J'ai eu droit à la version du film asiatique = version courte de 70 minutes (la version longue 100 min est prévue pour les occidentaux). Attention SPOILERS !
DBE. Catch the name.
La Fox détient la licence depuis près de 10 ans, mais ce n’est qu’à partir de 2002 qu’elle cherche à produire le film Dragon Ball. Finalement, le projet est officiellement lancé en 2007. James Wong à la réalisation, Brian Tyler à la musique, Ben Ramsey au scénario et Justin Chatwin dans le rôle du héros Saiyen sont les principaux ingrédients d’un film, estimé à 100 millions de dollars, qui manque cruellement de saveur, de magie et d’ambition.
Ramsey avait établi 5 scénarios différents, malheureusement pour les fans, la production Rothman et co. a préféré cibler les 10-12 ans plutôt que la génération des 20-30 ans. Le film ne manque pas de clins d’œil mais ils sont si vains que le fan n’a pas d’autre choix que de rejeter Dragon Ball Evolution. On retrouve également des tas de parallélismes avec d’autres films bien connus : Karaté Kid, Spiderman, Starwars, etc. Mais DBE semble ne pas en tirer l’expérience et paraît daté avant même sa sortie sur nos écrans. Dans cette version, Goku de DB est mélangé à Gohan ado de DBZ (période Bou). Ainsi, Goku, élevé dans les montagnes par son grand-père, va fêter sa 18e année. Au lycée, Goku (surnommé Geeko) est le mal aimé car il est bien différent des autres de son âge. Mais notre héros tombe amoureux de ChiChi (elle aussi adopte la comparaison avec Videl). Les deux individus cachent un même secret (ils savent utiliser leur ki et sont experts en arts martiaux)… Alors qu’ils se découvrent enfin, Goku doit faire face à une tragédie, le meurtre de Gohan. Le petit-fils hérite d’un bâton, d’un kimono orange et d’une boule du dragon mystique. Avant de mourir, le vieil homme lui annonce qu’il doit réunir les 7 boules et prévenir son maître, Roshi. La suite se veut plus fidèle au manga, notamment la rencontre avec Bulma, un Roshi délirant et pervers, Yamcha en mercenaire du désert … mais tout le reste du film est bien trop rapide, ne contient que peu d’affrontements et n’installe jamais de suspens suffisant. Par exemple, l’entraînement de Goku est bâclé car limité à 4 jours (viens que je t'apprenne à maitriser la Force, pardon ton Ki). Ou encore la recherche des boules qui aurait pu être une grande aventure pleine de rebondissements est en fait une suite de scènes anodines. Les flash-back sont trop rapides eux aussi, et leur utilisation change quelque peu la fonction des Dragon Ball. Enfin, l’histoire de Piccolo et de l’Ozaruu tombe comme un cheveu sur la soupe et nécessite des éclaircissements qui ne sont jamais apportés (et ce n’est pas la seule interrogation du film qui reste sans réponse, exemple le pouvoir de transformation de Mai).
Le film est bourré d’humour, mais mal dosé et rarement drôle. J’ai aimé leur Roshi pervers 3 secondes à l’écran. Il y a aussi Justin Chatwin (tête de bite) et ses cheveux, sa connerie, l’épellation de Master, son jet de ki sur Bulma, sans oublier Yamcha qui se fait réchauffer les burnes par un geyser. Donc pas mal de comédie, peu d’action et beaucoup de romance : c’est le point noir, car le manga n’en contient finalement pas tant que ça (dans DBE, Goku pense plutôt avec sa queue – la vraie, pas celle de singe, car elle n’est pas présente ici). J’ai parfois eu l’impression de me trouver devant un shojo. La relation Goku-ChiChi pue durant tout le film et prend beaucoup trop de place. Bien sûr, ChiChi qui promet à Goku un baiser (et plus si affinités) s’il achève son entraînement, c’est cool, mais notre Goku n’aurait jamais eu besoin de cette force motivante pour parfaire son art (en plus, le film est à côté de la plaque à ce sujet : Goku ne se sent pas prêt, triche dès qu’il peut… ce n’est pas ça du tout). Quant à Bulma et Yamcha, c’est du copier/coller de Han Solo – Princesse Leia. Lui joue le bad boy plein de ressource qui doute sur la mission, elle la fille super motivée, sexy et rusée (bien que ses tentatives de bluff échouent constamment). « - Je ne suis pas si mauvais que ça, quand on me connaît. – J’aime peut-être les mauvais garçons… » Bref un pseudo coup de foudre non consommé.
