Un scénariste en manque d'inspiration se retrouve mêlé malgré lui à un plan d'enlèvement de chiens orchestré par deux de ses amis. Mais l'affaire tourne mal lorsque le fidèle compagnon à quatre pattes d'un gangster disparaît.J'étais curieux de voir ce qu'allait faire le réalisateur de l'excellent
Bons Baisers de Bruges. Il est donc parti aux Etats-Unis tourner un film assez proche de son premier dans l'esprit et dans l’exécution. On retrouve ce même mélange de films de gangsters avec un humour très noir, parfois absurde et un univers très masculin. A partir de ce pitch très simple et potentiellement comique (le kidnapping du chien du big boss de la mafia local qui dégénère) McDonagh tisse un scénario aux ramifications complexes qui ne cesse de digresser sur des micro-récits et des micro-événements, qui fonctionne par blocs et qui ne cesse de surprendre dans un système de mise en abyme assez surprenant.
Alors dis comme ça on pourrait penser à du Guy Ritchie, du Tarantino & co mais c'est assez distinct en fait. La mise en abyme est une figure de style aujourd'hui éculée et pourtant McDonagh parvient assez brillamment à la réinventer. En faisant du personnage de Colin Farrel un scénariste en train d'écrire
7 Psychopaths, le réalisateur réfléchit sur son propre film en train de le faire. Il se pose la question de la violence, la question de la raison même de faire un film, de la chaîne des histoires où rien n'est vraiment neuf mais tout se réinvente. Il pose sur le papier ses désirs puérils de cinéma et les confronte à sa volonté d'être plus profond, de raconter d'autres choses. Ces 7 psychopathes sont les 7 petits démons qui tournent autour de l'auteur au moment où il fait son film et qui le tire dans tous les sens.
Alors dis comme ça, ça paraît théorique et potentiellement un peu
malin mais au contraire ça s'incarne dans le film dans un tourbillon de récits, dans le récit avec des scènes qui s'intègrent dans la trame principale et qui puent la classe. On retrouve cette chose qu'il y avait dans
Bruges où l'humour et la déconne côtoient soudain le tragique. Où l'émotion n'est jamais très loin, cachée derrière le langage fleuri de ces personnages hauts en couleur. Le casting est excellent par ailleurs.
Malheureusement le film prend un virage un peu dommageable dans son dernier acte après une scène incroyable avec un Sam Rockwell on fire. Ca s'étire soudain un peu trop, ça tire un peu trop sur la corde en comptant sur l'intelligence d'un public qui a compris le projet du film mais à l'image ça devient juste un peu lassant, un peu répétitif, l'humour fonctionne moins. Mais le film se clot sur une nouvelle digression, sur un nouvel appendice absolument magistral qui résume en trois minutes tout ce que McDonagh a voulu nous dire. En plus d'être magnifique, cette scène est sincèrement bouleversante. Il y a là quelque chose d'assez fort sur la création, sur le cinéma (tout un truc sur le western le genre
fondateur, sur la tentation du divertissement comme échappatoire à la réalité, sur la pregnance de ces histoires qui ne sont jamais ce qu'on croit.
Petit coup de cœur pour ma part et confirmation du talent du bonhomme.
4.5/6
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