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MessagePosté: 05 Juil 2012, 19:24 
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Papy continue son tour d'Europe, choisissant cette fois-ci la capitale italienne encore plus pour n'en exploiter que l'imagerie clichée et l'idée stéréotypée (de "ville romantique") qu'il ne le faisait avec Paris, où l'amour de la culture transcendait le côté "carte postale". Je sors du film avec l'impression que ces quatre histoires, qui ne se croisent jamais, auraient pu être racontées absolument n'importe où. Enfin le vrai souci, c'est que je sors du film avec l'impression que l'auteur n'avait pas de quoi développer chacune de ces histoires en un film à part et les a montées ensemble sans qu'aucun propos ou quoi que ce soit ne s'en dégage.

Dans la bande-annonce du documentaire sur Woody Allen sorti récemment en salles, on le voit dire qu'il a l'habitude de gribouiller des idées sur des bouts de papier qu'il consulte à chaque fois qu'il entreprend l'écriture d'un nouveau scénario, gardant ou rejetant certaines de ces idées. Le hasard veut que son nouvel opus soit celui où ce processus transpire le plus. Le goût du cinéaste pour l'absurde traverse l'ouvrage, avec plus (le chanteur sous la douche, ça fait mouche) ou moins (tout le segment Begnini, aussi finaud que la BA du prochain Giannoli) de succès, mais sent souvent le gag sympa étiré en sketch. Et parfois, le concept d'un segment est à peine exploité (le quiproquo avec le jeune marié et sa "femme").

En fait, la seule thématique que je retire du film m'a paru être un plaidoyer en douce pour l'infidélité (incident commun à 3 des 4 histoires), justifié tantôt par la célébrité, tantôt par l'inexpérience, ou - dans le segment le plus réussi du film - par l'impression d'avoir trouvé l'âme soeur, Allen étant toujours obsédé par ces dynamiques triangulaires où l'homme est partagé entre la Maman et la Putain. Et c'est donc dans la partie du film qui suit Alec Baldwin et Jesse Eisenberg (et Ellen Page et Greta Gerwig) que l'écriture se fait la plus convaincante, confrontant de manière presque surnaturelle un quinquagénaire flânant dans la ville de sa jeunesse avec un alter ego plus jeune, sur le point de répéter l'Histoire. Le postulat flirtant avec le fantastique et le regard nostalgique ne sont d'ailleurs pas sans rappeler Minuit à Paris. Il n'est donc pas étonnant qu'il s'agisse de la trame la plus intéressante et la plus charmante.

Malheureusement, le soubresaut qu'était son précédent film n'était que ça, un soubresaut. Sans pour autant retomber dans l'indigence de You Will Meet a Tall Dark Stranger, cette cuvée 2012 paraît une fois plus assez inconséquente.

3/6

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MessagePosté: 05 Juil 2012, 20:10 
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Ca ferait une bonne critique pour le site.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 05 Juil 2012, 20:29 
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Ca le sera.

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MessagePosté: 07 Juil 2012, 12:12 
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Google a trouvé le moyen de te réconcilier avec Woody :

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"Je suis prêt à accepter une tonne de qualité chez Spielberg" Lohmann


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MessagePosté: 06 Aoû 2012, 21:47 
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Pfouhllala...

J'ai trouvé ça pourri, mais vraiment. Sans doute le pire que j'ai vu de Woody. Le voir s'enfoncer toujours plus loin dans la répétition, l'auto-caricature, le bégaiement artistique, c'est d'une tristesse! Les quatre histoires sont toutes aussi nulles les unes que les autres, c'est vain, creux, pas drôle, paresseux, ronflant... On dirait une caricature d'une caricature d'une caricature de Woody. Pitoyable. Vraiment, je n'ai pas de mots...

