Je viens de terminer la série, et je trouve la comparaison avec Phénomènes (quoiqu'on pense de la qualité du film de Shyamalan) plutôt pertinente, même bien vue. Dans les deux cas, on a une œuvre qui essaie de parler de la dépression, en ayant besoin d'en cristalliser le mystère via le fantastique, un évènement fantastique dont l'absence totale de signification vient incarner le sentiment ambiant d'absurdité de la vie.
Pour la série elle-même, je retiens ce ton dépressif aux nuances asses fines, qui est bien tenu au long des épisodes, qui ne se fait pas bouffer par les péripéties (d'ailleurs plutôt chiches). J'ai bien aimé la mélancolie latente, j'ai bien aimé l'onirisme doux de certains épisodes (quand ça ne se caricature pas en scènes de rêves un peu lourdingues, mais heureusement rares).
Pour le reste, je ne suis pas aussi enthousiasmé que vous, et mis à part devant les multiples recoupements du dernier épisode, je n'ai pas été aussi ému (sur certains passages, certes, mais parfois seulement via l'utilisation un peu facile de la musique de Richter). Ça fait très longtemps que j'avais pas démarré une série, et peut-être que mon gêne provient de là, mais bien que ce soit très bien foutu, bien que j'adore le cast, j'ai très vite ressenti une sorte de lassitude ennuyée, de prévisibilité quand on a compris le programme d'une scène et qu'on attend patiemment qu'elle le déroule, de moments de vides longuets entre deux péripéties, d'impression que ça empruntait beaucoup de détours pas toujours très intéressants.
Comme vous je salue la non-fixation sur le pitch, mais en fait j'en suis presque frustré dans l'autre sens : ce repliement sur la cellule familiale a parfois tendance à le rendre accessoire ce pitch, et à résumer l'ensemble à un drame de chambre. En cela, tout ce qui touche à la secte, et notamment à la manière dont elle semble proliférer et infecter progressivement la petite ville, m'a beaucoup plus touché. J'aurais je crois aimé qu'on soit plus focalisés sur ce dérèglement général, collectif, sur cette étrangeté diffuse, qui ici ne se ressent qu'à travers l'expérience de 2/3 personnages.
Sinon, assez frappé par le fait qu'on a encore là un récit de fin du monde, de société décadente et consciente de l'être (la fête), de malaise civilisationnel... C'est dingue comme ça imprègne le cinéma depuis quelques années.
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