Forum de FilmDeCulte

Pfffoouuu... Revoyure ce soir du gigantesque premier film de Jonathan Caouette et toujours sur les genoux. Un des films américains les plus importants de ces dernières années, pour des tas de raisons. L'histoire qu'il nous raconte, d'abord : résumé-monstre et indétrônable de tout ce que l'amérique nous donne à voir depuis depuis Larry Clark et Harmony Korine en passant par le Crumb de Terry Zwigoff, The heart is deceitful above all thing, Mysterious Skin, Palindromes, Elephant, L.I.E, etc... Une certaine amérique effrayante mais hautement cinégénique. Pour sa genèse, ensuite, qu'il n'est pas nécessaire de rappeler tant elle est immédiatement devenue célèbre. Il faut cependant en souligner la modernité. Et puis, ça c'est mon grain de sel, pour son formidable et partiellement inconscient (Caouette confirme ne l'avoir pas formulé en ces termes sur la très décevante interview du DVD... d'ailleurs, où est le director's cut annoncé ?) grand écart entre documentaire et fiction. Intéressant d'ailleurs de voir que Caouette parle de son film en termes de documentaire davantage que de free cinema, un terme pas vraiment utilisé par la critique lors de la sortie du film en France.

Le support DVD est en tout cas ici fort appréciable. Si la vision en salle n'avait évidemment rien à voir (elle était étouffante, elle submergeait, impressionnait, foutait la nausée, te retournait comme un gant...), cette revision zappette en main ne manque pas d'intérêt. On peut ainsi observer l'énorme travail de construction et de montage abattu par Caouette, s'interroger sur ses choix, ses effets, ses répétitions, ses tics... On y passerait des heures.

Bon, y'aurait des milliards de choses à dire, mais finalement j'ai l'impression que personne (de ma connaissance en tout cas) n'a vraiment osé s'y aventurer, farfouiller, décortiquer cet objet complexe aux facettes infinies. P-ê que le fait qu'il s'agisse d'une autofiction fait peur, rend le tout indécent... Pourtant, Caouette s'est appliqué. Ses choix ne sont jamais gratuits, tout fait sens.

Je me demande ce que Marker et d'autres grands noms du docu en pensent...

J'espère en tout cas qu'il pourra remonter qqch, même si imdb ne signale qu'un rôle à venir (la comédie Fat Girls de Ash Christian), mais rien à l'horizon côté réalisation... Ce serait con que Caouette ne soit qu'un phénomène passager (content d'ailleurs qu'on puisse monter une soirée Tarnation).

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Il parle de son prochain projet dans l'itw pour FDC *mais ai-je bien tout compris*

http://www.filmdeculte.com/entretien/jonathancaouette.php

Les bonus du dvd sont intéressants?

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Doll, it's a heartbreaking affair

non, honteux. Une interview mal filmée où Caouette dit pas grand chose (je vais lire de ce pas la tienne) et c'est presque tout. Après on a droit à la bande-annonce (super), un diaporama (super!), les affiches (super!!) et en piste cd-rom les projets d'affiche (su-per!!!).



par contre, le director's cut mes couilles, les courts métrages mon cul, le making-of

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Larmoyant et indigeste..je ne comprend absolument pas les éloges qui lui ont été faites .

donc, après lecture de ton itw : rien de ce qui est dit sur le dvd n'apporte quoi que ce soit de plus que ce qui est écrit sur FDC. Au contraire, ce qui est écrit sur FDC est plus intéressant, plus long aussi et quelque part moins "langue de bois". Sur le dvd, on a vraiment l'impression que Caouette, ayant répété tout ça tellement de fois, débite son texte comme s'il l'avait appris par coeur. C'est saoulant. J'ai d'ailleurs passé la fin en vitesse rapide, me contentant de lire les sous-titres.

sinon, un truc marrant : "Je continue à aimer cette idée de tout faire moi-même comme sur Tarnation, du contrôle total que cela permet, du rapport intime que cela implique. Je pense que ça va changer beaucoup de choses dans les années à venir, le fait que tu puisses faire ton film seul, le monter sur ton ordinateur, et ensuite essayer de le distribuer. Je ne sais pas si je ferai ainsi toute ma vie mais ce sera le cas pour mes deux ou trois prochains projets."

