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MessagePosté: 21 Juin 2019, 10:47 
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Bon comme d'hab, il va y avoir beaucoup de name-dropping
Récemment, j'ai vu un film des années 80, Reuben, Reuben dont j'ai parlé ici, sur un poète alcoolique et turbulent, inspiré de Dylan Thomas, qui faisait tomber en pâmoison des femmes de cinquante ans dans la Nouvelle Angleterre (ainsi bien sûr qu'une jeunette de vingt dont il tombait amoureux et à qui il faisait un enfant - qu'elle choisissait de ne pas garder). Il y avait déjà contenu dans le film le constat que le poète était une figure dévaluée, tout juste apte à susciter un certain bovarysme chez ces dames.
Il y a trois ans, Paterson offrait une autre vision du poète, inspirée cette fois-ci de William Carlos Williams, ancrée dans le quotidien d'une ville de province américaine, zen et volontairement modeste, et qui avait suscité des débats ici sur la qualité des poèmes dans le film.
The Beach Bum de Harmony Korine met en scène un autre avatar du poète, plus proche du premier, descendant direct des poètes beat, de Bukowski et projeté dans la culture pop américaine actuel. Moondog, le personnage interprété par McConaughey, est un fantasme. C'est quelqu'un d'impossible. Au début du film, il récite ivre un poème, qui est une mauvaise copie de Bukowski devant une assemblée de fêtards dans les Key Islands, à la fin il récite le même pour recevoir un prix littéraire. La boucle est bouclée, comme on dit, rien ne s'est passé d'autre qu'un rêve éveillé, sous les lumières fluos ou mordorées de Benoît Debie.
Le film de Korine est un grand melting pop (erreur involontaire) où se mêlent des chansons country des Outlaws (Waylon Jennings), torch songs (trop longue séquence sur "Is that all there is" de Peggy Lee), soft et yacht rock qui défilent dans la bo et des références et une imagerie liée à la culture hip-hop et rnb (Snoop Dogg, Martin Lawrence dont le passage dans le film est GENIAL, les filles en bikini aux formes rebondies qui peuplent l'arrière-plan du film).
En fait, le film est un grand résumé de la rock'n'roll way of life à l'américaine, et ce qui le rend si agréable, c'est que jamais il n'adopte un point de vue moralisateur. Korine refait Zéro de Conduite avec des adultes ultrafriqués. On reprochera au film d'être lâche, de ne pas avoir de progression narrative, mais c'est que Korine passe, comme on dit, à la moulinette les clichés du cinéma hollywoodien.
Ainsi cette scène où McConaughey est à deux doigts de manquer le mariage de sa fille et fonce dans une voiture de luxe pour s'y rendre alors qu'il vient juste de troncher une nana dans la cuisine d'un burger. Cet épisode en rehab qui dure à peine quelques instants.
Bon marre d'écrire. Il ne fait pas de doute que ce sera un des meilleurs films de l'année.
Et Zac Efron est un excellent acteur.


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MessagePosté: 21 Juin 2019, 12:21 
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Antichrist
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Citation:
Le film de Korine est un grand melting pop (erreur involontaire)


ben si c'est involontaire tu la corriges.


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MessagePosté: 21 Juin 2019, 13:40 
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Sauf que ça marchait. Après c'est pas particulièrement enlightening comme jeu de mots donc je préfère le désavouer, tout en gardant la trace.

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Tu m'as l'air mal luné en tout cas.


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MessagePosté: 21 Juin 2019, 16:29 
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Tu l'as vu comment ? Déjà dispo en dl ?

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MessagePosté: 21 Juin 2019, 16:38 
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MessagePosté: 21 Juin 2019, 17:03 
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C'est une espèce de portrait de la décadence vu comme un conte de fée.
A comparer donc avec Knight of cups que je n'ai pas vu.


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MessagePosté: 21 Juin 2019, 17:16 
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Film Freak a écrit:
Oui.


Pfiou c'est rapide, même pas de date sortie en France.

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MessagePosté: 21 Juin 2019, 17:22 
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MessagePosté: 21 Juin 2019, 17:39 
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Je crois que ça a été annulé/repoussé, plus rien sur Allociné.

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MessagePosté: 21 Juin 2019, 20:02 
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Il a tellement bidé partout, ça ne m’etonnerait pas que la France ait annulé sa sortie.

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MessagePosté: 21 Juin 2019, 20:57 
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Mince alors.


:mrgreen:

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MessagePosté: 21 Juin 2019, 22:24 
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Arnotte a écrit:
Il a tellement bidé partout, ça ne m’etonnerait pas que la France ait annulé sa sortie.


Je crois que c'est ça, film invendable.

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MessagePosté: 01 Juil 2019, 09:55 
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J'aime plutôt bien Spring Breakers sans considérer que c'est un chef-d'oeuvre ou quoi mais le film a clairement un truc un peu singulier que Korine essaie de prolonger ici dans The Beach Bum qui s'apparente, comme le précédent, à une longue fête sans fin. Mais là où Spring Breakers finissait par laisser apparaître une vraie poésie mélancolique, comme le revers de la médaille en forme de gueule de bois pop et coloré, The Beach Bum, lui, en étant plus frontalement une pure comédie ne regarde jamais en arrière et se complaît intégralement dans cette vision d'une vie comme une grande teuf où le plus important c'est de s'amuser en fumant d'énormes joints, en sniffant de très larges lignes de coke et en se noyant dans la bière. Le film développe un semblant de scénario (d'où le titre, le personnage est soudainement clochardisé), mais il faut voir avec quelle nonchalance, quelle facilité Korine contourne toutes les difficultés du personnage en le faisant aller plus loin dans la défonce, dans le jemenfoutisme, dans l'espèce de d'angélisme béat du junkie qui a sa dose.

