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MessagePosté: 20 Avr 2015, 22:10 
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James et Catherine Ballard, un couple dont la vie sexuelle s'essouffle quelque peu, va trouver un chemin nouveau et tortueux pour exprimer son amour grâce aux accidents de voiture. A la suite d'une violente collision, ils vont en effet se lier avec des adeptes des accidents...


Je ne sais pas trop quoi dire de ce film immensément respecté, qui m'a certes semblé souverain et maîtrisé de toute part, qui m'a contenté, mais qui n'est pas aussi remuant ou émouvant que je l'aurais pensé. Je trouve ça en fait surtout notable pour ce que ce n'est pas : ce n'est pas la corruption progressive d'un couple trop naïf (les deux amants ont d'emblée une sexualité au libertinage usé), le fétiche de l'accident n'y fait pas sensation (peu de choses, sinon la musique peut-être, l'appuient comme une étrangeté de freak show), ce n'est pas non plus un trajet linéaire d'obsession qui phagocyterait progressivement tout le reste...

Là est finalement peut-être la particularité du film : il est absolument égal, traversé par aucune ligne véritable sinon celle des imperturbables variations de cette rencontre accident/sexualité. Dès que le film essaie d'intellectualiser un peu la chose d'une manière qui ferait dramaturgie (les discussions entre Spader et Koteas sur le sens de ce fétichisme, Hunter qui s'impatiente devant sa télé en pause), il devient plat et caricatural. Lorsqu'il est dans la simple exploration de son fantasme (la déambulation superbe au milieu du carambolage), comme dans un présent figé, il fonctionne parfaitement.

Ce surplace finit néanmoins par faire apparaître les limites de l'entreprise : la façon d'utiliser les codes du film érotique kitschouille et l'artificialité de leur représentation clinique, tout comme la peinture capitaliste d'un monde brillant de jeunes Dieux qui s'ennuient, perdent assez rapidement de leur force de frappe, dénuant souvent le film du mystère et de l'étrangeté dont il se réclame.

Ce mystère, il survit en fait dès le début grâce aux acteurs, à l'interprétation d'une intelligence et d'une ouverture remarquables, si l'on excepte la partition (impeccable mais sans grande surprise) de Koteas en Frankenstein excité. L'énigme de leur visage supplante majestueusement l'obsession programmée qu'on serait censés avoir pour leurs corps à cicatrices. La douceur blanche de James Spader, la frigidité vénéneuse de Deborah Kara Unger, la nervosité gamine d'Holly Hunter : voir ces différents masques agréer ou redouter le fantasme, s'ennuyer ou s'exciter de leur sexualité, ou simplement interagir ensemble, deviner ce qui tient de l'amour et de la tendresse dans ces échanges retors, engendre une infinité de nuances qui font une grande part de l'intérêt du film.


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MessagePosté: 21 Avr 2015, 01:13 
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Ce Cronenberg je l'adore.
Quasiment aucun souvenirs, vu très jeune mais une vraie claque et la fin a été un vrai électrochoc. Je me souviens encore de cette dernière scène que je trouve magnifique avec cette conclusion absurde mais tellement belle. Tiens j'ai envie de le revoir.


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MessagePosté: 21 Avr 2015, 07:12 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Jamais vuuuuuuuuuuuuuuu

(Mais j'ai vu THE THING hier soir - tain c'est génial) :D

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 21 Avr 2015, 08:09 
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MessagePosté: 21 Avr 2015, 09:09 
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Arnotte a écrit:
(Mais j'ai vu THE THING hier soir - tain c'est génial) :D


:D
Dans le genre hommage en claymation, je trouve que la version de Lee Hardcastle est plutôt pas mal.

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Dernière édition par Walt le 21 Avr 2015, 13:06, édité 1 fois.

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MessagePosté: 21 Avr 2015, 10:57 
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Arnotte a écrit:
Jamais vuuuuuuuuuuuuuuu

(Mais j'ai vu THE THING hier soir - tain c'est génial) :D


ENFIN!

Videodrome maintenant!

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MessagePosté: 21 Avr 2015, 11:09 
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Comment saloper un topic de Tom en 3 leçons :D


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MessagePosté: 21 Avr 2015, 11:21 
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Pas grave, j'avais franchement pas grand chose à dire dessus.


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MessagePosté: 21 Avr 2015, 11:46 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Puck a écrit:
Arnotte a écrit:
Jamais vuuuuuuuuuuuuuuu

(Mais j'ai vu THE THING hier soir - tain c'est génial) :D


ENFIN!

Videodrome maintenant!

