David Swinton a écrit:
Le seul problème est que je me suis senti extérieur a tout ça. Mais bon, je ne suis simplement pas le bon spectateur pour ce genre de geekerie (déjà que je suis dans l'incapacité d'écouter 5 minutes de Big Bang Theory sans me faire chier).
J'ai l'impression que le problème quand un film traite d'un univers geek, c'est que c'est souvent créé par des geeks, pour des geeks. Il y a une certaine complaisance encabanée là-dedans. C'est à dire qu'aucun effort ne sera fait pour rallier un public extérieur (ce qui n'est pas si mal, étant donné qu'il y a déjà un public pour ça j'imagine). C'est un peu comme des épisodes de Star Trek, c'est réconfortant pour le fan, mais ça sent le renfermé et ça pue la mort pour quelqu'un qui ne s'y connaît pas.
Pour qu'un film de ce type soit réellement fort et intéressant, j'imagine qu'il doit y avoir une certaine identification avec le personnage. Dans le cas de Lose Actually, plusieurs gags franchement rigolos aident a rendre les personnages attachants. Mais ce sont des gags basés sur des marques, des logos de super-héros, un trou dans une chaussette. C'est de l'humour de marque et de situation, et je trouve que ça ne va pas loin. Il manque aux personnages une caractérisation plus poussée et fine. Bref, j'ai trouvé difficile de suivre vos personnages à travers ça (surtout lorsque ces derniers consistent uniquement a porter et débiter des marques geeks et a se retrouver dans des situations rigolotes dans lesquelles il ne veulent pas se trouver). L'accumultation de références, dans bien des cas (comme pour Big Bang Theory), eh bien j'ai l'impression que ça flatte le geek dans le sens du poil, ça le réconforte en lui décochant des références qu'il connaît trop bien à la figure. Ça lui donne l'impression d'avoir une culture unique que le commun des mortels ne peut comprendre. Moi, quand ça s'appuie sur ce ressort, je décroche automatiquement. Je trouve ça trop gentillet. J'ai l'impression que chaque gag en appelle au rire du geek, et ça m'agace. Parcontre, quand on essaie d'aller plus loin que l'énumération de références, ou la "cultissimation" de l'attitude geek, ça m'intéresse.
Mais bon, je vous dis ça, mais c'est le même reproche que je pourrais faire à certains films de Kevin Smith. Donc par dieu, soyez rassurés!
Le talent est là pour faire de ce projet un long-métrage. J'ai seulement l'impression que c'est au niveau du propos que ça manque de jus (surtout au delà d'une heure). Si vous arrivez à faire décoller le film au-delà de ce côté "idéalisation" du mode de vie geek, ça risque de fonctionner. Si vous vous permettiez de poser un regard extérieur sur le phénomène, que vous le remettiez peut-être en question, ça viendrait chercher le néophyte. Ça aiderait à mieux comprendre le phénomène. Et encore plus si on voyait pourquoi les personnages en arrivent a obséder solidement pour des artefacts un peu geek, quelle satisfaction ils en tirent. Les néophytes veulent comprendre, et ils veulent aussi en rire (avec eux, pas contre eux).
Le film va quand même plus loin que le déploiement de la geekerie. En 7 minutes on comprend sans problème qu'il s'agit d'un perso qui se renferme dans son univers pour fuir le monde extérieur, que tout ça : les t-shirts, les figurines, les refs ciné, ça cache une certaine angoisse. Il suit son pote parce que c'est un petit point d'ancrage avec la réalité mais il y a quelque chose d'ambigu dans leur relation, on ne sait pas trop si l'autre se sert de lui comme faire valoir, pour se mettre en avant dans les soirées. Y'a quand même un truc qui passe quand Bob lui reproche de toujours lui faire des sales coups, on devine une certaine cruauté.
Bref, les trucs geeks, c'est ce qui habille le film, ça donne du corps aux gags, mais c'est pas le point central quoi, je vois franchement pas en quoi ici ça serait un mode de vie "idéalisé".