Forum de FilmDeCulte

Au début du XVIIème siècle, les femmes d'une petite ville flamande se préparent à accueillir une garnison espagnole parce que leurs boutiquiers de maris se planquent.

Un temps considéré comme un classique absolu du cinéma français -au même rang que La grande illusion ou La femme du boulanger- cette comédie reste plaisante à regarder grâce à l'exceptionnel niveau de sa technique: non seulement Jacques Feyder et son équipe (superbes décors de Lazare Meerson) sont parvenus à recréer l'atmosphère visuelle des grandes peintures flamandes mais jamais cette ambition plastique n'étouffe le dynamisme de la représentation: une belle variété de procédés est employée pour restituer le grouillement de ce petit bourg flamand et la narration jongle entre les personnages avec une fluidité d'autant plus remarquable que les moyens qui permettent cette fluidité sont invisibles. En effet, le style est d'un classicisme impeccable.

Ce classicisme est à la fois la force de La kermesse héroïque et sa limite. Car c'est une comédie qui manque de fantaisie (à part le personnage du nain Delphin qui apporte une bizarrerie bienvenue et cohérente). L'extravagance associée à la grandeur du cinéma français des années 30 est ici absente. Diluée dans l'abstraction de la reconstitution, la verve satirique ne pisse pas bien loin. Le comique se base sur des ressorts vaudevillesques ou des allusions entendues (les personnages qui posent pour Brueghel le jeune) et les acteurs sont bridés. L'immense Louis Jouvet est ici sous-employé. Par ailleurs, si le jeu sur le hors-champ évoque parfois Lubitsch, on reste quand même à mille kilomètres de la suprême élégance du maître berlinois. En témoigne l'inaptitude des auteurs à varier les tons, à faire prendre au sérieux la romance des jeunes tourtereaux, à faire exister leurs personnages au-delà de leur fonction de pantins dérisoires.
D'où, certainement, qu'après avoir été surestimé, La kermesse héroïque se soit trouvé sous-estimé (ex: la notule du Lourcelles est assassine).

Souvebir diffus du film, plaisant sur la mentalite belge mais il est connunpour avoir déclenché une grosse polémique politique en Belgique et même en Flandre.
Les nationalistes flamands le trouvant trop satirique : https://www.google.com/url?sa=t&source= ... W0BdURBny3

Symétriquement le film aurait été récupéré par Goebbels, en faisant l'equation contre-réforme espagnole (minimisée dans le film) = occupation "éclairée"

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Souvenir diffus du film vu ado, plaisant sur la mentalite belge, mais il est connu pour avoir déclenché une grosse polémique politique en Belgique et même en France.
Les nationalistes flamands le trouvant trop satirique : https://www.google.com/url?sa=t&source= ... W0BdURBny3

Symétriquement le film aurait été récupéré par Goebbels, en faisant l'equation contre-réforme espagnole (minimisée dans le film) = occupation allemande "éclairée".

Ce qui est singulier c'est que Charles Spaak pendant la guerre est resté à Paris contribuant à des productions Continental tout en étant le frère de Paul-Henri Spaak, le premier ministre belge parti à Londres (et plus tard pilier du FDF plutôt remonté contre le régionalisme flamand, ce qui joue dans la polémique)

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Oui, politiquement et historiquement, le film n'est guère étayé donc selon moi, la satire est sans pertinence. Feyder et Spaak ont préféré la farce.


Ce n'est sûrement pas la situation la plus paradoxale d'une époque dont la complexité ne peut être réduite à des équations manichénnes du type "travail à la Continental=collaboration".

Oui il suffit de penser au Corbeau de Clouzot et pas grand monde ne fait cette equation en fait

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman