Jerzy Pericolosospore a écrit:
Salut Scythe.
(Et bonne année!)
Bonne année.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
J'ai toujours été très intimidé par certains Grands classiques de la littérature. Une sorte de complexe permanent ("c'est trop fort/difficile pour moi, je comprendrai pas", etc). C'est pourquoi, à ma grande honte, je dois avouer que je n'ai toujours pas lu à ce jour: Proust, Faulkner, Dostoïevski, Mann, Musil, Nabokov etc etc. C'est une peur aussi absurde que ridicule...
Ca reste de l'art. Il ne s'agit pas de comprendre. C'est beau pour soi ou ça ne l'est pas. Il y a plus de chances de prendre la mesure du beau avec Mann qu'avec Stephen King (ce qui n'empêche pas de trouver ses livres divertissants/excitants/intenses).
C'est pour ça qu'il n'est pas question de "passage obligé". Il y a les "classiques de la littérature" (répertoire d'habitudes absurde) et il y a les grands livres (les deux sont parfois identiques). Les grands livres sont ceux à l'aune desquels ont peut prendre la mesure d'une littérature, ou de la littérature.
C'est une tare de l'académisme, de laisser croire qu'il détient une logique des arts : il y a une logique des arts, mais ce n'est pas du tout celle de l'académisme. Alors la honte et l'intimidation... ce sont des caractères de la société, pas de l'art.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
Ce fut pareil en philo: j'ai contourné les Grands maitres par les petits (exemple: Kojève plutôt que Kant, Hegel ou Heidegger). Ne lisant jamais les premiers dans leur intégralité... Je suis d'une paresse pathologique.
J'ai fait plus ou moins pareil, mais sans doute pas pour les mêmes raisons (enfin, je suis d'une paresse pathologique aussi). J'ai été rebuté par l'impression laissée par l'académisme qu'hors de cénacle des philosophes consacrés (et de préférence avant 1900), la pensée n'existait pas. Par réaction, je suis allé voir ailleurs. Défiance un peu puérile, mais dont j'ai du mal à me défaire, et plutôt l'inverse.
L'autre raison est que je ne comprenais pas comment on pouvait croire me faire gober qu'un auteur du XVIIIème siècle pouvait avoir des réponses essentielles sur la conduite du monde alors qu'il n'avait pas connu la Shoah.
En musique classique, j'ai fait pareil. La musique commençait en 1894. Puis je suis revenu aux classiques et romantiques. Je les connais, je ne les aime pas. Je suis plus fort en musique qu'en philosophie, et aujourd'hui je peux avoir une position cohérente sur ces questions. Je crois qu'aborder les choses par un biais est un avantage : cela permet de voir les failles quand on aborde la façade de l'académisme. Et encore une fois, pourquoi celle-ci devrait-elle imposer une honte ou une intimidation ? Je n'ai jamais rencontré une seule personne qui ait un savoir complet. La seule qualité à avoir dans l'exploration de l'art, c'est l'humilité qu'impose le fait d'avoir toujours quelque chose à apprendre.
Enfin, aujourd'hui, je ne peux plus ouvrir un livre de philosophie. Je trouve cela insupportable.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
Pour Hawthorne, je l'avais découvert par le prisme de Julien Green. Écrivain singulier déjà par son double ancrage indécidable et ambigu (anglo-saxon/français. Il écrivit d'ailleurs ses premiers livres en anglais), qui le considérait comme son maitre. Tout comme Melville *, d'ailleurs. Et comme je découvrais à travers Green un style de littérature (à la limite du) fantastique qui me passionnait, ça a dû faciliter l'entrée dans Hawthorne (mais bien des trucs m'échappent aussi).
Je ne connais pas Green. J'ai lu Hawthorne pour Charles Ives. Mais mon projet d'aborder vraiment les transcendantalistes est toujours remis à plus tard... A la place, j'ai dû lire Kant et Descartes. La lose.