Forum de FilmDeCulte

Dans cette très vieille forêt, les arbres sont trop hauts, trop larges, trop touffus pour laisser voir le ciel. C’est à peine s’ils s’écartent autour de la cabane où Viktor vit avec sa grand-mère. Aussi, une nuit où une violente tempête a fait s’effondrer les grands chênes, Viktor découvre, médusé, les étoiles qui scintillent dans le ciel. Saisi d’émotion, il discute avec elles, cherche à les attraper, en tombe littéralement amoureux.

Très beau conte au récit simple mais transcendé par la poésie de ses thèmes, ou le trait nerveux et sensible des bois sombres et des nuits étoilées. Peut-être un peu court mais parfaitement recommandable.

_________________
Doll, it's a heartbreaking affair

C'est très bien. Graphisme de fou, scénar à la Lost... Faut s'accrocher mais c'est assez vertigineux. Je remercie la personne qui m'a fait découvrir Andreas car les couvertures sont souvent pas très engageantes.

C'est clair les couvertures sont limites. On me l'a fait découvrir également. C'est très vertigineux.

_________________

Pas d’angoisse particulière pour Jean à l’heure de la rentrée à la grande école. La maîtresse n’a pas l’air d'être commode ni d'appartenir aux derniers modèles du genre mais bon, ce n’est pas l’essentiel. Les choses se gâtent lorsqu’elle demande leur nom aux élèves et la profession de leurs parents pour les noter sur son grand cahier. Son prénom pas de problème, pour papa ça va il est patron, pour maman il a une réponse toute prête : secrétaire. Mais elle est où maman ? Ça fait si longtemps qu’il ne l’a pas vue.

Ca n'a l'air absolument de rien (c'est quoi cette bd pour gamins) mais pourtant le résultat est super touchant, Jean Regnaud parvenant à faire passer, derrière la langue un peu enfantine, de vraies angoisses et une vraie tristesse qui piquent sur le quotidien d'un petit qui est persuadé que sa mère absente est "en Amérique, où elle a rencontré Buffalo Bill". Un sens parfait du récit pour un résultat plus profond qu'il n'y paraît, saupoudré d'influence Sempé souvent très drôle. Et du point de vue du dessin c'est un énorme bonbon. Gros coup de coeur.

_________________
Doll, it's a heartbreaking affair

Oui, beau bouquin. Je redecouvre Emile Bravo.

_________________
Pré Carré

Ces temps ci, la bande dessinée sous contrainte fleurit un peu partout, preuve que l'OuBaPo n'est plus le domaine reservé d'une élite (même si le sigle semble jalousement gardé par JC Menu, cofondateur de l'Association et de l'OuBaPo donc) et a fait son bonhomme de chemin.

Trois lectures récentes dans le genre :



DROLES DE SONNETS de Lécroart chez L'Association.

Lécroart est l'un des champions de la contrainte, toujours partant pour les pousser jusqu'au bout, jusqu'au vertige (mais qu'a t'il donc à prouver ? Peut être juste detourner l'attention d'un dessin parfois un peu laid ? ).

Dans ce livre, il se propose de faire des planches sous la forme de sonnet, autour du principe de rime iconique formés de 2 groupes de 4 vers suivis de 2 groupe de 3 vers distribués du genre abab-abab-ccd-eed. C'est un peu technique comme ça (OuBaPo oblige) mais ça devient passionnant lorsqu'il mèle à ça d'autres contraintes comme le détournement de cases préexistantes (containte transformatrice), ou le recit autobiographique avec respect de l'hemistiche et des rimes feminines et masculines.

Là par exemple, première lecture de gauche à droite, deuxième lecture de droite à gauche sens manga :



Puis un collectif :



POLYOMINOS avec pour les plus connus Matt Broesma, Benjamin Chaumaz, Sacha Goerg, Andreas Kündig... chez L'Employé du Moi.

