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MessagePosté: 27 Oct 2005, 22:48 
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Les amants réguliers de Philippe Garel

Il ne s'y passe pas toujours des choses passionantes lors de ses trois longues heures mais c'est aussi le propos de ce film au récit totalement libre, composé de moments d'errances et de rêveriee, magnifiés par une superbe et crepusculaire photo en noir et blanc, captant visages et lieux comme autant d'instants photographiés et imprimant durablement la rétine.
Louis Garrel reprend un peu le même rôle que celui qu'il avait dans The Dreamers de Bertolucci dont la vision de mai 1968 était assez naive. Ici le cinéaste filme la fin d'une révolte et le lent retour à l'ordre, auxquels on peut reprocher une certaine demonstrativité dans la caractérisation de certains personnages secondaires...Cela dit le film reste assez léger, libre et distille pas mal d'humour, du moins dans la première partie. Clotilde Hesme, dont c'est le premier rôle, est vraiment convaincante et beaucoup de ses scènes avec Garrel sont très belles.
Description d'amours et d'univers en déliquescence, dans lesquels ceux qui se perdent dans la contemplation et refusent la fuite du temps finissent mal.
Bon film et très belle fin. ;)

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MessagePosté: 27 Oct 2005, 22:59 
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5+++++/6 pour moi. Film imparfait mais majestueux. La première partie est à tomber par terre...
la critique bientôt.


Jack Griffin a écrit:
une certaine demonstrativité dans la caractérisation de certains personnages secondaires...


ouerrkkk... l'affreux néologisme :x

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MessagePosté: 27 Oct 2005, 23:31 
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Zad a écrit:
Jack Griffin a écrit:
une certaine demonstrativité dans la caractérisation de certains personnages secondaires...


ouerrkkk... l'affreux néologisme :x


:P


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MessagePosté: 27 Oct 2005, 23:53 
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Sinon le film est passé sur Arte Mardi...Et apparemment cela serait une version plus longue que celle que j'ai vu en salle. (3heures c'est déjà beaucoup cela dit)


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MessagePosté: 28 Oct 2005, 09:02 
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ah bon ? plus longue de combien ? théoriquement, qq'un me l'a enregistré, donc ça m'intéresse...

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MessagePosté: 28 Oct 2005, 10:29 
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Zad a écrit:
ah bon ? plus longue de combien ? théoriquement, qq'un me l'a enregistré, donc ça m'intéresse...


bah tu regarderas mais peut être ai je mal compris et qu'il voulait passer au départ une version courte pour la télé.


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MessagePosté: 28 Oct 2005, 11:49 
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Jack Griffin a écrit:
Zad a écrit:
ah bon ? plus longue de combien ? théoriquement, qq'un me l'a enregistré, donc ça m'intéresse...


bah tu regarderas mais peut être ai je mal compris et qu'il voulait passer au départ une version courte pour la télé.


La version télé dure 2h55. Donc je pense pas qu'il y ait de différence.


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MessagePosté: 28 Oct 2005, 12:48 
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c'est bien ce que je pensais... juste une différence de vitesse de défilement des images, qui occasionne un écart de quelques minutes...

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MessagePosté: 28 Oct 2005, 14:59 
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LE VENT DE LA NUIT


Pour une nuit, Paris s’embrase. Dans l’enfer anthracite se détachent puis disparaissent de blanches et grises silhouettes furieuses, chargées de pioches, de grilles, de pavés. Les ombres courent, lancent, frappent, hurlent, rampent. Des clameurs montent, des détonations fendent l’air, des gaillards casqués, masqués, visages noircis à la suie de l’Histoire renversent des voitures, les brûlent, construisent des barricades de fortune. Paysage pré-apocalyptique, Mad Max parisien en devenir, objets du quotidien faits armes… Et puis, soudain, la charge. Le flot caparaçonné des matraques fend l’obscurité, glapit, frappe, poursuit. François (Louis Garrel, éblouissant dans les ténèbres), échantillon d’époque, dix-huit/vingt piges, face charbonneuse, se carapate dans les ruelles en courbe, se faufile sous un porche, halète de peur, avale les étages, confie sa pétoche à une porte verrouillée. "C’est vous qui brûlez nos voitures ?" L’ensangloté acquiesce. "Il fallait y penser avant…" Alors il faut ouvrir la fenêtre, s’escamoter au dos d’une cheminée, laisser filer le bruit des bottes et le danger des torches. Puis sorguer sur les toits.


