Forum de FilmDeCulte

J'ai regardé ça hier sur Arte (lol).

J'ai bien aimé mais ça manque de punch (et vu que c'est assumé par Antonioni, c'est le moins que l'on puisse dire).
Il faut prendre ce film, je pense, comme une contemplation de bout en bout, une contemplation très cérébrale et esthétique (par définition) de l'évolution d'un couple à partir de la mort de leur meilleur ami. La ballade de Jeanne Moreau dans Milan résume bien ça: pauvreté de l'intrigue mais richesse de ce qu'il y a à comprendre.
Tout ce qui est dit sur le couple (plutôt ce qui ne nous est pas dit en fait) est super intéressant. Maintenant, je pense que même dans la contemplation une scène comme celle de la fête mondaine, par exemple, aurait gagnée à être raccourcie... Car je me suis bien fait chier au bout d'un moment!
La dernière scène par contre elle est vraiment excellente. Tout paraît si simple et si compliqué à la fois, dans ce couple d'intellos.

4.5/6 (bon c'est un peu une note absurde vu l'excellence de la mise en scène, de la photo, des acteurs et du propos..., mais quand on s'ennuie un peu...)

Pourquoi c'est drôle?

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Why there is so much trouble in this world?

Parce que c'est Arte ! LOL MDR.

Non, parce que c'était hier.
Ca fait opportuniste. De loin.

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Un barbu remplace un coeur pour me plaire...

Voila, ça fait un peu candide qui saisit tous les classiques quand ils passent à la TV (je rappelle que j'ai pas une grande culture ciné)

Il n'y a rien de honteux à découvrir le cinéma (et donc les classiques) à travers la programmation télé. Je pense qu'on est beaucoup à être passé par là.

J'aime beaucoup La Notte, peut-être moins que d'autres films d'Antonioni, mais quand même. Comme tu le dis, ça tourne quand même autour de ce qui est peut-être LE grand sujet du cinéma moderne : le couple en crise, amené par Rossellini en 1953 avec Voyage en Italie. Cette thématique a totalement dynamité le récit classique de l'intérieur, en en déplaçant les enjeux et en amenant les cinéastes à raconter autrement. Ce qui se joue entre le personnage est de l'ordre du non-dit, du refoulé, il a donc fallu trouver un moyen pour le mettre en scène.

Je trouve La Notte peut-être un peu moins aventureuse que L'Avventura (1960), notamment parce qu'il identifie le point de vue externe, on sait que c'est Moreau qui épie Mastroianni et Vitti par exemple, alors que dans L'Avventura, puisque Antonioni avait décidé de supprimer le plan sur le cadavre, on essaye toujours d'identifier le point de vue en le rapportant à ce personnage alors qu'il est un point de vue neutre : du moins un point de vue abstrait, non confié à un personnage.

Sinon c'est assez incroyable de voir à quel point ce cinéma est en phase avec son époque, cadré avec une vision d'artiste total, qui est tout à fait en prise avec son temps. Les préoccupations esthétiques d'Antonioni sur ce film se retrouvent en effet chez Fellini (I Vittelloni, La Dolce Vita), chez Rivette (Paris nous appartient), chez Resnais surtout (L'Année dernière à Marienbad, Muriel ou le temps d'un retour) et même Godard (Le Mépris est très proche de ce film).

6/6

La Notte : la plaie du développement écrit.

Pour tous les célibataires (dont moi), il y a une belle phrase comme il en foisonne dans La Notte:
"Je ne suis pas en couple, cela doit être parce que je suis trop sensible..."
C'est beau

Ca rassure ?

Mais on est pas loin de "Je ne suis pas en couple, cela doit être parce que je suis trop susceptible".

Je trouve que les gens confondent de plus en plus sensible et suceptible.

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Un barbu remplace un coeur pour me plaire...

eh, les deux peuvent aller ensemble
A la base moi je voyais ça plutot comme: pour être en couple il faut faire des sacrifices à son ego et rentrer un peu plus sa sensibilité... En somme le couple est vu comme une institution, où la sensibilité est forcément altérée...

Mais effectivement on peut aussi prendre ça comme: je suis trop sensible/trop susceptible, donc je n'ai jamais supporté les remarques éventuelles du conjoint, ou personne ne m'a supporté pour ça, etc.

A noter que, entres autres potentiels "héritiers", la foudroyante première partie de Lost Highway peut etre considérée comme la Notte lynchienne : même motif de couple désuni réduit à deux corps partageant un même espace de non-vie, un no man's land glacé où ils s'évitent, se frôlent parfois sans jamais plus se rencontrer, même hébétude ayant remplacé la passion, même tristesse de s'apercevoir que les cendres sont froides et que plus rien ne pourra les ranimer.

Je l'ai trouvé superbe, sur cette histoire de couple en crise, de personnages perdus, mais surtout dans la deuxième partie, dans la représentation du mode de vie ludique comme soulagement et à côté d'une perte de production, d'une absence d'oeuvre. Le travail salarié lui même s'intègre d'ailleurs discrètement dans ce mode de vie par la proposition de l'indistriel à l'écrivain.

Le tout est sublimement incarné en quelques plans où discrètement, ce soulagement, ce passe-temps, sont apréciés en tant que contrpartie de ce malaise

Les deux femmes, illustrent elles-aussi ces deux états d'esprit, et la crise du couple incarne aussi la dernière tentative pour vivre cette vie productrice, celle autour de laquelle l'écrivain a vécu avant la crise. le temps les a marqué, les a vaincu, et a vaincu leurs focres. On s'essaie à autre chose, une autre femme, un employeur, des jeux, mais rien n'y fait, c'est l'ecrivain qui doit refaire surface, il ne peut y avoir que lui, même s'il c'est perdu.

Un superbe film profond et magnifiquement et subtilement illustré sur le temps et la condition de l'homme... 6/6

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C'est moins la connerie que le côté attention-whore désoeuvrée plutôt pête-couilles et désagréable que l'on relève chez moi, dès lors que l'on me pratique un peu.

Espace branleurs

J'ai toujours pensé que la première partie de Lost Highway était une synthèse presque parfaite entre Antonioni et Hitchcock, ce qui n'est pas rien.

"Sa silhouette est la seule à rester nette dans tout le paysage. Peut-être vient-il tous les jours ici, à la même heure, et montre t'il du doigt…Que sais-je? Le monde peut-être, c'est-à-dire le vide au-delà de l'espace vide. Mais cette fois-ci, il y a quelque chose de nouveau dans la scène, quelque chose de plus, l'accusé c'est moi. Et je sens avec surprise que j'ai un vague sentiment de culpabilité au fond de la conscience, qu'il affleure comme une ombre de doute hitchcockienne qui descendrait sur la consistance de ma vie." (M.A.)

Bienvenue.