Forum de FilmDeCulte

le biopic de marinette pichon, la plus grande joueuse française de football de la courte histoire du football féminin français.

y a t'il quelque chose sur cette planète qui m’intéresse moins que le football? je ne pense pas. mais au fond, ce n'est même pas que ça ne m'intéresse pas, c'est une incompréhension profonde, je me sens face au football comme rantanplan regardant l'agitation autour de lui et se demandant "mais que font ces gens et pourquoi se mettent-ils dans cet état ?".

c'est un bon test, au final : si un film arrive à te faire vibrer (c'est comme ça qu'ils disent ?) avec un thème qui t'intéresse aussi peu, c'est qu'il a bien réussi son coup.

je n'ai pas vibré.

je n'y suis pas allé par masochisme non plus, mais par mon soutien de principe aux projets des jokers, et leurs tentatives de faire vivre des projets un peu en dehors des clous. et au final, on a ici la sainte trinité habituelle des jokers :
1/ un projet intéressant dans un genre à l'abandon en france, ici le film de sport.
2/ un scénario pas cuit.
3/ un bide cataclysmique.

le film en l’occurrence ne peut absolument pas surmonter le point numéro 2, tant c'est parfois surréaliste. le scénario est une succession sans fin de scènes strictement factuelles de 45 secondes en moyenne, racontant un élément précis de la manière la plus plate, évidente, et illustrative possible. le cliché du moment dirait ça a été écrit par chat gtp à partir des ressources disponibles sur internet, mais je dirais plus que c'est un scénario post it. elle a du s'entretenir avec marinette, qui ne doit pas être une fille très portée sur l'expression orale et manifestement pas très douée pour raconter des anecdotes en leur donnant vie et en analysant les enjeux humains du moment. puis elle a écrit les evenements importants sur des post-it pour préparer et organiser le scénario, et elle les a restranscrits tels quels.

pour illustrer le fait qu'avant les filles, elle a essayé avec un garçon et que c'était un peu nul - dans une voiture et elle a pas aimé ça, on a donc une scène de 20 secondes où marinette se fait baiser, l'air de pas aimer ça, dans une voiture.
pour illustrer que son désir pour les filles est né en voyant les corps dans les vestiaires, on a une scène de 20 secondes où elle regarde, avec un petit sourire, le corps d'une fille dans les vestiaires.
puis sa mère a eu un accident, on a une scène de 20 secondes où sa mère roule sur la route puis a un accident.

ET C'EST ÇA PENDANT TOUT LE FILM.

même la pauvre marinette n'a pas un traitement de faveur, elle n'est absolument pas écrite. elle a le droit de prononcer une phrase de plus de 4 mots, et exprimant une idée, pour la première (et avant-dernière) fois à 1h10 de film. sinon, c'est une coquille totalement vide, un corps féminin traversant le film sans aucune personnalité ni rien.

vraiment, c'est surréaliste.

alors tout n'est pas catastrophique après ça. le film a coûté cher (6 millions !) et c'est proprement fait. j'aime bien garance marillier donc ça rend agréable de regarder l'écran quand elle y est. il y a un cast secondaire sympa, avec alban lenoir qui fait un truc différent, la daronne officielle du cinéma français emilie dequenne toujours chouette, et caroline proust j'étais trop trop content de la revoir, je l'adore. les figurants au début ont vraiment des têtes du nord, c'est chouette.
et vu qu'aucune scène ne dure plus de 59 secondes - netflix va adorer - il y a une forme de rythme.

mais alors, rien ne peut justifier de valider un scénario pareil.

rien ? si.
déjà, l'autrice est également réalisatrice et... productrice. donc voilà, ça 'explique un peu.
puis en voyant le tweet de manuel alduy disant que les commentaires sexistes et homophobes justifiaient à eux-seuls d'avoir financé le film, je me suis formulé qu'effectivement ça correspondait à la volonté des pouvoirs publics de promouvoir le sport féminin. et l'abondance des logos canal + dans le film, un peu de virtue signaling pour dire qu'ils soutenaient le foot féminin avant que ce soit cool.
alors promouvoir une cause sociale et politique, ce n'est pas une raison plus mauvaise qu'une autre pour faire un film. mais ce n'est pas forcément la promesse d'un résultat cinématographiquement très passionnant.

la preuve en est donc faite.

Encore une critique qui s'annonce savoureuse mais que je lirai après. J'irai pour le chef op'.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

Que tu sais où se trouve la touche majuscule?

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

C'est terrible pour Jokers n'empêche.

FingersCrossed est lentement mais sûrement en train de devenir mon nouveau Art Core tant le gars, libre de son anonymat, nail le truc absolument parfaitement.

Je suis allé voir le film pour le chef op', que j'adore et avec qui j'avais fait mes courts. J'avais d'ailleurs rencontré la réal, qui est ultra-sympa. Bref, j'avais envie d'aimer et défendre le film.

Mais comme le dit FC, c'est du film-wiki à la puissance un million. Toute la première partie est tellement illustrative que c'est difficile de se passionner, même si le rythme soutenu du "récit" fait qu'on ne s'ennuie jamais. A la limite le segment central qui dépeint le triomphe américain de Marinette m'a intéressé car ça m'a appris quelque chose que je ne savais pas. Mais le troisième acte avec le retour en France ne sait plus quoi nous promettre: en effet, on sait déjà que la France ne va pas gagner la Coupe du Monde. Du coup, qu'est-on censés attendre de l'intrigue à ce moment-là ? Le film se dégonfle peu à peu dans ses 25 dernières minutes, jusqu'à un final nécessairement frustrant.

La performance mutique de Marillier est pourtant intéressante et le fait, comme le note FC, qu'elle n'ouvre réellement sa bouche qu'au bout d'1h10 transforme le film en récit de la naissance d'une porte-parole. Mais pas sûr que ça suffise à nous faire sortir du film pleinement satisfaits.

Par contre si, comme moi, vous avez toujours rêvé de voir Alban Lenoir agresser sexuellement des grabataires, le film est fait pour vous.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

Netflix could never.

_________________

Maintenant je peux te le dire :

ahah merci, mais je n'avais aucun doute sur le fait que tu penserais globablement la même chose.



mais même ça ce n'est absolument pas traité. le fait qu'elle soit mutique n'est pas présenté comme un trait de personnalité, qui aurait pu donner un truc marrant quand elle rencontre sa copine par exemple. et quand elle devient "porte parole", ça aurait pu être un enjeu. on lui dit qu'elle est la plus connue, il faut qu'elle défende la cause, elle répond non je n'aime pas me mettre en avant comme ça, et ça aurait fait une petite mise en abime.

mais là c'est juste qu'elle dit rien et n'a pas de personnalité visible.