Forum de FilmDeCulte

Très intéressant point de vue de Latique.
Concernant le flou sur le fait qu'ils subissent ou pas ce mode de vie, l'enquête dont est tirée le film est limpide sur le sujet : ces gens sont à la rue à la suite de la crise des subprimes. Ce n'est pas du tout un mode de vie choisi.
Ce film me met mal à l'aise par rapport à ça car il laisse subsister le doute que peut-être ces gens ont voulu retrouver le mode de vie des premiers pionniers.
Cette absence de positionnement politique en cachant l'origine des malheurs de ces gens est une faute morale de la part de la réalisatrice.

Il y a aussi chez beaucoup d'américains cette acceptation méthode Coué que le système est dur mais que c'est le prix à payer, que "c'est comme ça". Cf. les arguments de toute une frange de la population contre la couverture santé. "Des soins moins chers ? Si ça me fait payer plus d’impôts ou me prive de ma liberté de choisir ma propre assurance, no way!" Je caricature, mais à peine.
Le film ne force pas le trait sur les lamentations du mode de vie subit car il existe aussi ce point de vue "Ouais je vis dans un van mais au moins je suis libre et ça vaudra toujours mieux que d'être dépendant du méchant government" Le film commence sur un laïus sur la fermeture d'une usine, par la suite Fern parle ouvertement des subprimes... On sait bien que c'est des déclassés ou des gens qui ont perdu des choses, le film est clair là-dessus.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Mais oui, je suis surpris de lire une quelconque ambiguïté sur le sujet. Le film te montre clairement que les gens sur la route sont les déclassés du système.

C'est clair pour Fern, mais pour les autres nomades ?
Et il y a plein de choses qui sont dans l'enquête et pas dans le film : le fait qu'ils sont en mode survie, qu'ils acceptent des petits boulots pénibles et mal payés, qu'ils sont souvent vieux et donc pas en bonne santé et que les jobs qu'ils acceptent ne conviennent pas à leur état, qu'ils sont obligés de se déplacer pour leur job et pas parce qu'ils ont envie d'aller dans telle ou telle ville.
Dans ce film c'est présenté presque comme une errance bucolique en mode je profite du moment présent et des oiseaux, et que de temps en temps ils taffent. Ben non. L'enquête est super rude.

Le problème, c'est justement que le film dit qu'ils aiment leur servitude.

Quelle bande de salauds

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Pas vraiment un laïus: juste un carton constatant la fermeture de l'usine, sans donner aucun motif. Même "Star Wars" fait des cartons plus longs.

La discussion m'amène à une question : attendez-vous d'un film politiquement réussi qu'il soit le moyen d'une prise de conscience chez le spectateur, ou bien au contraire sa trace, à supposer qu'elle existe sans lui mais peut disparaître. Peut-il être les deux à la fois (oui si je pense à A propos de Nice, mais c'est parce que la forme esthétique du film, singulière, a disparue) ?

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Vous avez quatre heures.

Le film a le mérite de présenter un monde rarement vu et de s'en servir pour évoquer le no man's land qu'est la vie passé un certain âge, quand on n'a plus de conjoint, plus de travail, plus de maison, qu'on attend de mourir. Je réalise que j'ignorais ce dont parlait le film en réalité et sur ce point, il m'a surpris, ne me laissant pas vraiment anticiper ce qui allait suivre.

Après, je mentirais si je disais que j'avais pas trouvé le temps long. Au-delà de ses qualités objectives, comme McDormand, à des kilomètres de ses personnages les plus connus et parfaite, ce n'est pas un film qui me parle, dans son fond et encore moins sa forme, n'en déplaise aux 28544 Jolis Couchers de Soleil™.

En gros, je pense pas rattraper ses précédents...alors que je verrai les suivants (un Marvel et...un Dracula).

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Je suis entre l'avis d'Art Core et celui de latique qui explique parfaitement ce qui m'a agacé.

Bien sûr que Zhao pointe du doigt la cause de cette errance (fermeture d'usine, retraite insuffisante). Mais il y en a finalement peu de traces dans ce qui est montré de leur vie à l'écran. Est-ce que le propos ne serait pas à chercher dans une forme de renversement hégélien où l'esclave qui travaille la terre (en l’occurrence ici arpente le monde) devient libre?

C'est à lier à la trajectoire de la protagoniste. Mon interprétation: c'est une femme qui aurait voulu continuer à rendre vivant le souvenir de son défunt mari, en restant habiter là où ils ont vécu. Mais la fermeture de l'usine, qui pour elle n'a pas concrètement signifié une perte d'emploi mais plutôt une perte de communauté, l'a jetée sur les routes, comme l'âme d'un indien d'Amérique qui erre sur les plaines en l'absence de sépulture. Le personnage ne peut se fixer nulle part parce que son chez elle matériel et affectif a péri avec l'usine. C'est tout de même très politique.

Reste que le film manque de la pureté et de la puissance de The Rider. L'enchaînement des scènes aux objectifs proches m'a un peu désappointé. Alors que le film ne dure qu'une heure 45, on pense qu'il va finir à au moins trois reprises, ce qui n'est jamais bon signe. Et trop de couchers de soleil + musique d'Einaudi.

Jamais écrit cela. Sinon même constat que toi et Freak. Je reconnais des qualités au film mais pas rentré dedans plus que cela.