Forum de FilmDeCulte

À Bordeaux, l'inspecteur Baroni enquête sur la mort d'une femme, Mme Morlaix, tombée par la fenêtre de son appartement après une dispute avec son mari. Persuadé de la culpabilité de celui-ci, Baroni s'acharne à vouloir le faire avouer bien que l'affaire soit rapidement classée et qu'une affaire de trafic de drogue secoue la ville et malgré la sympathie latente qu'il ressent malgré lui pour le veuf.

Belle redécouverte pour ce film vu il y a longtemps et que j'avais injustement oublié. Le film est très proche de Garde à vue de Miller alors qu'il lui antérieur d'une année. Ce parallèle est d'autant une évidence que les 2 films partagent à la fois un acteur commun ( Serrault) et le même dialoguiste ( Audiard qui est ici aussi co-scénariste). Là ou Garde à vue offrait une unité de lieu et un huit clos, Pile ou Face jongle dans les décors d'un Bordeaux qui n'avait pas encore fait sa cure de jeunesse.
Serrault était en période de recherche de contre emploi. Il offre ici une partition en retenue d'un personnage ambigu.
Le plaisir du film vient de cette confrontation entre 2 grands acteurs qui jamais ne cabotinent. Noiret est encore une fois excellent dans un rôle de flic pointilleux mais désabusé par son métier. Un flic pas aussi parfait qu'il n'y parait.
Robert Enrico montre encore qu'il est un excellent directeur d'acteurs. Le film impressionne plus par ça que par une réalisation plutôt fade. La postérité retiendra aussi la présence d'une Dorothée, future star des petites têtes blondes, ici en speakerine n'hésitant pas à se dénuder.
L'art des dialogues d'Audiard est encore une fois remarquable. grâce à lui, les joutes oratoires sont un délice. ( « La justice, docteur, c'est comme la Sainte Vierge : si elle n'apparaît pas de temps en temps, le doute s'installe. » )

Le film ose aussi un final immoral.

Si le film est moins entièrement réussi qu'un Garde à vue, il reste un polar à la française de qualité.