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MessagePosté: 31 Aoû 2012, 00:03 
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wikipédia a écrit:
L'ile de San Piedro, dans le Pacifique Nord, en 1950. Les Americains de souche tolerent les Japonais qui y vivent, mais le souvenir de Pearl Harbor est encore tenace dans les esprits. La mort mysterieuse du pecheur Carl Heine va envenimer les relations entre les deux communautes car Kazuo Miyamoto est le coupable tout designe. Le jeune reporter Ishmael Chambers va couvrir le proces. L'affaire a pour lui une signification toute personnelle, puisque la femme de Miyamoto, Hatsue, a ete son premier amour, avant qu'elle ne connaisse la deportation au camp de Manzanar.


Image

Juste parce qu'il n'avait pas encore son topic ici mais pas que ...
Non je vais devoir me creuser la tête un peu plus quand même :)

L'autre jour j'ai regardé 45 minutes en streaming de The Lucky One, et j'avoue : j'ai éprouvé une honte énorme devant l'inanité de la chose. Le pire étant que dans une lecture "auteur" ça pourrait chercher à se défendre avec quelques scènes qui rejouent quelques éléments de ce "Snow" dans l'intro et le trauma du héros, mais ça apparait globalement lamentable. Je ne sais pas si Hicks s'en fiche pour le chèque ou a seulement plaisir à filmer de belles localités. Sur The Boys are back, assez autobiographique pourtant, je le trouvais déjà assez peu inspiré et trop soucieux de la mise en valeur de ces paysages.

On pourrait faire presque le même reproche à ce Snow falling on cedars en jugeant superficiellement sa photo qui éclate les yeux d'ailleurs. J'ai eu envie de revérifier (comme tous les ans :)) que je ne me grillais pas trop le cerveau sur ce film. Et à mon sens ça reste l'un des films hollywoodiens les plus passionnant de son époque. Scott Hicks a eu probablement un état de grâce sur deux films, je n'y inclurais même pas tellement Shine dedans ; celui là et Coeurs perdus en Atlentide, plus classique mais passionnant également. Et puis son doc sur Glass peut-être...

Dans Snow falling on cedars, les souvenirs errants sont la matière même du film, sans avoir besoin d'une structure pré-établis ni de discours justificatifs: ils fonctionnent comme un biotope brut, sans commentaires. Contrairement aux flash-backs de films de procès classiques, Scott Hicks a opté pour une construction véritablement organique, à la fois pour le personnage déstructuré d'ishmael Chambers, mais aussi pour la communauté portraitisée dont l'idéal de cohabitation hypocrite a été brutalement remis en question. Le film vis vraiment l"Histoire sur un plan émotionnel et à fleur de peau. Hicks d'ailleurs s'est amusé à mélanger le vrai et le faux en incluant dans la reconstitution de nombreux figurant ayant vécus les exclusions historiques, captés au détour de certains plans fugaces...

Les quelques plans des camps d'internement des nippo-US, là aussi figurés entre reconstitution et quelques images de montage, m"y semblent bien plus fort que dans le récit pompier "Bienvenue au paradis", sans doute parce que le film insiste plus sur l"exclusion d'une population sois-disant intégrée. La scène de plus de 10 minutes complètement muette sur l'exode des japonais de l'île en véritable chemin inverse d'Ellis Island est édifiante, mais bien plus forte que toute l'accumulation de brimades étalée dans le film d'Alan Parker comme dans un clip.

Image

C'est assez hallucinant d'avoir réussis à imposer à Universal cette construction, un montage sensitif et kaléidoscopique à la dramaturgie très lâche, sans même une voix off ou des échos pour que le spectateur se raccroche dans la sécurité du langage. Le genre de carte blanche très fugace que peut avoir un réal là aussi à un certain moment de sa carrière?
Le personnage de Hawke ne fait rien pour se faire aimer, à étaler tous ses défauts apparents vis à vis du personnage d'Hatsue,
jusqu'à ce qu'explose son infirmité physique, visible dés le début mais habilement peu mise en avant par la mise en scène
, dans la scène la plus forte du film.
Le film de procès fonctionne également avec des acteurs qui n'ont rien de stars du prétoire, avec un Von Sydow diminué qui a droit à une plaidoirie au couteau filmée en une prise très sérrée. On est assez loin de To Kill a mocking bird[/i, roman et adaptation dont certains éléments sont détournés en miroir (
La génuflexion en contrechamps de la communauté minoritaire sur son sauveur wasp qui n'a presque rien d'un héros
, la mort de l'enfance là où le classique de Mulligan transcende ce regard face à l'horreur).
La salle de plaidoirie cocote-minute et sacralisée en rajoute d'ailleurs une couche comme élément assez unique dans le genre, se joignant en réalité pleinement à la dimension organique de la mémoire. On transpire à n'en plus finir, on allume des bougies comme à l'église et les images surgissent de partout.