Yes :D

Et Crash (sorry Tom pour le hors-sujet..)

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 21 Avr 2015, 11:50 
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Mais c'est très bien les hors-sujet !
Parce qu'après je peux les archiver et les classer.


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MessagePosté: 21 Avr 2015, 11:59 
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Non mais ce que tu dis sur le film est très juste. De mes (lointains) souvenirs, je trouvais que Cronenberg avait bien saisi le roman, la thématique de la voiture comme prolongement du corps de ses personnages qui allait jusqu'à la fusion. Aujourd'hui, j'ai peur de revoir la fin qui est un de mes plus beaux souvenirs de jeune cinéphile
cette scène ou après l'accident de voiture, sortant à peine de la carcasse agonisante, plein de sang James Spader et sa femme sont sur l'herbe et ne pensent qu'à leurs obsessions sexuelles
Il y a une tristesse assez belle, presque mortifère, qui sort de cette séquence finale.

A son époque, le film avait reçu un prix très spécial du jury pour "son audace et son originalité". Le jury avait été profondément divisé, Coppola lui-même qui était alors le président trouvait le film antipathique tandis qu'une moitié du jury était fan dont Atom Egoyan, ce qui n'est pas étonnant si on se réfère à ses premiers films (pas les derniers tout moisis).


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MessagePosté: 21 Avr 2015, 12:08 
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Je savais pas que c'était une adaptation.

La fin justement, je savais pas trop comment la prendre. Elle a une dimension poétique certaine, mais j'ai aussi l'impression qu'on souligne alors l'anomalie de leur obsession, comme on vendrait l'originalité du concept in extremis, alors que ça me semble être une des qualités du film de ne pas faire sensation de son côté sulfureux.

En fait j'ai l'impression de découvrir le film de manière asynchrone, ayant déjà intégré à la fois le parfum de scandale issu de Cannes et des critiques presse, puis la relativisation postérieure qui en fit un grand film mesuré et maîtrisé. À l'époque, à 11 ans, j'avais aussi l'image d'un film assez "dangereux" (excitant à la limite de la pornographie, troublant, ultra-choquant) ce qui n'est finalement pas tant le cas - soit parce que j'ai grandi, soit parce qu'on a fait mille fois plus poussé depuis.

C'est difficile d'aborder le film sans prendre tout ça en compte.


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MessagePosté: 21 Avr 2015, 12:33 
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J'aime beaucoup l'extrême intimité qui se dégage du film, c'est cela qui peut être dérangeant.

D'autre part, j'y vois aussi une sorte de Faust moderne, Spader n'arrive plus à faire jouir sa femme, il rencontre Koteas / Méphisot etc ...

Quant à la dernière scène, ben,
malheureusement, elle n'a pas joui, maybe the next time.

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There is no such thing in life as normal


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MessagePosté: 21 Avr 2015, 12:41 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Mon Cronenberg préféré et un des mes films préférés tout court. Immense poème du corps, de ses plaisirs et ses douleurs.
Aboutissement viscéral et physiologique presque de la réflexion homme/machine née dans les années 80 avec Terminator et Robocop.
Dernière scène (dernier plan même) qui m'a marqué à vie par son romantisme morbide (auquel renvoie d'ailleurs la dernière scène de son dernier) et ce motto qui résume tout "maybe the next time".
Sublimissime B.O métallique de Shore. Ambiance délétère à se flinguer mais en même temps il y a comme une douceur et une tendresse permanentes.

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 21 Avr 2015, 13:05 
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Tom a écrit:
Je savais pas que c'était une adaptation.

La fin justement, je savais pas trop comment la prendre. Elle a une dimension poétique certaine, mais j'ai aussi l'impression qu'on souligne alors l'anomalie de leur obsession, comme on vendrait l'originalité du concept in extremis, alors que ça me semble être une des qualités du film de ne pas faire sensation de son côté sulfureux.


Adaptation libre mais si ça t'a donné envie de lire Ballard, je te recommande Super-Cannes et Millenium People et tous les autres que je n'ai pas lu mais c'est vraiment un écrivain génial.

Sur la fin, elle souligne en effet l'anomalie de leur obsession mais le regard de Cronenberg reste assez tendre envers ce couple et leur intimité "malade". Ce qui fait que pour moi cette scène ne fait pas du tout sensation du côté sulfureux du film comme tu peux l'écrire. Aboutissement génial de tout ce qui a précédé. Je ne sais pas si c'est objectivement le meilleur Cronenberg mais chez moi c'est sans doute celui m'a fais le plus d'effet et le plus bousculé.


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