1961 : Accattone Magnifique, brutal, très bien joué (j'adore l'acteur principal). 6/6
1962 : Mamma Roma Bouleversant. 6/6
1963 : La Ricotta, sketch de Rogopag Aucun souvenir.
1964 : L'Évangile selon saint Matthieu (Il Vangelo secondo Matteo) Donc mon préféré. Vu un tas de fois, en VHS, au cinéma, en DVD, j'adore. Le regard lourd et accusateur de Pierre vers Marie, vierge enceinte de l'enfant qui changera la face de l'Humanité, les mots poétiques et prophétiques de l'ange asexué Gabriel. L'Evangile, selon Saint Pier, se traduit avant tout par des regards et des paroles. Les paroles du Christ à ses disciples surtout, les paroles du fils de Dieu, du fils de l'Homme, filmées par un homme qui ne croit pas en Dieu. Pour Pasolini l'athée, Pasolini le poète, au delà de tout miracle - d'ailleurs mis en scène dans des séquences totalement dénuées d'emphase -, Jésus est avant tout un homme qui subit autant qu'il choisit un destin hors du commun, un homme à la rhétorique acerbe, un leader politique de gauche. Un saint dans lequel le poète peut se projeter. Sous l'œil de sa caméra, le Christ devient un charismatique défenseur des pauvres, un partisan de l'égalité, un artisan de la révolution. Ultime pied de nez de ce cinéaste communiste qui découvre une époque et la retranscrit dans une adaptation d'une fidélité absolue malgré un budget réduit. Adaptation dont le point culminant reste bien entendu l'enchaînement de prêches de Jésus sur la montagne, dans lequel la grandeur du personnage et de son double cinéaste et martyr s'abandonne dans sa pleine démesure. 6/6
1966 : Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini) "L'absurde Toto, l'humain Toto, le fou Toto, le doux Toto...". C'est par ces mots en chanté que commence cette fantaisie qui constitue le dixième film du poète marxiste. Emmenée par les compagnons de toujours, Toto et Ninetto, cette parabole adopte un ton différent des films précédents du cinéaste et préfigure déjà, à travers le parcours d'un père et de son fils agacés par les commentaires d'un corbeau, l'humour et l'artificielle légèreté de sa future Trilogie de la vie. L'oiseau bavard est-il celui de la fable? Pas tout à fait, mais son ramage se révèle tout aussi considérable. Car ce corbeau est avant tout un intellectuel de gauche dont la parole se veut bien entendu un écho à l'engagement sociologique du cinéaste. Profondément politique, le film se veut une synthèse d'une discussion entre Mao et M. Edward Snow. "Où va l'Humanité?" demande l'un. "Boh..." répond l'autre. Petit essai théorique, Des Oiseaux petits et grands est également un délice cinématographique, dans lequel le moindre détail a son importance (le nom des rues, les panneaux d'indication), scindé en son milieu par une petite fable politique dans laquelle deux moines tentent de parler aux oiseaux et de les initier à l'amour de Dieu. Las, ils se rendent compte que certaines espèces attaquent les autres, persuadées que leur foi les rend supérieurs. Saint-François d'Assise conclut: "Cette inégalité entre classes, entre nations, n'est-elle pas la plus grave des menaces contre la paix?" 5/6
1968 : Notes pour un film sur l'Inde (Appunti per un film sull'India) Bientôt.
1968 : Théorème (Teorema) Découvert quelques années après avoir lu le (très beau) livre. C'est assez fort, mais je trouve ça un peu faible visuellement. Il me semble que c'est son premier film en couleur ? Je préfère le Pasolini en n&b. 5/6
1969 : Médée (Medea) Un jour, je regarderai mon DVD. Mais je ne suis pas très pressé.
1969 : Carnet de notes pour une Orestie africaine (Appunti per un Orestiade africana) J'ai trouvé ça assez intéressant, mais le film aurait mérité un prologue histoire de situer un peu. J'aime la façon dont le film se construit peu à peu sous sa caméra. Et les échanges entre Pasolini et les étudiants africains sont assez intéressants. L'édition DVD est assez grosse (le livret est très intéressant). 4/6
1971 : Le Décaméron (Il Decamerone) 1972 : Les Contes de Canterbury (I racconti di Canterbury) 1974 : Les Mille et Une Nuits (Il fiore delle mille e una notte) J'ai vu (et peu aimé) un de ces trois là, mais j'ignore lequel...
1974 : Salò ou les 120 journées de Sodome (Salò o le 120 giornate di Sodoma) Pour Pasolini, Salo est à l'Italie ce que le régime de Vichy est à la France, un Etat sans réelle légitimité. La République de Salo fut officiellement proclamée le 17 septembre 1943, après que les nazis ont libéré Mussolini pour le mettre à la tête de ce nouveau gouvernement. Royaume de toutes les décadences, ce minuscule Etat fut en son temps le symbole d'un pays tortionnaire et d'un régime corrompu. Théâtre de toutes les injustices, il fut également le lieu de tortures plus immondes que celles évoquées dans le film. Il faut tout le talent du cinéaste pour faire du roman de Sade une métaphore d'un système concentrationnaire qui prévoyait l'avilissement le plus total de l'être humain et la domination de maîtres dégénérés. Et il faut toute la puissance d'une mise en scène travaillée pour placer le spectateur dans cette position hybride, gênante, qui le rend à la fois complice et voyeur des atrocités commises. Une date dans l'Histoire du cinéma. 6/6
_________________ Que lire cet hiver ? Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander) La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)
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