C'est là que le film est assez dérangeant. La vision de Korine est étonnamment gentillette, voire même hypocrite. Quand le personnage de McConnaughey se retrouve à la rue, clochardisé, ce n'est pas mis en scène comme une épreuve, mais c'est mis en scène comme une espèce de parenthèse fun et décalée, quand il
perd sa femme dans un accident de voiture, il est triste deux secondes pour mieux repenser à la façon dont elle lui suçait la bite deux secondes plus tard.
Tout est vraiment réduit à une blague inconséquente dont le but est évidemment de nous donner cette image d'une vie vécue à fond sans se poser de questions avec toujours cet optimisme naïf chevillé au corps (et bien aidé par les différentes drogues ingérées en permanence) mais à un moment donné ça coince.

Ça coince déjà parce que le personnage de McConnaughey est un connard égoïste. Un porc qui pense qu'à sa gueule, qui nique à tout va mais limite jaloux quand il apprend que sa femme le trompe, un père absent qui fout la honte à sa fille à chacune de ses apparitions, un enculé qui jette ses canettes de bière par terre et, bien pire
un voleur, prêt à agresser un handicapé pour lui voler sa thune.

Surtout que, truc assez hilarant dans le film, il est présenté comme un poète génial mais le peu que l'on entend de sa poésie est absolument ridicule. Du coup ça marche pas, on a vraiment du mal à avoir une quelconque sympathie pour lui et pour son parcours tellement facile et finalement tellement cliché (il représente évidemment la liberté face à tous les cons qui ont un boulot "normal").

Après dans son côté jusqu'au boutiste le film finit presque par atteindre son but. Dans cette construction comme une fête sans fin de 1h35 on finit par avoir envie de chiller avec lui, de fumer un spliff sur un bateau dans le soleil couchant de Floride. Il faut dire que la photo de Debie est magnifique, la BO est excellente et le film, surtout grâce à son montage, à une espèce de côté planant pas désagréable, assez doux (on dirait parfois du Malick qui aurait tapé un bong). Puis les seconds rôles sont vraiment bonnards, surtout Zac Efron en espèce de voyou chrétien totalement cramé et Martin Lawrence en clochard mytho qui emmène des touristes faire des "dolphin tour" sur un bateau pourri (cela donne lieu à la scène la plus drôle du film). McConnaughey est bien mais je m'attendais à une prestation plus dingue. J'aime bien la fin où c'est l'espèce de bouquet final de cette fête ininterrompue dans un geste là encore assez puéril mais en phase avec le perso et l'espèce de naïveté du film
on crame tout, on verra demain.
Le dernier plan est magnifique et encapsule bien le film, une espèce d'ode à la liberté absolue (liberté entravée d'addictions, ce que le film n'adresse jamais) et au bonheur permanent.

C'est pas un film détestable, mais c'est tellement vide, tellement vain. Impression permanente que ce film a été réalisé par un ado qui s'était mis comme défi de filmer les plus gros joints de l'histoire du ciné. C'est d'une puérilité sérieux... C'est quand même décevant par rapport à Spring Breakers où Korine semble n'avoir gardé que le côté totalement artificiel. Et encore j'ai pas parlé de la misogynie du film où les meufs existent principalement comme des chattes sur pattes où juste dans le fond les nichons à l'air comme dans un clip de rap (dont l'imagerie nourrit beaucoup le film).

2-3/6

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MessagePosté: 01 Juil 2019, 11:19 
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On dirait que Korine "pushed all your buttons" et que ta vision est parasitée par les clichés de la fable hollywoodienne qu'il prend justement à rebrousse-poil. Ainsi il n'y a pas de véritable transition entre la vie de millionnaire et sa vie de clochard (on ne sait d'ailleurs pas au tout début que Moondog est aussi riche, et il semble correspondre au "beach bum" du titre même si sa liberté de mouvement nous paraît en effet suspecte).
Korine nous fait miroiter une rédemption hollywoodienne pour mieux s'en moquer. Le film n'a pas de prétention à décrire la réalité.


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MessagePosté: 01 Juil 2019, 11:21 
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Art Core a écrit:
(on dirait parfois du Malick qui aurait tapé un bong)


lol

Sinon plutôt d'accord avec ce dernier texte, même si la partie morale et outrée (là où ça bloque) est bien inutile et vaine puisque le film cherche justement et très visiblement à provoquer (par exemple le handicapé agressé rappelle les provocations des surréalistes, revoir "L'âge d'or" par ex - il est d'ailleurs frappant de voir qu'en 2019 un tel film ne sort pas en salles ds certains pays comme la France peut-être en partie pour des raisons morales) en tapant tous azimuts et à coups de massue sur tout le politiquement correct d'aujourd'hui à travers son personnage principal. Oui, le type est un poète bidon, un gros fumiste, mais il le dit lui-même se vantant par exemple de pomper les autres, c'est un doigt d'honneur de plus aux tenants du Grand Art j'imagine... Comme déjà dit, Korine montre qu'il maîtrise bien un certain nombre de poncifs du cinéma hollywoodien pour mieux pouvoir les pasticher (notamment la scène typique et éculée des biopics où l'artiste génial ou le grd homme est seul face à la foule sur la scène, vu de dos et en pleins spotlights). Ce film est un gros doigt d'honneur, mais dans des tons flashy et cools, mais un gros doigt qd mm, pas plus, pas moins...

On pense bcp au Dude, ou au "Doc" de Inherent Vice, mais dans ces deux derniers films les réalisateurs derrière la caméra ne s'identifiaient pas à la fumisterie de leur personnage, contrairement à Korine (autrement dit il est en pilotage automatique et à part la jolie photo c'est vraiment de la daube) ...


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