Joué sur PS4 pendant une douzaine d'heures, suffisant pour faire le tour du gameplay. Comme je l'ai dit, la saga MGS et moi ça fait deux : film intéractif interminable, histoire japonébuleuse au possible, phases de gameplay trop courtes. Le Metal Gear Solid sur PS1 faisant partie de mes premiers émois de joueur, j'ai toujours donné une chance à ses suites. Je crois que j'ai acheté/joué à tous les épisodes (même sur PSP), mais seulement pour les abandonner au bout de 3 heures de jeu... Le summum restant le IV, devant lequel j'ai tenu un quart d'heure. Et c'est rare quand je lâche un jeu vidéo en cours de route. Bref j'étais pas chaud pour ce Metal Gear V, mais ça me titillait quand même. Après tout, j'ai SUBI tous les autres épisodes dans l'attente d'un remaniement de formule, donc puisque c'est aujourd'hui le cas pourquoi pas ? Arguments phares : open-world, liberté d'action, nombre de cut-scenes revu à la baisse (pour l'instant la durée moyenne est de 2 minutes), et possibilité de rusher jusqu'à la fin pour tous ceux qui se branlent de l'histoire.
Toutes ces promesses sont tenues. Pourtant lors du prologue, ça fait peur. C'est vraiment super long. Une sorte de cinématique intéractive de plusieurs dizaines de minutes où les quelques phases de gameplay sont vraiment nazes. Mais niveau immersion, ça poutre ! On retrouve la patte Kojima dès les premières secondes. J'ai surtout apprécié de ne pas avoir l'impression de prendre le train en marche. Le fait que Big Boss sorte d'un coma de 9 ans, ça remet les bases à plat et les persos aussi. A aucun moment je n'ai eu l'impression d'être largué par l'histoire (alors qu'honnêtement, je me souviens de quasi que dalle des autres épisodes), et pour le novice j'ai l'impression que cet épisode est encore le meilleur moyen de découvrir la saga. D'autant plus que l'histoire et les enjeux sont cette fois bien plus palpables et intéressants : une utopie militaire regroupant des soldats de tous horizons, qui décident de créer leur propre nation pour rééquilibrer le monde. J'adore. Hâte de voir comment tout ça va partir en couille !
Très prenant aussi, le principe du jeu visant à débarquer dans les zones de conflits, seul face à toute une armée, pour changer le cours de l'histoire. En mode super-héros... Les missions sont assez variées : course à l'armement, dessoudage de militaires, et sauvetage de la veuve et l'orphelin. A propos de ce dernier point, les missions sont souvent ponctuées de petits dilemmes moraux : par exemple, dois-je sauver ce prisonnier qui va se faire exécuter, au risque de rater mon objectif principal ? Lorsque tu arrives à concilier les deux, autant dire que tu te sens plus pisser. Le jeu ne prend pas par la main, tu peux la jouer en infiltration totale sans jamais tuer personne, ou alors y aller comme un gros salaud. Quelle que soit la méthode, c'est ultra badass. C'est vrai que le jeu peut sembler répétitif pour qui joue toujours de la même manière... Mais c'est tellement dommage de faire ça. L'équipement est tellement varié et les possibilités tellement nombreuses, que pour l'instant je suis en kiff intégral.
On est clairement dans le haut du panier niveau jeu d'infiltration : l'IA s'adapte en fonction de ta manière de jouer (par exemple si tu ne fais que des headshots, les soldats finissent par s'acheter des casques) et se montre parfaitement réactive lorsque tu es découvert. Et quand bien même tous les éléments jouent contre toi, que les soldats t'encerclent, que t'as plus beaucoup de munitions et que tout semble perdu, tu peux encore trouver des combines de dernière seconde pour réussir la mission. Jeu exigeant, mais rarement punitif.
Si au début de l'aventure on est en solo pour accomplir les objectifs, très vite on peut choisir un coéquipier. Au nombre de trois (je compte pas le cheval parce qu'on s'en branle), ils ont chacun des spécificités vraiment très enthousiasmantes une fois sur le terrain. Et autant dire qu'à partir de là, le gameplay devient orgasmique. Mention spéciale pour le chien, dont les comportements sont plus vrais que nature. On peut le customiser et lui acheter des petits pulls pour aller sur le terrain... Inutile ? Non. Parce que dans le pull se cache un couteau de chasse que le chien peut prendre entre ses dents pour aller égorger les ennemis. Effet garanti... Et ce n'est qu'une de ses aptitudes. Il est possible de renforcer le lien avec lui, sans que le jeu ne tombe dans l'écueil du Tamagochi (chose dont j'avais très peur).
La femme sniper n'est pas en reste non plus. Particulièrement creepy, il lui arrive de te garder dans le viseur quand elle n'a personne d'autre à viser. Franchement ça fout les boules.
Et enfin, D-Walker, le robot bipède avec lequel tu peux te déplacer. Beaucoup de personnalité lui aussi. J'essaie de le faire évoluer pour voir si il pourra être autonome par la suite, comme le chien.
L'autre truc beaucoup mis en avant dans les trailers, c'est la Mother base et la dimension RPG. Ca ne m'emballait pas des masses à première vue (parce que c'est moche et que ça à l'air contraignant), mais la partie gestion est extrêmement ergonomique et addictive. On y passe très peu de temps au final, vu qu'il est possible de tout gérer via l'I-droid. Mais j'avoue que quand je rentre à la base, "j'aime prendre une douche après avoir salué mes hommes". Dans le fond c'est un des aspects les plus intéressants du jeu : Big Boss a beau être une machine à tuer, il a une conscience et une morale. Le jeu te pousse à être mercyful : sur le terrain, un ennemi qui essaie de te plomber le caisson peut être épargné puis capturé pour devenir un atout précieux dans ton armée. Pour ce faire, fléchette tranquilisante ou étranglement non létal, puis une fois endormi on peut lui accrocher un ballon qui l'envoie directement sur Mother Base... Tiens parlons-en des ballons, parce que c'est juste génial. A l'exception des bâtiments, tout peut être expédié par ballon. Des ballons sur tout, tout le temps : les voitures, les chars, les gens, les animaux, les armes lourdes... On passe un temps fou à faire le pickpocket. C'est d'ailleurs la plus grosse incohérence du jeu : comment ça se fait que je peux extraire un prisonnier avec un ballon, mais que moi une fois la mission finie je dois courir 500 mètres jusqu'à un hélico pour m'échapper ? Enculés.
Au chapitre technique, le jeu a pour lui d'être extrêmement fluide. C'est pas une claque visuelle (la DA ne s'y prête pas), mais c'est vraiment beau, surtout quand ça tourne à 60 images/seconde. Le tout sans un pet d'aliasing, ce qui est suffisamment rare sur console pour être souligné.
Bref, je ne vais pas lâcher le jeu de sitôt. Je suis heureux de trouver ce que j'attendais d'un MGS. Du coup comme je ne suis plus obligé de subir la trame narrative, je prends beaucoup de plaisir à essayer d'en savoir plus sur les personnages et l'univers (en écoutant les centaines de K7 audio). C'est un peu tout ce que j'espérais en fait, et même plus. Le prologue, MGS Ground Zeroes, ne faisait qu'effleurer la surface. Il n'est que très peu représentatif de ce qu'est MGS V : The phantom pain.