Forum de FilmDeCulte

La vie interne d'un hôtel-restaurant et de ses employés dont un un jeune homme anonyme qui vient y chercher un poste de serveur et qui "ne fait que passer" comme tout les autres.

Deuxième film de Roy Andersson après le magnifique Une Histoire d'Amour Suèdoise, Giliap a été en son temps un echec total. Consideré par un critique suèdois comme le plus mauvais film jamais fait, le film n'a eu aucun rayonnement public ou critique (mis à part en France, seul pays à avoir acheté le film à l'époque). Laissé totalement ruiné par cette expèrience et un peu dégoûté du monde du cinéma, Andersson se tourne alors vers la pub et ne reviendra au cinéma que 25 ans plus tard avec Chanson du Deuxième Etage.

Alors est-ce véritablement le plus mauvais film au monde ? Et bien non et je dirais même que c'est presque tout le contraire.
Il est passionnant de voir l'évolution entre Une Histoire d'Amour Suèdoise, Giliap et Chanson (se ses courts-métrages faits entre temps). De voir comment son style s'affirme doucement. Car dans Giliap on retrouve déjà les tableaux fixes et ces situations en apparence totalement anodines qui cachent un espèce de désespoir hilarant et mortifère. Il y a déjà cette utilisation magique des espaces, des silences, de ces monolgues hâchés où explose tout le mal-être et l'absurdité d'une vie sans espoir. Et puis ce soucis du détail, du moindre mouvement, de la suspension du geste dans laquelle se révèle l'humanité, la vraie, celle qui est vivante.

C'est absolument sublime de bout en bout. Cet humour déchirant car totalement noir et desespéré traverse le film et le rend horriblement déprimant. Je crois que le cinéma de Roy Andersson est un des plus morbide et pessimiste qui soit. Cependant ici, comme dans Une Histoire d'Amour Suèdoise, une superbe histoire d'amour se tisse. Elle se tisse dans la douleur mais parvient à s'imposer et à exister avant que le ridicule balancier de la vie ne vienne la briser dans son oeuf.

Il y a dans ce cinéma quelque chose d'unique, une vision de la vie, des hommes et du monde affreusement fataliste mais en même temps pétrie de poèsie et d'un humour comme dernier refuge possible. C'est bouleversant. Un chef-d'oeuvre.

5.5/6

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CroqAnimement votre

Ok, mais comment le voir?

Hein? oui, comment le voir.

http://www.superhappyfun.com 13$, qualité très correcte, STA, il n'y a pas mieux pour le moment je crois.

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CroqAnimement votre

J'avais bien envie de réhabiliter Anderssen après le sublime a swedish love story mais là on retombe dans les sphères de l'infiniment chiant, dans sa manière démesurément surapuyée et balourde de présenter la mélancolie, le désenchantement, le côté irrémédiablement plombé de l'existence. Le casting ectoplasmique et l'histoire d'un inintérêt total n'arrangent rien.

A noter que je viens de tomber sur une itw de DVDrama où Anderssen dit avoir voulu présenter une histoire de manière différente, en se focalisant obstinément sur des moments inintéressants, dans la manière dont les gens se déplacent, ce genre de choses, et qu'il pensait avoir échoué sur toute la ligne, surtout après avoir vu quelques mois plus tard Barry Lindon de Kubrick, qui est devenu un de ses films fétiches.

Un bon petit 0/6 quand même.

Oui je crois surtout qu'Andersson ne s'est jamais remis de l'echec énorme du film, ce qui le pousse à le dévaloriser. Et puis apparement la fin lui a été imposé, il en voulait une différente. Or, cette fin je la trouve justement parfaite. Et puis même si Andersson prétend avoir raté son film, ses oeuvres suivantes prouvent qu'il a décidé de poursuivre dans cette direction plutôt que de revenir vers le cinéma plus "traditionnel" d'Une Histoire d'Amour Suédoise.

En tout cas 0/6, je suis choqué tellement ce film me paraît riche et magnifique. C'est pour moi clairement la quintessence de son art. J'y aime quasiment tout (à part un ou deux courts moments un peu moins brillants) et je trouve le tout déchirant et bouleversant. En plus il y a un romantisme à fleur de peau qui me touche particulièrement. Bref 0/6 !!!

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CroqAnimement votre

Ceci dit à part son premier, je déteste tout ce qu'a fait Anderssen, celui-ci encore plus car c'est le seul délavé de tout esthétisme. Quant à la fin c'est comme les films de tournée générale de bières pour Zad, on se dit ça c'est calibré pour Art Core, le spectateur ultime de l'innocence enfantine et des sacrifices de vierges.