Forum de FilmDeCulte

A la séance de 18h, j'ai été étonné par les applaudissements nourris, après une courte hésitation chaque fois... genre "j'ai vraiment donné de la thune pour cette merde moi ?.. Bah hum... c'est pas mal je trouve... non ?". Non, c'est de la merde. Je n'ai pas eu le courage d'applaudir, perso. J'espère que ce n'est pas de ma part un manque de civilité ou de politesse. Mais j'estime que c'est le retour principal, l'accueil d'une salle... or là pas question de participer à cette mascarade. C'était d'autant plus agréable de découvrir le court de Liam, une comédie qui plus est, dans cette ambiance de faux-derche.

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I think we're gonna need a helmet.

Pareil, mais surtout pour celui de Liam en fait.

Ouhla malheureux, détrompe-toi ! AS&M c'est le Triptyque du film narratif joli. Ils sont encore loin d'avoir l'aide automatique, les films ne font pas non plus des masses de festivals (d'importance je veux dire) et ils sont dans les petits papiers de quasiment personne. Tout ça c'est à fonds perdus ou presque.

Pour le coup, malgré la qualité relative de certains courts, j'apprécie ce jusqu'au-boutisme à continuer à faire des films virtuellement infinançables dans la politique du court actuelle.


Là encore, que préférer ? Comme disait un des prods: l'argent public, ou l'argent des gens qui soutiennent un projet auquel "ils croient" ? Si encore on pouvait aller voir France 2, le CNC et la région Centre avec une comédie sur un frustré qui tchatche de relations hommes-femmes et récolter 40 000€, tous ces Ulules seraient moins gênants, mais ont-ils le choix ? Surtout qu'ils mettent énormément d'argent de leur poche. Si on ne fait pas une grosse vente sur MECS MEUFS, ça va être un (petit) gouffre financier pour eux.

Après on pourrait arguer que certains des films plus sérieux auraient pu mieux bosser leur scénar et avoir des aides (LA VILLE EST CALME a eu une région d'ailleurs - et justement il n'a pas fait de Ulule), mais bon. Je reconnais que les courts ne sont pas tous parfaits, loin de là, mais j'apprécie l'énergie qui détonne au sein des boîtes de courts plus institutionnelles.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Globalement, et avec le recul, c'est la meilleure démo technique des courts de la programmation. Mais je trouve que du strict point de vue de ton évolution perso, c'est un léger retour en arrière. Si ce court avait été ton premier, il serait arrivé comme une heureuse surprise, mais comme c'est ton dernier en date, c'est curieusement déceptif au niveau de l'intérêt. J'espère que tu vas pouvoir enchaîner sur autre chose rapidement, et pas trop traîner sur la promo de celui-ci all over the world.

Sinon, tu penses quoi des autres films présentés ? Et des prods d'AS&M ?

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I think we're gonna need a helmet.

Ta réponse me permet de dire que j'ai bien compris la situation, ainsi que le message du type "careful what you wish for", c'est juste que je n'aime pas trop le principe de la chute, et ce que je ne suis pas sûr de saisir, c'est un éventuel lien de cause à effet. Autant je vois celui avec la réplique de Bob que tu cites, autant je ne le vois pas forcément sur la question des rapports hétéros qui est ton sujet principal. Ta problématique c'est la communication/compréhension en fait, pas l'orientation. C'est évidemment lié puisque tu parles de la séduction entre hommes et femmes, mais je veux dire que l'homosexualité ne me paraît pas être une conséquence/alternative inévitable lorsque la séduction hétéro est inopérante. Maintenant c'est peut-être toi qui vas être largué et j'entends bien que ça reste un ressort scénaristique pour faire une chute.

C'est peut-être chien mais je n'ai pas applaudi non plus, sauf pour celui de Liam, parce que si j'apprécie l'effort, je ne me sens pas de faire semblant d'avoir apprécié. Pendant "Mecs/meufs", si je m'étais écouté, j'aurais gueulé "T'es trop fort Liam !".

Alors:

- le SHARPENER je le trouve splendide visuellement, totalement à côté des modes, pas du tout dans ce vieux délire à la Jeunet/verdoyant/fantaisiste dégueu. Je trouve ça délicat, plein de bon goût. Après sur le scénar je réussi à être un tout petit peu perdu (mais moi je suis une brêle, au cinéma je regarde que les images). Je trouve les acteurs un tout petit peu trop en retenue dans leur jeu, trop cadrés, mais dans l'ensemble je trouve que c'est un film mature, sincère, bien fait.

