se rend compte qu'un biopic, même médiocren est contraint de restituer le personnage de façon "totale", de le relier à d'autre (cette relation à l'autre est le contenu de la fiction), là où le documentaire ne filme souvent que la solitude des idées justes, la vérité se confond alors avec la mémoire endeuillée de la raison.

Ceci dit il ya quelque chose de réussi dans le film, c'est l'évocation du rôle de la télévision dans les combats politiques américains des années 1960. Cela tranche avec l'idée rétrospectives que les combats des années 1960 furent évdidents, et d'emblée conçus comme victorieux par les acteurs de l'époque: ces succès ont d'abrd été des cises, avec une extrême prise de risque.
Baldwin, Malcom X et Martin Luther King sont surveillés par le FBI, tout en prenant part à un débat télevisues tendus mais respectueux, dense, où ils sont au centre de la nation.
On sent que l'opinion de l'interviewer flotte, qu'il a du mal à relancer mais il ne cherche pas à le cacher, il ne masque pas ses hésitations, incertitudes et fragilités, ce qui laisse, par brêches, de l'espace à l'intiative politique réelle, derrière la logique d'info-spectacle. Ici la télé excède le cinéma, qui ne peint que des représentations, pas des événements.

Le moment le plus fort du film est celui ou Harry Bellafonte, dans le plateau télvisé qui réunit Malcom X, charlton Hestin, King, BBaldwin et lui, le jour de la marche des droits civiques de 1963, sort de son rôle de sex symbol fade et développe un discours politique extrêmement articulé , bref et digne, ferme mais sans outrance ni concession ("la réussite ou l'échec sanglant de notre combat est entre les mains de la classe moyenne qui ne s'y est pas encore intéressé").


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MessagePosté: 09 Aoû 2017, 18:19 
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