L'interprétation n'a rien de génial, mais en même temps c'est tiré d'un manga, on ne demande pas du shakespeare. Il n'y a qu'Emmy Rossum, et à la limite Yun-Fat qui cabotine (mais c'est le rôle qui veut ça) qui élèvent le niveau de jeu. En plus je trouve que le film aurait très bien pu introduire Tenshinhan ou Krilin au "tournoi" (il n'existe pas vraiment dans DBE car il s'agit de qualification régionale à laquelle participe uniquement ChiChi) ou bien au temple des moines. Enfin je trouve dommage qu'on ne montre pas davantage la population et les ravages de Piccolo (ce qui explique pourquoi Goku ne pense jamais à demander à Sheron de ressuciter les gens tués par le démon, ce qu'il fait tout le temps dans le manga), peut-être pour la version occidentale (la BA montrait la destruction de Paris) ? Sinon on a droit à Mai qui lance une phrase en japonais à une paysanne (je ne sais pas ce qu'elle lui raconte d'ailleurs).
Le Dragon a les boules
Sur un point de vue technique et artistique, DBE est une erreur/horreur. Le montage est catastrophique, on ne sait plus du tout où on est, les scènes s’enchaînent trop vite. Hormis un gros problème de localisation géographique, les décors sont passables (certains ont une texture carton-pâte), mais bien éloignés pour la plupart de ceux qu’on trouve dans le manga. La musique de Brian Tyler est sans doute l’aspect technique le mieux réussi, même si le compositeur ne s’est pas gêné pour prendre ici ou là des rythmes et des sonorités bien connues. Des nouvelles caméras pour des ralentis-accélérés super précis, des caméras sur les points des acteurs, etc… pour ça ? Non franchement Wong doit retourner au bac-à-sable. Quant aux combats, je les trouve trop chorégraphié et peu innovants dans leur déroulement (sauf quand Goku projette ses ennemis dans le lac de lave et se sert de leur corps comme passerelle) . Le montage est souvent en tort, mais ils auraient pu allonger les combats. Très très décevant, surtout qu’ils promettaient beaucoup et avaient de bons cascadeurs. Le pire c'est que le combat final est trop court et mal monté. Le seul truc intéressant sont les styles de combat qui sont bien adaptés et qui différent selon le personnage.
Les costumes créés par l’habilleuse d’Ugly Betty restent moches, peu inspirés par le manga... j’aurais vu davantage de tenues asiatiques pour ma part. Les cheveux sont assez réussis pour Bulma (les mèches bleu fluo sont très bien), voire Goku (sa coiffure s’hérisse toute seule au fur et à mesure qu’il devient plus fort, à la fin du métrage c’est presque celle du manga). Par contre Roshi avec des cheveux, gloups, et Yamcha avec des mèches blondes, beurk ; le pire étant pour Mai, la sbire de Piccolo, qui se coltine la perruque de Mireille Mathieu, ainsi que pour le moine obligé de porter des sourcils en coton. Enfin le maquillage de notre géant vert, pardon nabot vert (oui James Masters est plus petit que Goku), est intéressant mais ne laisse quasi aucune chance à l’acteur qui se retrouve limité à une ou deux expressions faciales. De toute manière, il apparaît 5 minutes dans le film, et ne ferait même pas peur à un gosse de 12 ans.
Les FX... n'ont rien de fabuleux: je n'aime ni l'Ozaruu (qui est un mélange entre Hulk et le Loup Garou de Van Helsing) ni Sheron le Dragon (un dragon bien trop occidentalisé et pas assez mythologique en terme de grandeur). Les décharges de ki ne sont pas mal, mais beaucoup n'aimeront pas cette "énergie fumeuse" que dégagent les corps ou les fameuses chorégraphies des bras.
Note finale : 1/6
_________________ "Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice." - George Orwell
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