- LAST CALL je suis conscient que c'est une démo (et démo réussie car le mec a désormais une carrière dans le long), et j'applaudis la prouesse technique de faire ce film pour une somme dérisoire, mais je déteste quasiment tous les parti-pris - ou absence de. Le montage efficace pavlovien, les travellings circulaires, les flares, l'accent des acteurs, la nullité du scénario... Chaud.

- LA VILLE EST CALME j'en avais entendu parler avant de le voir donc peut-être que j'ai été influencé mais j'ai jamais trouvé ça opaque au niveau de l'univers. On est dans de la SF métaphorique à l'ancienne (la nouvelle de Bradbury doit dater des années 50 !), mais je trouve que le délire des rues vides avec tout le monde devant la TV est assez bien montré. Après comme sur le SHARPENER je trouve le jeu des acteurs bon mais trop étriqué, posé, retenu, récité. C'est dommage. Mais visuellement je trouve que ça marche et le film dégage une vraie ambiance planante étrange.

- AND DEATH WILL BE ALRIGHT c'est de la démo technique mais je trouve ça bien fait, j'applaudis le mec. J'ai du mal à le détester en fait.

Voilà, bon peut-être que je suis un peu corporate dans les réponses (forum public oblige), mais je reconnais les défauts de la plupart des films tout en sachant les conditions dans lesquelles ils ont été faits.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Je rebondis sur ton message pour un truc : j'aurais aimé que ça continue en tchatche, et que Bob leur prouve son postulat de départ, avec une mise en situation (plutôt que de recourir à un effet fantastique bidon assumé). Qu'il force les meufs à imiter des gars, tout en imitant lui-même les réponses classiques des meufs. Que ça parte doucement, que ce soit drôle, et que ça devienne vite malaisant voire agressif. Y a déjà une bonne amorce de ça quand Bob est soulé de la répartie bidon des meufs en face de lui.

Bon je dis ça, et en même temps j'avais lu le scénario et participé modestement au finacement... donc je n'avais qu'à l'ouvrir avant. C'est juste que le premier tiers est tellement bien joué, propre, que ça donnait envie d'en avoir plus (comme Lose).

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I think we're gonna need a helmet.

Disons que ce qui ressort du speech de Bob au début c'est que (et je suis d'accord) dans la drague, l'homme hétérosexuel est dernier sur la chaîne alimentaire. Les meufs l'ont facile, les gays l'ont facile... mais pas lui. Donc il écluse tous les mondes possibles où il verra qu'en fait être un homme hétéro c'est le top niveau pouvoir/confort (pas de viol, pas de discrimination liée à l'orientation sexuelle, etc...).

Bon je suis d'accord que c'est en filigrane hein...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

C'est vrai.
Mais tu n'as pas l'impression que la durée (et le côté répétitif et très convenu) annihile toutes les qualités ?



Comme pour le premier, tu ne trouves pas que sa lenteur confine à la prétention, quand c'est aussi délité pour rien ?



Ok.
Moi je ne déteste pas (je déteste rien, même si rapidement sur le forum on peut dire "daube" et "merde" facilement), mais j'arrive à dire que c'est nul - parce que sans intérêt autre que de se vendre.

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I think we're gonna need a helmet.

Ok mais on parle de quoi là ?



Plus sérieusement le côté "plein de bon goût" ça aurait plutôt tendance à me repousser, tellement c'est affirmé. Je le trouve précieux dans son genre "rétro mais pas trop", avec ce personnage qui écoute du classique, mais sur un iPod. Et puis c'est quoi ce hangar ? Cette interview ? Cette "incommunicabilité" ?

Complètement d'accord.
C'est mignon, c'est délicat, c'est bien... mais l'effet charme pendant 2 minutes, et au-delà, tu sens qu'il n'y a RIEN à ajouter à ce style et à ce ton, et pourtant on nous impose près du quadruple de temps pour enculer une mouche.

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Oui mais lui il a pas de poil sur la poitrine!

J'ai failli le faire en plus.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

J'ai vu Mecs Meufs il y a deux mois déjà mais je ne voulais pas être le premier à m'exprimer dessus (j'aime pas ouvrir des sujets, lancer des discussions, etc.).

