Forum de FilmDeCulte

Ils sont aussi sur Arte.tv jusqu'à mi-Janvier.

Parfait.

Je n'avais pas vu que j'avais un an de retard par rapport au message d'Art Core.

Pareil, j'ai vu mon message du 30/11 et je me suis brièvement demandé si je perdais la mémoire.

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CroqAnimement votre

Il y a plusieurs Mizoguchi disponibles encore quelques jours sur arte. Perso je découvre.

J'ai trouvé très accessible, féroce dans son portrait de la société tout en étant subtilement mené, mais malgré tout peut-être un poil trop "classique", dans le sens où le récit est finalement assez limpide, et du coup je suis un peu en-dedans, pas complètement impliqué.

Alors certes le drame fonctionne bien, toute la montée en pression, à pas feutrés, permet de nous cueillir quand l'amour se révèle enfin, mais si les ramifications de la critique sociale jusque dans la résolution de l'histoire réservent ces moments inattendus (notamment du fait de codes culturels différents), je trouve la partie drame personnel un peu "sur des rails" (pour le dire un peu brutalement, mais peut-être aussi parce que ça me touche moins de manière générale).

Mais bon, c'est pour faire un peu la fine bouche, parce que j'ai globalement beaucoup aimé.
Déjà, le film est visuellement splendide, le noir et blanc est magnifique, la direction artistique est très soignée, on baigne littéralement dans l'époque montrée, ça passe tout seul.
Et ensuite, la critique sociale, la dénonciation jamais ostentatoire de l'hypocrisie, sont franchement bien menées, que ça ne s'arrête pas et que finalement, sans avoir l'air d'y toucher, tout le monde en prend pour son grade.

Une bien belle découverte.

5/6 s'il faut noter

Mizo, ça a un côté un peu "acquired taste", et il faut, un peu comme avec Ozu, s'habituer à ce classicisme apparent. Mais plus on avance dans sa filmo, plus on se rend compte que cette sobriété est en fait une force, parce qu'elle permet de faire ressortir tout ce qu'il y a d'universel (et de terrible, souvent, chez Mizo) dans des récits très, comme tu dis, limpides.

Merci pour ton texte.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Il y a un choc culturel aussi à dépasser avec Mizoguchi, peut-être encore plus que chez Ozu (ce que l’on retrouve moins par contre chez Kurosawa, très influencé par l’occident). Et dans celui-ci, je ne sais pas si l’histoire est limpide, mais qu’est-ce que j’ai trouvé la gestion de l’espace impressionnante, je sais déjà que j’ai très envie de je revoir. Pour la petite histoire l’acteur principal lui avait été imposé, il ne l’appréciait pas à cause de sa réputation de trop en faire, moi il m’a subjugué.

Oui. Mais quand on y pense, les 4 grands du cinéma japonais classique, Naruse, Ozu, Mizoguchi, et Kurosawa (et je n'inclus même pas Kobayashi alors que je pense qu'il est leur égal), la maîtrise exceptionnelle de l'espace, c'est leur plus grand point commun.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Je me souviens d'avoir vu un vieux Mizoguichi des années 30, une comédie, où il montrait des histoires de Milk-bar d'une Université (limite Sauvé par le Gong mais avec des trentenaires), de vacances au ski ainsi que des extrait directs si mes souvenirs sont bons des Marx Brothers.
Assez déroutant par rapport à la fois au contexte du Japon impérial et son identité communiste.

Ha merde cela doit être Jours de Jeunesses d'Ozu en fait

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Effectivement, pour Kurosawa j’avais eu la même sensation devant Sanjuro.

Quand je dis limpide c'est la trame de premier plan, c'est un drame classique d'amour contrarié (même si le début est moins... limpide). Mais oui, je pense tu as raison, la fluidité de la mise en scène, sa gestion de l'espace, participe tout le long à la bonne compréhension du récit, et à son apparente simplicité.

Cool ta découverte Jeronimo. Personnellement tout le début a contribué à brouiller les pistes et quand l'amour éclate entre les deux amants, j'ai juste trouvé ça très beau et très triste. La limpidité s'imposait alors à mes yeux. Mizoguchi juxtapose les deux trames: d'abord l'embrouillamini des intrigues sociales, puis la vérité nue, sobre et au final déchirante de l'amour qui s'accomplit dans la fuite du monde.

Mizoguchi est quand même plus spectaculaire je trouve, que Ozu, qui est quand même souvent très sec dans ses récits et dans sa mise en scène, là où Mizo joue plus frontalement l'émotion et la virtuosité, je dirais que Ozu se restreint un peu trop peut-être à mon gout, là où Mizo est sans limite et universel, osant l'exceptionnel, le tragique et pas seulement le quotidien.
J'aime beaucoup ses films des 40s aussi, Utamaro c'est le premier film que j'ai vu de lui, et c'est la première fois peut-être que j'ai compris ce qu'est la mise en scène, avec l'utilisation de la profondeur et les 2 ou 3 actions simultanées dans l'écran. Les femmes de la nuit est incroyable aussi, son plus sombre peut-être. Bref il m'en reste encore, je déguste ça au compte-gouttes, c'est mon réal préféré je dirais, je traque ses films rares.

Dans les classiques japonais, Shimizu est aussi interessant, avec un gout pour le plan-séquence parfois proche de Mizo, mais aussi une grande simplicité de récits et d'enjeu, des films presque légers, au moins en apparence, pas évident à saisir, faut que j'en vois plus.

Tu attises ma curiosité, je vais essayer d'en voir un.

Oui Mizoguchi c'est un équilibre sublime mais aussi intimidant entre économie de moyens et lyrisme. Ozu j'adore aussi et il y a une grande humilité qui pourrait contribuer à me le faire aimer encore davantage mais il demande un certain effort et pour l'instant j'ai plus d'appétit pour Mizo.