Là la contrainte est multiple. Une page muette de 20 cases en 4X5, puis dans un deuxime temps les mêmes cases redistribuées dans un autre sens pour faire une histoire différente. Où l'on voit qu'il est difficile d'habiter une contrainte et qu'il ne suffit pas de la respecter pour la réussir. Quand c'est réussi ça donne ça :






Mais quand c'est raté ça donne un truc vaguement absurde, élégant mais un peu creu :






Le livre dans l'ensemble est plutôt bien, maquette élégante et façonnage impeccable.

Pour finir, un collectif dans la collection schampoing



BOULE DE NEIGE avec Trondheim, Sapin, Boulet... chez Delcourt.

On quitte les indépendants pour une "grosse" maison d'édition.
Le receuil réunis des planches faites durant les 24 heures de la bande dessinée, où chaque auteur a 24 heures pour faire une BD de 22 pages, avec comme sujet imposé de commencer et de finir sur une boule de neige.
Au delà de la performance, on se demande ici à quoi peut bien servir la contrainte tant le resultat reste classique. Se démarquent alors ceux qui ont su faire une belle histoire (boulet ou surcouf par exemple), la containte ayant peu de chose à voir là dedans (au passage, ça confirme que la collection schampoing est bien molle). Y'a des jolis dessins :



Mais ça casse pas trois pattes à un canard.

Et la page sexe revient à Joseph Falzon dans Polyominos :

_________________
Pré Carré

Alex Robinson - De mal en pis



BD multiprimé, notamment à Angoulème en 2005, De mal en pis est un gros pavé de 600 pages croisant la vie de plusieurs personnages qui à la fin de leurs études aspirent à diverses choses, le tout tournant autour de la littérature, des comics...Le portrait est très juste, la BD s'évertuant à exposer la vie de ses personnages sans clichés ni propos, le tout entrecoupé de planches questions pour les personnages, qui cultive bien les personnalités de chacun et l'attachement que l'on crée entre nous et eux.

De mal en pis (affreux titre français pour "Box Office Poison") est la première BD de Robinson.

J'en parle affreusement, mais c'est vraiment vraiment bien! Un frangin à Tomine (en plus vraisemblable dans la narration, plus chaleureux, mais tout aussi efficace).

La page de la bd

http://members.aol.com/bopalex/

Si tu as aimé cette BD, je pense que la suivante " Derniers Rappels" te plaira.

_________________
Pré Carré

Mais tout ça n'est pas grand chose comparé aux nouvelles planches de Monsieur Plus.

_________________
Pré Carré

Déjà lu, adoré aussi, mais c'est pas celle que je recommanderais immédiatement.

Château l'Attente raconte l'histoire d'un château isolé, abandonné, et de ces excentriques habitants qui vont lui redonner vie. L'histoire commence avec une version revisitée de La Belle au Bois dormant. Après le départ de celle-ci et de son Prince Charmant, le château quasi abandonné devient un hâve de paix pour les parias et les exclus…

Chronique moyen-âgeuse étalée sur 500 pages qui retrace le quotidien de figures de conte atypiques, notamment une abbaye de femmes à barbe comme symbole d'un récit féministe qui prend de la valeur sur la longueur, en laissant beaucoup de place et de respiration à ses personnages. Visuellement c'est un peu lisse (mais en même temps très soigné et détaillé) et les 100 dernières pages tirent la patte mais sinon j'ai trouvé ça ample et très agréable.



Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin commence un soir pour se terminer le lendemain matin. Pendant ces quelques heures écoulées, nous suivrons 3 histoires. Leurs points communs : un banc, un bar, le canal.

Je crois que j'avais juste pas envie d'histoires qui se terminent au fond du Canal Saint Martin. Même assumé comme tel, le format très court des récits a tendance à me laisser sur ma faim à chaque fois. La deuxième histoire reste tout à fait au-dessus du reste.



Dans les sables mouvants est un témoignage brut, celui d'une jeune femme d’affaire qui choisit de tenir un journal en bande dessinée pour décrire, montrer et se monter l'enfer qu'elle endure avec son compagnon. Elle y détaille les dix années de violences physiques et psychologiques subies, l'infernal tourbillon dans lequel elle se perd et le long chemin pour parvenir à se défaire tout ce temps, des liens qui l’empêche de s'enfuir.