Cette citation est je pense très importante. Je viens de finir de lire le bouquin d'Olivier Assayas Une adolescence dans l'après-mai et je pense qu'il serait résolumment effrayé par cette conception des choses. Dans son livre, Assayas ne parle de cinéma que sur les 5-10 dernières pages. Il y développe une idée assez rare et que personnellement je n'avais jamais lue en ces termes : "Et si au cinéma le geste artistique n'était pas tant le résultat achevé que le tournage ? La plupart des films ne sont-ils pas au dessous de ce qui a été vécu, réellement vécu en les faisant, le défi n'est-il pas, après tout d'essayer de capturer en image une approximation de la magie de la vie telle qu'on la reconstitue sur un plateau ?" Une vision a priori totalement opposée à celle de Caouette, mais qui, en y réflechissant bien, n'en est finalement pas si éloignée. On y trouve, si l'on veut, p-ê la véritable distinction entre documentaire et fiction : Caouette n'a pas à se poser cette question, puisque contrairement au travail d'Assayas, qui relève, selon ses termes, "de la création consciente dans le domaine de la vie quotidienne", la création de Caouette est, en grande partie (surtout les images de jeunesse) inconsciente.

Lorsqu'Assayas doit qualifier un tournage, il dit : "il m'est apparu qu'il pouvait y avoir un travail collectif non-aliéné. Faire un film était une aventure, un jeu, où chacun avait sa part, où chacun pouvait mettre son talent propre, ses convictions et son énergie en échange de l'intensité des moments d'une vie réellement vécue".
Alors que Caouette filme d'abord sans but réel, les acteurs et techniciens d'Assayas "travaillent", sont "dans l'action, aimantés par un objectif définissable, celui de faire un film qui en vaille la peine - vaste programme".
Le cinéma solitaire de Caouette est une catharsis pour lui parce qu'il parvient à faire de son bordel "une œuvre d’art accessible alors que je ne pensais pas que ça serait accessible pour qui que ce soit". Alors qu'Assayas, qui se réfère à Debord et aux situationnistes, considère qu'un tournage est une "situation", et que c'est ici que le cinéma se joue, quand le résultat final, monté, n'est qu'un résidu du vécu du tournage. Un aveu étonnant d'un cinéaste de fiction, annonçant que le réel, "l'intensité des moments d'une vie réellement vécue", vaut mieux que la fiction ainsi obtenue...

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saut qu'à mon sens, Tarnation est composé deux parties. La première ou l'auteur ne savait pas qu'il allait faire un film - spontané.

La seconde ou l'auteur sait qu'il va en faire un film et qu'il fabrique son doc - égocentrique et vain.

Je deteste la scéne ou il s'exprime face caméra et trouve d'ailleurs qu'il est un piteux acteur.

effectivement, d'où ma précision : "la création de Caouette est, en grande partie (surtout les images de jeunesse) inconsciente. "

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Je trouve le principe de mise en scène absolument génial, mais très mal exploité. Trop narratif, trop personnel, avec une débauche d'effets faciles, et finalement assez vain. M'enfin faut que je le revois.

Double événement musical et cinématographique, The Night of musical delights marque le retour du petit prodige Jonathan Caouette (réalisateur de l'autoportrait Tarnation) et les dix ans du très spécial festival All Tomorrow's Parties, cette belle institution britannique (qui compte désormais des antennes aux USA ou en Australie) où ce sont les artistes qui font leur programmation (au fil des années, les Breeders, Shellac, Modest Mouse, Matt Groening, Sonic Youth, Sleater Kinney, Dinosaur Jr….). Fidèle à leur credo participatif, les organisateurs du festival ont demandé à leur public de leur envoyer leurs propres archives filmées du festival (sur Super8, caméra numérique et téléphones portables), mais c'est bien Jonathan Caouette qui tient les rênes, avec toute l'équipe du Festival, et c'est la toute jeune société de productions de Warp qui produit. Extrait et infos sur http://www.myspace.com/atpfilm