J'ai souri deux fois, et j'ai même du mal à mettre 1/6 mais la pitié m'empêche de mettre un 0 pointé.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 07 Aoû 2012, 11:53 
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Critique qui reflète parfaitement mon ressenti par rapport au film et à la sénilité artistique de Woody Allen.

http://gonzai.com/woody-allen-chronique-dune-degenerescence-assumee

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 07 Déc 2014, 15:36 
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Alors, moi j'ai trouvé ça absolument brillant. Il y'a une très grande influence de l'Éducation Sentimentale de Flaubert (que Woody citait déjà à la fin de Manhattan, l'influence flaubertienne est avec celle de Dostoïevski l'une des influences littéraires les plus présentes dans ses films). Il y'a la veine moraliste et naturaliste de Flaubert, couplée à un tempérament de Vaudeville et couplée surtout à un grand hommage à l'onirisme et à la fantaisie du grand dramaturge italien Luigi Pirandello. (L'un des personnages, celui interprété par Beninni, se nomme Pisandello, ce n'est pas un hasard.). Le cinéma d' Allen a toujours été très référencé, et abonde en intertexte, en name-dropping,( ce qui en agace beaucoup) en mise en abyme - le personnage d'Ellen Page typique effectivement des personnages féminins névrosés de Strindberg – et qui est comparé à Miss Julie dans le film dans ce qui est à la fois un compliment et un sarcasme un peu inconscient – le personnage de Jesse Eisenberg , trouve qu'elle pourrait jouer Miss Julie, alors qu'il s'agit justement déjà d'un ersatz un peu cheap de Miss Julie. - Le fait qu'elle ne relève pas le sarcasme démontre à la fois la superficialité du personnage, mais aussi sa justesse. Et le grand talent d'Allen est de parvenir à dévoiler la justesse intrinsèque qui se cache derrière tout personnage caricatural, derrière toute personnalité ambivalente. Les personnages de To Rome with love, sont des clichés. Mais ce sont tous des clichés très réussis, et volontaires, là où beaucoup d'autres réalisateurs abondent en clichés ratés et de surcroît involontairement. Et surtout qui aura noté l'allusion à Ruggero Léoncavallo ? L'un des plus grands auteurs d'opéra vériste italien, dont on entend le Pagliacci dans le film chanté sous la douche, et dont le propos même vise à rapprocher dans un fondu paradoxal et en ce sens tout à fait vériste, le romanesque et le réel, le populaire et une certaine noblesse aristocratique, c'est à dire en - fin de compte de dévoiler la justesse intrinsèque derrière tout personnage caricatural et parfois grotesque d'Opéra, - les personnages d'opéra sont des clichés sublimes, parfois jusqu'à la saturation, mais le propre du vérisme italien (ce qui le différencie d'autres courants) est d'avoir su l'ancrer dans le naturalisme quotidien en proposant un choc, et une ambivalence très étonnante, mais au fond très poétique, de cette banalité quotidienne avec le fantasme qu'est un espace plus conventionnel, c'est à dire celui de l'opéra. Ou celui du cinéma. Allen boucle sa boucle pirandellienne sur cette pirouette digne de lui, à savoir celle de l'un des plus grands cinéastes de tous les temps, qui connaît parfaitement ses classiques sur le bout de doigts.

5/6


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MessagePosté: 07 Déc 2014, 19:24 
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Un premier de la classe, quoi.

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MessagePosté: 07 Déc 2014, 19:41 
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Il y a belle lurette que je ne regarde plus ses films, mais c'est si cuistre que ça?
Après Midnight In Paris, qui faisait déjà dans la référence superficielle, ça ne me surprend pas mais là ça me paraît un peu exagéré.


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MessagePosté: 07 Déc 2014, 20:45 
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Cuistre s'il ne savait pas de quoi il parlait, mais il sait très bien de quoi il parle. Ce n'est pas un film cuistre, snob, à la limite,..mais c'est un film qui déplaira à pas mal de cuistres c'est certains. (Je ne veux pas dire par là que tous ceux qui n'aiment pas le film sont des cuistres).

Ce n'est pas un film de premier de la classe, Woody Allen n'est plus vraiment un élève, ça fait longtemps qu'il est passé maitre, que l'on n'aime pas ses leçons, soit,..


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