Le monteur Hank Corwin, le compositeur James newton Howard et le chef opérateur Robert Richardson sont tous dans leur meilleur aussi, ce film est vraiment une rencontre, une possibilité unique donnée à un réalisateur qui n'est sans doute pas un génie d'avoir les collaborateurs et le sujet de sa vie. Tout en tâchant de structurer son récit principalement de souvenirs flottants et cruels,
en ayant pas peur d'une histoire basée sur un accident banal qui détruit potentiellement tout climax
... Ici Hicks mélange Flash-Back et Flash-Forward dans une même séquence sans gêne. Toutes celles dans le seul moment entièrement lyrique sur la plage de Tarawa, où les silhouettes d'enfants rattrapent le soldat échoué (parmis d'autres, nus dans le sable) ont du marquer quelques images récentes, peut-être l"intro d'[i]Inception
... Comme après dans Coeurs perdus en Atlantide et la scène de Piano de Shine, on se rend compte aussi que Hicks avait potentiellement un vrai talent à intégrer une séquence de montage assez complexe en position centrale dans un film relativement paisible.

Même la libération finale du héros est traitée particulièrement "à plat" finalement, là aussi en détournant un autre mythe du cinéma américain,
Casablanca
. Il y a bien quelques trucs maladroits que j'accepte un peu plus comme tel maintenant, malgré mon amour pour ce film, comme les référence gros sabots au "7ème sceau" via Von Sydow dans quelques plans, mais c'est toujours un film méconnu que j'aurai chaudement envie de recommander.


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MessagePosté: 31 Aoû 2012, 02:28 
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Allez tu m'as convaincu, je vais essayer de me le voir le mois qui vient.

Pour poster une critique de blasé.


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MessagePosté: 31 Aoû 2012, 08:08 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Puitain de choc quand je l'avais découvert il y a quelques années. J'avais trouvé ça absolument somptueux de bout en bout. Je me souviens d'avoir pensé que c'était le film le mieux monté que j'avais vu.
J'ai peur de le revoir du coup tellement j'avais été sous le charme.

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 31 Aoû 2012, 08:44 
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Tom a écrit:
Allez tu m'as convaincu, je vais essayer de me le voir le mois qui vient.

Pour poster une critique de blasé.


stress

Art Core a écrit:
Je me souviens d'avoir pensé que c'était le film le mieux monté que j'avais vu.


Très étonnant qu'il n'ait pas eu cette nomination aux Oscars... Seul Richardson y a eu droit. Corwin n'a monté que 11 films à ce jour il est rare (et il monte les deux derniers Mallick avec 3 à 4 autres personnes créditées)... A elle seule la team Corwin/Richardson était capable d'ailleurs d'insuffler beaucoup de plus-value à un film comme L'homme qui murumurait à l'oreille des chevaux...

J'espère qu'on aura un jour une édition Blu-Ray de ce film et qu'il ne sera pas condamné au Cdiscount à 0,50 centimes à vie (même si s'est bien, ça donne toujours une occasion de le voir facilement).


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MessagePosté: 31 Aoû 2012, 10:12 
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Mr Chow a écrit:
Tom a écrit:
Allez tu m'as convaincu, je vais essayer de me le voir le mois qui vient.

Pour poster une critique de blasé.


stress

Ouais, si c'est naze j'exige que tu me rembourses mes 50 centimes de Cdiscount.


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MessagePosté: 02 Déc 2012, 00:02 
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Mr Chow a écrit:
stress

Bon.

Je n'arrive pas tout neuf sur ce film : la BO hyper inspirée que mon oreille a régulièrement croisé depuis 10 ans, les images que j'en ai vu en récupérant la copie... J'ai eu le temps de construire une attente, d'espérer de ce film un accomplissement de cinéma romantique (au sens du romantisme, le courant) ; ce en quoi, je crois, je ne me suis pas trompé. Tout est là : une exacerbation des sentiments dans une élégance feutrée, le fait de jouir immédiatement du crève cœur qu'est l'amour d'enfance, le ciel qui chiale neige et tempête à l'unisson des traumas intimes... Toute la mélancolie du monde.

