Forum de FilmDeCulte

Titre original : Europa 51


A Rome, une jeune étrangère ayant une vie très mondaine tente de se racheter après le suicide de son fils en consacrant sa fortune à soulager la misère.

Très bon Rossellini que dis-je énorme Rossellini. Encore une fois, j’ai fini en larmes au plan final… Deuxième film avec Ingrid Bergman (absolument parfaite du début à la fin) qui est du même niveau (ou presque) que Stromboli et Voyage en Italie. D’ailleurs, il est intéressant de noter que ce film reprend les thématiques de l’un et de l’autre. Tous les codes de Rossellini sont présents : la quête d’humanisme, références chrétiennes, une épure dans le montage, la réflexion sur le monde d’après-guerre, etc. Peut-être aussi un des plus personnels puisqu’il aborde ici la perte de son fils.

!!! SPOILER !!!
Bourgeoise en rupture avec la superficialité de la société dans laquelle elle évolue, Bergman va radicalement changer sa vie suite à la mort de son fils. Elle se met à aider ouvriers, prostituée, mère célibataire, délinquant, en se rendant dans les banlieues et allant même travailler à l’usine. Telle une Jeanne d’Arc, elle se donne corps et âme délaissant toute sa vie d’avant, notamment son mari. Un abandon que sa famille a bien du mal à comprendre, si bien qu’ils ne trouvent rien de mieux que de l’interner… Un trop plein d’amour qui parait insensé (même au prêtre) dans la société individualiste. Rossellini se sert évidemment de cette histoire pour invoquer la rupture morale des Européens durant l’après-guerre (pour rappel le titre est Europa 51). Le thème moral peut refroidir certains de voir le film, mais, ici, je vous assure que ce n’est jamais dérangeant et caricatural. Bergman n’est pas du tout à prêcher des idées communistes ou religieuses, mais elle le dit elle-même elle a un trop plein d’amour qu’elle doit partager.

Le film prend vraiment de la force au fur et à mesure qu’il avance. Si au début on le regarde plutôt froidement et nous touche sans excès, il arrive progressivement à nous impliquer complètement dedans jusqu’à nous émouvoir à la toute fin. Le montage est sobrissime mais comme toujours il y a quelques scènes absolument magnifiques : d’abord l’usine avec un montage digne d’un film russe des années 20, les visages dans l’hôpital, … Et puis, (l’interprétation de) Bergman n’a jamais été aussi belle.

Un film toujours d’actualité soixante ans après.