Forum de FilmDeCulte

Ok. Au taon pour moi.
Mais il n'empêche que j'aime!

qu'est-ce qui te permet d'affirmer?

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Tu crois vraiment que la caméra qui tremble au début de "Breaking News", c'est fait exprès? Si Gerry aime, tant mieux pour lui, mais c'est objectivement un défaut technique. To n'a pas les mêmes moyens que Bay.

C'est vrai que johnny To n'a jamais été un adepte de la caméra tremblotente mais plutôt de l'extrême sobriété visuelle (cf ses meilleurs films, The Mission et Election)

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bah pour moi c'était un défaut, mais les arguments de gerry sont crédibles.
c'est pour ça que je continue à penser que c'est un défaut technique, mais je veux bien admettre la possibilité que ça ne le soit pas.

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Je me demande justement si c'est pas dans Breaking news que c'est le plus voulu. Mise en place d'une médiatisation de la violence, donc un grand rapport au direct ainsi qu'au réel (du moins à sa représentation).

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Oui, mais n'empêche, To a eu envie de faire un beau plan-séquence avec une caméra virtuose. Seulement voilà, la caméra tremble juste un petit peu, car ils n'ont pas de gros moyens à HK. C'est aussi simple que ça, hein.

Si c'était voulu, la caméra aurait tremblé encore plus... Là, fallait juste être attentif pour capter les défauts techniques.

Ouais tu as peut être raison. Le plan séquence c'est sur a un but (surtout que TO n'était pas un spécialiste de ce type de plan jusqu'ici) mais après les tremblements je sais pas.

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Johnny To n'est jamais aussi fort que lorsqu'il ne se préoccupe pas d'un sujet en particulier, lorsqu'il entreprend une oeuvre en considérant que le fond de son film s'avèrera être sa forme (comme pour The Mission).

Ici rien n'a plus d'importance que le genre et son avancé vers des sphères hallucinantes. Pourtant les références sont là, ainsi que les codes, mais la sensation de visionner une oeuvre neuve est présente à chaque instant. Même lors des scènes les plus calmes To chorégaphie tout ce qu'il filme, les séquences situées entre les scènes d'actions pures (les gunfight) comporte autant de violence que le reste du film (mais d'un autre degré, en ce sens le film rejoint Election et l'ambition de faire un film d'action sans la présence d'armes à feu. Les dialogues, les tensions, les regards, les comportements... tout compte et tient une place primordiale au coeur de cette matière pure liée au genre). Un grand film musical en somme, où des notes et un rythme nous guident constamment. Cette route atmosphérique parsemée néanmoins d'explosions expérimentale hallucinantes.

Expérimentation certe, mais cette dernière vise l'abstraction la plus totale. Johnny To ne veut pas révolutionner le genre (même si, à mon sens, il l'a fait depuis longtemps), il s'amuse avec, il entraine les codes et les archétypes jusqu'a leur limite pour créer l'abstraction. Il ne modifie pas le genre, il le contracte sur ses points forts jusqu'à l'épure. Trois gun fight suffisent à sublimer ces codes: Qui tire? Sur qui?. Ce chamboulement chorégraphique n'entraine pas, en ce qui me concerne, un effet brouillon, au contraire le rendu est contracté jusqu'a que seul son but primitif subsiste: l'effet d'image. D'où l'expérimentation, l'important n'est pas la jubilation du spectateur (qui va tuer qui? qui va gagner) mais son ennivrement, une intégration totale à l'atmosphère ainsi qu'à l'idée première de l'action: le mouvement perpétuel.

L'élément qui renforce également la beauté du film s'avère être le prolongement de cette abstraction, elle contamine tout: les situations (voir le flic qui défend son camion, grandiose!), les dialogues, les sentiments et même les émotions. Les personnages ne sont pas des humains, ils sont assumés comme éléments à part entière de cette matière baroque et unique.

Pas de sujet fondamentaux dans ce film, le fond c'est sa forme. Mais To est il réellement un théoricien? possible que non mais, ici, il s'amuse et nous emporte dans les hautes sphères de son genre. Qu'il continue à s'amuser sans aborder de sujet sérieux, ça me va très bien étant donné qu'il vient de nous offrir son plus grand film (à ma connaissance) avec The Mission.

5/6

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Film très sympa qui confirme, mais ça fait longtemps pour moi, que To est un cinéaste atypique qui a su, à côté de réalisations moins intéressantes voire ratées, construire son univers cinématographique qui conjugue un peu tout ce que le cinéma moderne a expérimenté ou exacerbé. Terriblement efficace second degré, stylisation purement formaliste, machisme naïf et souveraineté féminine souterraine et absurdité générale de la vie (la fin et ses photos est d'ailleurs très ironique sur un constat final vu et revu).
Notons que To, lors d'une récente interview, explique ceci :

J’aime [les polars] parce qu’on y trouve une grande richesse des sentiments et des comportements humains. Les personnages, dans ces histoires, sont en conflit permanent avec eux-mêmes. La question du bien et du mal est très présente. Ils doivent faire des choix. Dans Exilé par exemple, les protagonistes se demandent s’il faut obéir à un ordre ou rester fidèle à l’amitié. Ailleurs, ils hésiteront entre l’argent, la femme ou l’honneur. Et puis, j’aime le mouvement et l’action au cinéma. J’aime faire des films d’action.

Une confirmation que non seulement ce type ne réfléchit pas trop (il ne prépare jamais ses scénarios), mais qu'en plus il pense faire ce qu'il ne fait pas vraiment (de la psychologie), du moins pas dans une forme qu'il introduit basiquement dans cet entretien. En somme, un génie et pas un branleur.

4,5/6

PS : Le petit débat sur le mouvement de grue m'a bien fait marrer. Personnellement, j'aime les tremblements, ça donne une âme au mouvement et puis ça contrebalance les travellings 100% numériques.