Le style est sommaire mais se concentre surtout sur l'évolution brute et douloureuse du personnage principal, l'auteur saisissant avec une finesse certaine ce qui fait les tenants et aboutissants pervers de la violence dont il est question, celle des coups dans la gueule ou la violence psychologique, plus insidieuse mais tout aussi destructrice. Le traitement est humble, sensible et fort.

_________________
Doll, it's a heartbreaking affair

A l'heure où l'expo un peu fourre tout sur les juifs et la bande dessinée occupe les médias (relativement hein, c'est pas hollywood), d'autres expos ont lieu ou ont eu lieu, et en plus elles ont débouché sur de beaux bouquins.

Hop, revue rapide de trois d'entre eux.



TOY COMIX, collectif chez L’Association.

L'expo est bien, c'est jusqu'au 9 mars à la galerie des jouets du Musée des Arts décoratifs (un peu petit mais bien).

18 auteurs maison de L'Association ont chacun choisi un jouet du musée est ont produit trois planches de BD le mettant en scène.
Par exemple ce jouet :

[

et Catherine Meurisse en tire trois page (là c'est la page 2) :



Ensuite une équipe détachée de l'OuBaPo s'est atelée à en tirer des strips :



C'est de très bonne tenue en général, avec dans les participants des inconnus et des incontournables (tous très bien choisis). Le livre est bien fait, il tourne autour de la question de l'enfance mais sans naïveté, plutôt avec soulagement ou ironie même, et l'ensemble évite bien les pièges du sujet.
On verra aussi les installations de Blanquet ou Sardon (reproduites dans le livre) et les récits de chacun des auteurs autour d'un jouet de leur enfance.
Seul regret, l'installation Ferraille n'est pas reproduite dans le livre, mais laisse place tout de même à quelques pages pas mal du tout.
Tiens, le lien pour le supermarché Ferraille :
http://supermarcheferraille.free.fr/
et le lien del'emission de France culture sur l'expo :
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/surpris/fiche.php?diffusion_id=56637

Très différent :




CONTRE LA BANDE DESSINEE de Jochen Gerner, chez L'Association

Gerner a compilé ce qu'il lisait/entendait sur la bande dessinée, lieux communs et absurdités, et il en a fait un livre illustré très subtil, où la forme contredit les textes et montre avec beaucoup d'ironie les potentiels du médium.
C'est à la fois savant, ambitieux et un peu chiant (mais on n'est pas obligé d'être toujours dans le spectaculaire), parfois répétitif et très intelligent.
Et d'une certaine manière c'est très beau.



La matière première de ce livre est exposée en ce moment à la librairie Monte en L'air dans le 20eme, jusqu'au début février.

Et enfin ça :


10X10, collectif chez Atrabile, un grand livre de 26 X 44 cm

L'expo est finie et elle a eu lieu à Lorient.
Pour les Dix ans de la maison Atrabile, les auteurs maison ont été invité à exposer chacun 100 post-it (en carré de 10 x 10). Certain ont fait de la bande dessinée, d'autre de grandes images en quelque sorte pixelisées. Je sais pas pour l'expo, mais le livre est assez classe, et il y a de beau tours de force comme le Ibn Al Rabin (of course) ou le Ruppert et Mulot qui se sont amusés à foutre des post-it n'importe où.

Là, un petit paquet de post-it au sol :



Et le post-it sexe égosexuel de Wazem pour finir.

_________________
Pré Carré

Si c'est comme la majorité de ses prods ..........c'est la fête.

_________________

Effectivement :
http://www.septiemechoc.fr/albums.php?idAlbumBd=40&PHPSESSID=3ac050104344305d8584fd7fb13cbcc3

Et ce serait pas plus logique de s'appeler "Neuvieme choc" ?

_________________
Pré Carré