Hey merci pour tout ça !
Gontrand a écrit:
Ce n’étaient pas des communistes justement, plutôt des gauchistes, même si leur positionnement (trotskyste, m-l, mao ?) n'est justement pas très élaboré (l’opposition gauchistes/communistes est quand-même structurante de l’époque - celle du film). L’enlèvement puis l’assassinat d’Aldo Moro visaient justement à faire pression sur le Parti Communiste italien pour l’empêcher d’intégrer un gouvernement de coalition avec la démocratie Chrétienne qui aurait été dirigé par Aldo Moro (d’ailleurs on a reproché aux collègues de parti d’Aldo Moro d’avoir réagi tièdement à son enlèvement, comme si cela ne les concernaient en fait pas vraiment). Les communistes faisaient plutôt partie de la cible.
Oui j'avais lu ça, mais sans savoir exactement où se situaient les brigades rouges. Dans le film, ils sont présentés comme une sorte de rejetons déviants (ou restes fantomatiques) de l'idéal révolutionnaire originel : les visions que Chiara reçoit dans son sommeil sont celles de la mort de Lénine. Je disais communiste parce que je les rattachais à cette origine là, sans trop réfléchir (surtout que, pour être honnête, je me suis jamais assez bien informé pour saisir les subtilités qui font la différence entre communistes, maoistes, trostkystes...)
Gontrand a écrit:
Le geste met finalement le groupe brigadiste dans la position dans la même position que la mère dans l'autre film (et à l'opposé les deux personnages centraux, celui de l'homme du Soutire de ma Mère, joué par Castelitto, et celui de la brigadiste, se ressemblent, par leur solitude et leur passivité et en même temps le fait qu'ils se situent uniquement par rapport au groupe qu'ils critiquent, aussi par leur manière de vivre cette critique dans une logique d'initiation)
Je pige pas bien ce passage. Tu le présente comme le point de vue qu'elle aurait sur eux ? (dans une logique de fantasme, donc ?)
Gontrand a écrit:
-la dérision des contradictions politiques et surtout sociologiques des brigadistes
Vu le choix de la musique, je ne pense pas. Y a des inserts ironiques dans le film (les images d'archives staliniennes qui répondent à leurs psalmodies, par exemple), et elles ne sont pas traitées avec ce lyrisme.
Gontrand a écrit:
Du point de vue de Bellochio quand il fait ce film, il est clair que les brigadistes ont la même notion de foi (et de lien entre la foi et le miracle: l'idée que l'on se construit par l'édification et le traumatisme)
Il y a clairement toute une métaphore qui présente le parcours de Chiara comme une crise de foi (foi originelle de ses idéaux d'extrême gauche) et les brigades rouges comme du fanatisme (les poussées de félicité sur musique religieuse, quand elle voit l'enlèvement à la TV par exemple). Ça nous mènerait plutôt à une vision de fantasme. Surtout qu'il y a un autre aspect à cette scène, c'est celle du dernier souper.
Gontrand a écrit:
De toute manière quel est le statut de l'opposition réalité/vision dans un film (l'opposition est encore plus floue dans le film est une reconstruction de faits réels et que le seul réel directement visé par Bellochio est leur conséquence morale)?
Le film baigne allègrement dans un bain déréalisé, poétisé, lunaire - même si on final, on comprend assez bien ce qui relève du fantasme ou de la réalité du film. Mais ces deux passages (et notamment le fait que le procédé de ralenti se répète, pour la seule fois dans le film) semble les désigner d'une manière particulière justement, sans jouer sur l'ambiguité réel/onirique qui est le lot du reste.