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MessagePosté: 27 Oct 2013, 23:52 
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Roma città aperta en VO.

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Rome, hiver 1944. Un ingénieur communiste, Giorgio Manfredi, tente d'échapper aux Allemands qui occupent la ville. Il se refugie chez un ami dont la fiancée, Pina, le met en contact avec le curé de la paroisse...


Et ben j'ai adoré, c'est super prenant. Peut-être aussi parce que ce n'est pas du néoréalisme pur jus, d'ailleurs : à quelques passages d'extérieurs près, on reste dans du ciné classique traditionnel, matiné de réalisme oui, mais tellement dramatisé que certaines scènes ou persos évoquent presque le cinéma de genre : la fille de cabaret et le duo au parfum lesbien/maudit qu'elle forme avec la nazie, le chef de la gestapo tout en sadisme raffiné, la scène de torture, le plaisir à dominer le méchant... Cette caricature générale, cette façon de faire ressortir des figures hautes en couleur et de mettre en avant les particularités (les gamins, le vieux gaga, la copine idiote...), va jusqu'à transformer le prêtre en figure de superhéros, impériale et rassurante - curieux choix de personnage central qui en dit long sur les envies de réconciliation idéologique au sortir de la guerre.

Il y a donc cette volonté, visible, de réunir la diversité de l'Italie en une communion célébrée, de faire une peinture unie du pays à l'heure de la libération (et par là-même, de faire du nazisme ce carnaval ambulant, qui semble si déplacé vis à vis de la filmo de Rossellini). L'éclatement en segments qui sera celui de Païsa est déjà là, dans cette constellation de personnages, dans sa diversité de fonctions ou d'âge et leurs changements de lieu constants, énergie centrifuge sans cesse contredite par l'effort de résistance qui les réunit ou les assimile les uns aux autres. Le portrait du pays, à travers une vision éclatée de la façon dont il a vécu la guerre, je le sens paradoxalement de manière plus forte ici.

Alors j'imagine qu'on peut regretter la relative artificialité (le schématisme, le moralisme) de ce compromis avec ce qui fera plus tard le style de cinéaste. Je pense que c'est aller chercher dans le film autre chose que ce qu'il propose : cette hybridité, il en profite. Une vraie force narrative y côtoie la rugosité du monde présent : impression qu'on joue dans le décor en ruines une fresque grandiloquente adaptée de faits qui y ont eu lieu quelques mois plus tôt. Il y a un dialogue involontaire entre le réel et sa romantisation, comme un spectacle de la façon dont l'Histoire est entrain de se faire légende ou roman national, qui est passionnant.


Concernant le blu-ray : Je ne sais pas exactement d'où vient la copie que j'ai eu entre les mains (y a deux blu-rays, un espanol et un italien). La version restaurée est impeccable (propre, stable, hyper nette, c'est magnifique), mais l'étalonnage est je trouve trop dense, les noirs sont hyper bouchés, et même si c'est classe dans le rendu, je doute que ça ait été le look du film à l'époque (la scène dans la cellule est quasi noir sur noir, à ce stade). En transposant mes sous-titres français, j'ai aussi vu qu'un petit dialogue manquait : je sais pas à quelle scène ça correspond, mais visiblement elle est plus là. La restauration son, enfin, donne un rendu un peu métallique sur certains silences, probablement à cause d'une réduction du bruit audio. Voilà pour les détails, mais ça reste un plaisir rare de découvrir un film des années 40 dans une qualité pareille, donc je vous conseille d'opter pour le HD malgré tout.


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MessagePosté: 28 Oct 2013, 00:12 
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c'est le genre de film qui me gêne parce que je trouve ça extraordinaire tout du long (avec cette manière de faire percer l'émotion avec des riens, ex cette scène avec le père (?) et son enfant qui cache un secret) et puis la fin moralisatrice et lourdingue vient tout gâcher.


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MessagePosté: 28 Oct 2013, 00:14 
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Bah je vois ce qui peut gêner à la fin, mais pour le coup j'ai l'impression que c'est comme ça quasiment tout le film, je vois pas vraiment de rupture (et que du coup, si on est allergique, c'est dès le début). Y a un détail qui t'irrite en particulier dans le final ?