Hicks a clairement le fantasme de ce film-là. Pour moi, ce montage que tu décris est moins l'affaire d'une liberté subversive, que la concrétisation très basique, très innocente, de cet idéal : attraper ce gaz au vol. Distiller l'essence romantique de l'habituelle dramaturgie qui la sécrète, pour en jouir directement, presque sans détours scénaristiques, avec ce que cela comporte de risques (le kitsch, le chromo, l'épanchement too much de la musique : bref, au risque d'une certaine artificialité). C'est un projet que je pourrais partager, pour lequel j'ai en tout cas de la sympathie.

Et pourtant je ne peux qu'en constater le relatif échec. Je n'ai pas ressenti grand chose ; pire, j'ai été frustré tout au long du film de ne pas ressentir grand chose, quand tout ce que je voyais (ce décor dans la tempête, cette histoire, ces images, cette musique) m'apparaissait intelligement calibré, cohérent, prêt à déployer un chef-d’œuvre. Hicks n'a pas la patience du semeur, il veut immédiatement récolter les fruits, et illustre au final le romantisme plus qu'il ne l'incarne : à vrai dire, jusqu'à la toute fin où le procès et l'enquête reprennent leur droits (paradoxalement, ce concret permet au film de respirer), il ne se permet aucune véritable scène. Les plans et les situations filent comme un flux, ivres de leurs hétérogénéité et de leur mélange, nous donnant l'impression de parcourir la surface des choses sans jamais y plonger : rien ne laisse le temps aux personnages de se poser pour une scène, de se faire face, de se confronter, de dialoguer, de concrétiser cette histoire tragique dans l'expérience concrète. Tout devient un peu fatalement de l'imagerie, et je ne rentre du coup jamais vraiment dans cette histoire.

C'est dommage, vraiment, parce que j'admire tout dans ce film, dès son sublime premier plan, de ses expérimentations tout azimuts (bon, parfois un peu foireuses au son, mais c'est rare) jusqu'à sa sobriété impressionnante sur certains moments de climax. Mais il y a une mayonnaise pour moi qui ne prend pas, et qui entretient même un certain ennui. Je regrette pas du tout de l'avoir découvert, mais c'est frustrant.


Ça reste un témoin de l'incroyable richesse du ciné hollywoodien des années 90. Je répèterai jamais combien, sous son apparence sage, ce néoclassicisme a été un mini-âge d'or.


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MessagePosté: 02 Déc 2012, 20:55 
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Je comprends tes réserves, mais je crois que j'aime aussi ce film pour son ivresse justement, puisque pour moi tout culmine avec le montage de la lecture de la lettre. Après le film devient plus sobre effectivement, apaisant. C'est un film qu'on se prend comme un torrent, et malgré son contenu romantique on peut penser que c'est une représentation assez froide et prétentieuse, qui fuit les sentiments et la construction par le virtuose... Je trouvé pour ma part qu'il ressemble à une mosaïque un peu là pour représenter ce phénomène de la grosse boule de la gorge, de celles qui pèsent sur les traumas sentimentaux et historiques, entretenu par la mémoire et les émotions... Je ne sais pas si le cinéma est toujours la pour exister à travers des "scènes", parfois un film se digère après une projection en reconstruction, par pics, et on le revoie, et j'avoue avoir pris celui là totalement par surprise sans rien savoir quand il était passé sur C+, juste une critique de DVd Vision qui avait eveillé ma curiosité en distant que c'était le meilleur film hollywoodien "surprise" de la période avec L.A Confidential.

Coeurs perdus en Atlantide pourrait te plaire si tu ne l'as pas vu, c'est nettement plus posé mais dans la continuité, et c'est sans doute la meilleure prestation d'Hopkins sur cette décenie ;)


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MessagePosté: 03 Déc 2012, 00:22 
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Mr Chow a écrit:
Je ne sais pas si le cinéma est toujours la pour exister à travers des "scènes", parfois un film se digère après une projection en reconstruction

En fait j'ai rien contre le principe (au contraire c'est un parti pris plutôt intriguant), mais dans le cas présent j'ai pas trouvé ça très concluant.

Je verrai l'autre Hicks avec plaisir, néanmoins.


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