LES ENFANTS DESACCORDES


Ce chef-d’œuvre hors d’haleine existe. Il réside au 68 de la rue Garrel. Son auteur l’a baptisé Les Espérances de feu. Il est parcouru de fulgurances plastiques soufflantes, de Radeaux de la Méduse soixante-huitards, de Floréal révolutionnaire fantasmé. Il s’achèvera bien après l’aurore, quand la sauvage innocence sera tout à fait sortie de la liberté de la nuit pour regagner ses pénates, rêver la révolution prolétaire malgré le prolétariat, sur les cendres d’une insurrection avortée. Qui dans un bain chaud, qui au fond d’un lit douillet bordé par maman, qui autour d’une table sous l’œil malicieux du grand-père (Maurice Garrel, beau à pleurer). On ramasse les godillots terreux sur le tapis, on lave le bistre à la frimousse. Qu’est-ce qu’il reste ? Une poignée de jeunes gens, hier enthousiastes, reniflant l’odeur du Molotov dans leurs paumes blanches et lisses, pansant aujourd’hui leurs doigts endoloris, fatigués. Une nuit d’usure a suffit. Ces Espérances ouvrent Les Amants réguliers. Littéralement. A partir de cette déchirure (il reste alors plus de deux heures de film), une fois les espoirs fusillés, tout devient hébété, las, accablé. Horizontal. Il faudra s’allonger pour recoudre cette cicatrice intérieure, cette plaie ouverte sur elle-même. Troquer les tonnes de shit contre les étendues opiacées. Dormir, s'étirer, rêver d’ailleurs, d’autres films, d’autres fins, d’autres issues, d’autres pertes. Attendre que ça vienne. Attendre, oui, que "des mouvements se forment", qu’une bifurcation du récit nous entraîne sur les pas d’un autre, des autres, ou du couple en titre.


LES HAUTES SOLITUDES


Forcément, dès lors, rien n’a la même saveur. Il faut fouiller pour que le sublime, à nouveau, rejaillisse, par à-coups. Dans la danse, peut-être, qu’on gigote d’un bout à l’autre du cadre, comme auparavant on y jetait les pavés, sur un Vegas anachronique, qui interroge, logique : "Next time tomorrow / Where will we be?". Dans la peinture, dans la sculpture, pourquoi pas, qu’on fignole en suant, pour n’en récolter qu’un "Je l’achète" de mécène. Dans la poésie, sans doute, qu’on griffonne en autiste, sans prendre garde au feu qui menace, dont on peut prétendre n’avoir plus grand chose à faire, mais qu’on susurre quand même aux coins des lits idéaux, tantôt avec l’amour de sa vie (Clotilde Hesme, révélée sous les spotlights), tantôt en mâchonnant son dross du pauvre. A même les corps, en dernière extrémité, qu’on pisse aux pieds de la vierge, qu’on soit fouillé-palpé les mains contre le mur, qu’on dévoile un sexe hors-champ ou qu’on trace ses propres balafres au crayon noir d’amour. Tout cela pour ne constater, au final, que "la solitude qu’il y a dans le cœur de chaque homme". Les sorties possibles se font donc en solo et par le haut. Les uns partent, laissent les autres couchés sur leur malheur, au sommeil des justes ou à leur "connerie" assomptionniste – chacun choisira. Entre-temps auront filé trois heures de creux et de pleins, essentielles bien qu’imparfaites, aux elliptiques intermittences prodigieuses. Comme si, sur ce temps, une révolution avait bien eu lieu, malgré tout.


http://www.filmdeculte.com/film/film.php?id=1314

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MessagePosté: 28 Oct 2005, 15:24 
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ça me donne envie de le voir...


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MessagePosté: 28 Oct 2005, 15:32 
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attention, j'insiste bien, c'est un film imparfait. Mais il y a des hauteurs absolument bluffantes, qui méritent largement le déplacement. Gros coup de coeur pour moi, même si pas 6/6...

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MessagePosté: 02 Nov 2005, 00:18 
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la seule interview que Garrel accepte de donner pour la sortie de son film est dans le nouveau Cahiers du Cinéma, avec Cronenberg en couve.

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MessagePosté: 04 Nov 2005, 00:45 
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J'aurais du me douter... Mais j'ai tenté le coup. J'ai eu tort.

:shock:

J'ai trouvé le film atrocement long. Je veux bien qu'il s'agisse d'un geste d'artiste, d'un portrait générationnel totalement libre, mais bon... faut pas pousser Maurice... Les 3 heures, elles y sont! Et on les sent passer. Notamment dans la deuxième partie du film (au milieu, me disant que c'était presque fini, je me suis dit "bah non... en fait c'est plutot chouette").

Les acteurs sont solides. Y'a pas à dire. Notamment Garrel fils, qui cartonne bien. La photo est splendide, ainsi que les cadrages. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser que le film avait 50 ans de retard. Dans le montage, dans le jeu, dans le son (qualité totalement dégueu, peut être due uniquement à ma copie)... Ca me rappelait les premiers Rohmer...

C'est du matériau typique pour Les Inrocks/Libé/L'Huma/Télérama et toute la brochette des anciens anarchistes. Sans parler des Cahiers qui doivent avoir leur film de l'année. Non, ça je peux pas.


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MessagePosté: 04 Nov 2005, 01:19 
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Noony a écrit:
faut pas pousser Maurice...


non, philippe...

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MessagePosté: 04 Nov 2005, 12:21 
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Localisation: in the forest of the Iroquois
L'expression consacrée étant "faut pas pousser mémé", j'ai pris Garrel père, Maurice donc, qui doit avoir la seule scène qui m'a fait marrer dans ce film.


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