Forum de FilmDeCulte

J'avais oublié de te répondre.
Ce que j'aime dans cette séquence c'est tout simplement son incongruité (après j'ai pas fait attention au jeu de main de Franco). Elle m'a surprise cette scène parce qu'elle sort de nulle part et que soudain il se passe un truc. Un truc parfaitement cohérent avec l'ensemble du film et qui en même temps l'emmène ailleurs avec la chorégraphie des trois filles masquées qui portent des fusils à pompe. J'y vois une vraie poésie et pour moi c'est vraiment la réussite du film. Ces petites bulles de poésie intermittentes (ce qui rend aussi le film assez inégal).

Quand tu vois les dix premières minutes, tu as déjà vu tout le film qui ne fait que répéter les mêmes motifs, les mêmes mouvements, les mêmes paroles.

J'avais été assez étonné de voir Korine dans un projet aussi racoleur. Quoiqu'on peut comprendre qu'il ait envie de sortir de son petit cinéma underground que personne ne voit (son dernier Trash Humpers pas sorti et son précédent, le très moyen Mister Nobody est sorti dans l'indifférence générale). Mais très rapidement le film se révèle beaucoup moins commercial que ses affiches et son casting laissaient présager.

En effet Korine use et abuse d'un montage désordonné, de scènes mélangées, de voix-off qui se répètent, d'images qui repassent en boucle pour mieux nous servir ce qu'il a tenu à appeler un poème pop. Et bien aidé par la magnifique photo de Benoît Debie le film a de sérieux atouts. Seulement il se repose presque uniquement là dessus dans sa première partie qui patine grave, du coup on évite pas les coups de mou et l'aspect absolument vain du projet si ce n'est nous montrer quatres pouffs un peu borderline s'éclater comme des folles pendant le Spring Break.

Heureusement que l'arrivé de James Franco permet de toucher au coeur du film et d'installer ce qui en fera son essence et sa grande force : l'apparition d'un romantisme déglingué mais magnifique. C'est d'autant plus dommage que ça arrive si tard dans le film et que Korine balbutie tellement parce qu'on tient dans cette seconde partie les scènes les plus marquantes et les plus poétiques. Que ce soit la reprise de Britney Spears au piano, la sublime scène de triolisme dans la piscine ou la chevauchée finale il y a là des morceaux de cinéma singuliers, profondément iconiques et malsains qui font clairement entrer le film dans une autre sphère entre Tueurs Nés et du Larry Clark.

Et puis on peut regretter l'espèce d'hypocrisie du discours avec ces voix-off assez lourdes et naïves (et qui se répètent en plus) où l'on sent en permanence une espèce de repentance morale un peu déplacée et surtout inutile. A l'image du personnage de Selena Gomez (physique incroyable cette fille elle a littéralement l'air d'avoir 12 ans), lourdement prénommé Faith et qui a des relents de son éducation catholique qui vient parasiter le délire. Je comprends pas très bien pourquoi il y est pas allé à fond, pourquoi son film se sent obligé d'avoir une conscience morale qui ne lui convient pas. C'est vraiment dommage.

D'autant que l'aspect iconique des meufs en bikinis fonctionne à fond, elles puent le sexe (même si là encore on peut regretter l'hypocrisie de montrer 50 paires de seins mais de bien sûr ne rien révéler de ses starlettes) et encore une fois il y a une poignée de séquences vraiment puissantes visuellement et très étrangement émouvantes à l'image de ce dernier plan superbe et qui résume à lui tout seul tout le projet de Korine, comme le dernier vers parfait d'un poème dégénéré et mystique.

4/6