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MessagePosté: 28 Oct 2013, 00:16 
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attends ya quasiment un prêche sur la souffrance et la résurrection
à la fin, non? Et puis cette longue scène de torture sur le curé j'ai trouvé ça dispensable, presque sadique


Dernière édition par Baptiste le 28 Oct 2013, 00:43, édité 1 fois.

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MessagePosté: 28 Oct 2013, 00:24 
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En hide Baptiste, en hide !
Mmm, à moins que ça ait été coupé dans ma copie, y a pas vraiment de prêche non. Je te recopie mes sous-titres :

A la fin de la scène de torture :
Citation:
- Regarde, prêtre ! Tu es satisfait ? Voilà ta charité chrétienne, ton amour du prochain ! Tu as préféré ça plutôt que de parler. N'espère pas, prêtre hypocrite, que tu vas te sauver, toi et tes complices ! Tu mourras aussi, comme les traîtres. Nous vous tuerons tous, tous jusqu'au dernier.

- (à Manfredi) Tu n'as pas parlé. C'est fini. (au nazi) Vous avez tué son corps, mais pas son âme. Soyez maudits, maudits ! Vous serez écrasés comme des vers.
Mon Dieu, qu'ai-je dit ? Pardon... mon Dieu.


Puis lors de l’exécution :
Citation:
- Venez. Courage.
- Il n'est pas difficile de bien mourir. Il est difficile de bien vivre.
Mon Dieu, pardonnez-leur...


C'est certes appuyé, mais pas vraiment plus que dans le reste du film. Quant à faire regarder le prêtre, ça fait partie de ces choses qui font cinéma de genre, mais ça a du sens : on le confronte au choix qu'il a fait, à ses principes, et à la validité de leur combat. Le dispositif est peut-être un peu surligné, mais ça redonne aussi à la scène de torture une certaine dignité en déplaçant un peu l'enjeu.


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MessagePosté: 28 Oct 2013, 00:43 
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je parlais du prêche du metteur en scène :)

Le "Mon Dieu, pardonnez-leur", c'est tellement condescendant d'une certaine manière. C'est ce que dirait un vrai curé, mais justement, la figure du curé comme héros je la trouve un peu facile, pas intéressante. Il y a toujours la notion de saint qui traîne pas loin, là où le reste du film se préoccupe surtout des humains ordinaires.


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MessagePosté: 17 Avr 2014, 15:15 
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Tom a écrit:
Et ben j'ai adoré, c'est super prenant. Peut-être aussi parce que ce n'est pas du néoréalisme pur jus, d'ailleurs : à quelques passages d'extérieurs près, on reste dans du ciné classique traditionnel, matiné de réalisme oui, mais tellement dramatisé que certaines scènes ou persos évoquent presque le cinéma de genre : la fille de cabaret et le duo au parfum lesbien/maudit qu'elle forme avec la nazie, le chef de la gestapo tout en sadisme raffiné, la scène de torture, le plaisir à dominer le méchant... Cette caricature générale, cette façon de faire ressortir des figures hautes en couleur et de mettre en avant les particularités (les gamins, le vieux gaga, la copine idiote...), va jusqu'à transformer le prêtre en figure de superhéros, impériale et rassurante - curieux choix de personnage central qui en dit long sur les envies de réconciliation idéologique au sortir de la guerre.


En effet, c'est ce qui m'a surpris, de ce film je ne connaissais que son statut de figure emblématique du néoréalisme et je m'attendais naïvement à un format quasi-documentaire.

Finalement, je pensais pas qu'il y'aurait autant d'intensité dramatique, et c'est vrai que cet enchevêtrement de multiples péripéties ne l'éloigne pas tant que ça du cinéma classique. ça reste néanmoins beaucoup plus réaliste, ce qui lui confère notamment une violence difficilement soutenable par moments.

Pas grand chose de particulier à ajouter, j'ai trouvé ça très fort et j'adore le personnage du prêtre. La galerie de personnages faisant la fete à coté de la salle de torture, et le SS saoul repenti, j'ai trouvé ça monstrueux aussi...

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