wikipédia a écrit:
L'ile de San Piedro, dans le Pacifique Nord, en 1950. Les Americains de souche tolerent les Japonais qui y vivent, mais le souvenir de Pearl Harbor est encore tenace dans les esprits. La mort mysterieuse du pecheur Carl Heine va envenimer les relations entre les deux communautes car Kazuo Miyamoto est le coupable tout designe. Le jeune reporter Ishmael Chambers va couvrir le proces. L'affaire a pour lui une signification toute personnelle, puisque la femme de Miyamoto, Hatsue, a ete son premier amour, avant qu'elle ne connaisse la deportation au camp de Manzanar.
Juste parce qu'il n'avait pas encore son topic ici mais pas que ...
Non je vais devoir me creuser la tête un peu plus quand même
L'autre jour j'ai regardé 45 minutes en streaming de
The Lucky One, et j'avoue : j'ai éprouvé une honte énorme devant l'inanité de la chose. Le pire étant que dans une lecture "auteur" ça pourrait chercher à se défendre avec quelques scènes qui rejouent quelques éléments de ce "Snow" dans l'intro et le trauma du héros, mais ça apparait globalement lamentable. Je ne sais pas si Hicks s'en fiche pour le chèque ou a seulement plaisir à filmer de belles localités. Sur
The Boys are back, assez autobiographique pourtant, je le trouvais déjà assez peu inspiré et trop soucieux de la mise en valeur de ces paysages.
On pourrait faire presque le même reproche à ce
Snow falling on cedars en jugeant superficiellement sa photo qui éclate les yeux d'ailleurs. J'ai eu envie de revérifier (comme tous les ans
) que je ne me grillais pas trop le cerveau sur ce film. Et à mon sens ça reste l'un des films hollywoodiens les plus passionnant de son époque. Scott Hicks a eu probablement un état de grâce sur deux films, je n'y inclurais même pas tellement
Shine dedans ; celui là et
Coeurs perdus en Atlentide, plus classique mais passionnant également. Et puis son doc sur Glass peut-être...
Dans
Snow falling on cedars, les souvenirs errants sont la matière même du film, sans avoir besoin d'une structure pré-établis ni de discours justificatifs: ils fonctionnent comme un biotope brut, sans commentaires. Contrairement aux flash-backs de films de procès classiques, Scott Hicks a opté pour une construction véritablement organique, à la fois pour le personnage déstructuré d'ishmael Chambers, mais aussi pour la communauté portraitisée dont l'idéal de cohabitation hypocrite a été brutalement remis en question. Le film vis vraiment l"Histoire sur un plan émotionnel et à fleur de peau. Hicks d'ailleurs s'est amusé à mélanger le vrai et le faux en incluant dans la reconstitution de nombreux figurant ayant vécus les exclusions historiques, captés au détour de certains plans fugaces...
Les quelques plans des camps d'internement des nippo-US, là aussi figurés entre reconstitution et quelques images de montage, m"y semblent bien plus fort que dans le récit pompier "Bienvenue au paradis", sans doute parce que le film insiste plus sur l"exclusion d'une population sois-disant intégrée. La scène de plus de 10 minutes complètement muette sur l'exode des japonais de l'île en véritable chemin inverse d'Ellis Island est édifiante, mais bien plus forte que toute l'accumulation de brimades étalée dans le film d'Alan Parker comme dans un clip.
C'est assez hallucinant d'avoir réussis à imposer à Universal cette construction, un montage sensitif et kaléidoscopique à la dramaturgie très lâche, sans même une voix off ou des échos pour que le spectateur se raccroche dans la sécurité du langage. Le genre de carte blanche très fugace que peut avoir un réal là aussi à un certain moment de sa carrière?
Le personnage de Hawke ne fait rien pour se faire aimer, à étaler tous ses défauts apparents vis à vis du personnage d'Hatsue,
, dans la scène la plus forte du film.
Le film de procès fonctionne également avec des acteurs qui n'ont rien de stars du prétoire, avec un Von Sydow diminué qui a droit à une plaidoirie au couteau filmée en une prise très sérrée. On est assez loin de
To Kill a mocking bird[/i, roman et adaptation dont certains éléments sont détournés en miroir (, la mort de l'enfance là où le classique de Mulligan transcende ce regard face à l'horreur).
La salle de plaidoirie cocote-minute et sacralisée en rajoute d'ailleurs une couche comme élément assez unique dans le genre, se joignant en réalité pleinement à la dimension organique de la mémoire. On transpire à n'en plus finir, on allume des bougies comme à l'église et les images surgissent de partout.
Le monteur Hank Corwin, le compositeur James newton Howard et le chef opérateur Robert Richardson sont tous dans leur meilleur aussi, ce film est vraiment une rencontre, une possibilité unique donnée à un réalisateur qui n'est sans doute pas un génie d'avoir les collaborateurs et le sujet de sa vie. Tout en tâchant de structurer son récit principalement de souvenirs flottants et cruels, ... Ici Hicks mélange Flash-Back et Flash-Forward dans une même séquence sans gêne. Toutes celles dans le seul moment entièrement lyrique sur la plage de Tarawa, où les silhouettes d'enfants rattrapent le soldat échoué (parmis d'autres, nus dans le sable) ont du marquer quelques images récentes, peut-être l"intro d'[i]Inception... Comme après dans
Coeurs perdus en Atlantide et la scène de Piano de
Shine, on se rend compte aussi que Hicks avait potentiellement un vrai talent à intégrer une séquence de montage assez complexe en position centrale dans un film relativement paisible.
Même la libération finale du héros est traitée particulièrement "à plat" finalement, là aussi en détournant un autre mythe du cinéma américain,
. Il y a bien quelques trucs maladroits que j'accepte un peu plus comme tel maintenant, malgré mon amour pour ce film, comme les référence gros sabots au "7ème sceau" via Von Sydow dans quelques plans, mais c'est toujours un film méconnu que j'aurai chaudement envie de recommander.