J'avais trouvé ça vraiment bien, j'ai eu ce que j'espérais, ni plus ni moins. Il faut dire aussi que j'avais lu le scénario lors de l'appel à dons, ce qui fait que la frustration que j'aurais pu ressentir durant le film en étant vierge de toute information a pu être évacuée bien avant la projection. Comme beaucoup d'entre vous je trouve que ça va un peu vite, que les actes se succèdent rapidement, dans un enchaînement assez artificiel, peu naturel. Pour autant, c'est quelque chose que j'accepte dans un court-métrage. Je connais très peu le court-métrage, ne fréquentant aucun festival car trouvant toujours l'essentiel des films franchement nuls. J'ai dû voir 10% de bons courts-métrages dans ma vie, et la plupart d'entre eux sont documentaires ou expérimentaux ... Le court-métrage de fiction est presque un genre en soi, en lequel je crois assez peu et donc pour lequel je suis très peu difficile. C'est pour cette raison que les reproches que je peux faire à la structure de "Mecs Meufs" sont vraiment secondaires. Même chose pour la présence d'une chute : en règle générale je déteste ça dans un long-métrage, mais pour un court-métrage, j'accepte, surtout que c'est ce que beaucoup de spectateurs souhaitent finalement. J'ai l'impression que les courts-métrages sont finalement divisés en deux catégories, ceux avec une chute et ceux avec une non-chute, ou plutôt une fin ouverte (désolé aux ayatollahs du court comme Zad si jamais je dis n'importe quoi, c'est mon ignorance qui parle !), or s'il faut choisir je préfèrerai toujours les premiers qui eux au moins cherchent tout de même à finir leur histoire démarrée à peine 15mn après.

J'avais aussi pu voir durant cette projection La ville est calme et j'avais trouvé ça assez soporifique, c'est vrai que c'est techniquement parfait mais ça n'a jamais fait de grand film ... Aucun vertige esthétique d'ailleurs, c'était le petit train-train du film soigné. Quand j'ai vu la boîte à musique, j'ai su immédiatement que le film allait être mauvais : on basculait pour de bon dans la petite préciosité, dans le film de décorateur ou d'accessoiriste, dans un univers inconséquent, muséifié. C'est assez incroyable d'avoir à ce point peur de se frotter au réel, ça se la joue comme le dit FF limite engagé (avec la population contrôlée par la TV, etc. - bienvenue en 1975 ! ) mais ça reste sagement loin de tout, à croire que le réalisateur ne vit pas avec nous aujourd'hui. Le propos de Bradbury (qui a écrit la nouvelle sur laquelle repose le film) était sûrement plus détonnant à l'époque, en 2013 la moindre des choses était peut être de se remuer un peu pour en faire quelque chose de toujours vivace pour le spectateur.
Au moins dans "Mecs Meufs" il y a quelque chose qui me parle vraiment, je me suis durant toutes mes périodes de lose sexuelle posé les mêmes questions que Bob, ici bien ressorties par le film, au travers de dialogues bien écrits et surtout très bien filmés et montés. La première scène est vraiment parfaite. Il y a un vrai dynamisme tout au long du film, les répliques fusent bien, les acteurs sont parfaits, sans que jamais ça ne paraisse détaché ou gratuit, je me suis senti assez impliqué. J'ai bien aimé la fameuse scène qui vire dans le glauque, c'est vrai qu'elle surprend beaucoup mais elle permet une rupture de ton appréciable qui profite au film en le rendant un peu plus différent que tous les autres. Alors oui ça va un peu trop vite, on sent la peur de perdre le spectateur, comme s'il fallait toujours le garder attentif, alors qu'une petite baisse de rythme n'aurait pas fait de mal ... C'est pour cette raison que je préfère tout de même Lose Actually (même si je suis sûr que beaucoup de spectateurs eux préfèreront Mecs Meufs pour son approche "film avec un début et une fin"). Mais bref, je ne boude pas mon plaisir, j'ai passé un super moment et surtout je ne regrette pas ces quelques euros mis dans la production !

[Sinon le soir-même j'avais aussi vu un film à la Jeunet *cliché*, avec une lumière jaune *cliché*, un mec de la 1e guerre mondiale *cliché* (ça parle à qui cette guerre, honnêtement ?) qui avec son appareil-photo steampunk *cliché* fait revivre des ombres *cliché*, quelque chose du genre ... Un film *cliché* à part entière donc, jusqu'au générique de fin hyper élaboré, soigné mais qui semble réalisé par un robot tant aucune émotion et rien de la personnalité du réalisateur ne transpirent là dedans. Film d'un bon élève sage et sérieux du genre à faire de la prise de notes sur papier bristol et à souligner les devoirs à faire pour le lendemain dans son cahier de textes ! Nul.
Mais le pire c'était un film de 2mn vendu comme un film guerilla, tourné à l'arrache en une journée, muet et noir et blanc, un hommage aux Temps Modernes, avec un clochard moderne à la Défense, qui se fait refouler du McDo, etc. Crachat.]