Sous-titré
L'Étoile du mal en VF.
Il est difficile de ne pas être sensible à la générosité de ce film, à son défilé de couleurs et d'images toutes plus belles les unes que les autres, à ses effets spéciaux superbes, à son premier degré intraitable et payant... "Confortable", c'est le mot qui irait encore le mieux à ce qui se présente au spectateur, de l'impeccable production à la musique de Mancini, comme une sorte d'impossible divertissement familial.
Appliquer un tel traitement pour montrer nudité et parler sexualité, ce n'est pas le moindre des paradoxes du film : les approches (ce qu'on montre ou pas, à quel point ou pas) semblent se télescoper. C'est même toute l'histoire du cinéma d'horreur et du fantastique dont on remixe ici la lignée, dès l'ouverture très
Alien. Du Zombie de Romero au prolongement qu'on lui trouve avec le vampire romantique des années 30, on en passera par des sanguinoleries grotesques issues du gore, par la nudité généreuse ou la planète au vampires convoquant Bava, par le gothique évoquant Fisher... C'est un problème : plus de marque de transgression ici, plus de friction, et par là-même plus de trouble. Comme si l'on avait remonté à l'envers cette histoire de la série B pour se reblottir, avec tous les acquis ultérieurs en poche, dans les premières matrices du genre - par exemple celle du fantastique calme et coloré, jamais réellement inquiétant, de Corman et cie. Les initiatives les plus frontales cohabitent du coup avec une sorte de décence : je pense à ce moment du deuxième flashback en forme d'aveu, de cette idée du "je ne voulais pas garder la trace de ce que j'avais fait", et de ne découvrir derrière le rideau des pulsions qu'un baiser assez abstrait.
On voit bien pourtant qu'il y a derrière tout ça le projet, un peu appliqué d'ailleurs, d'aller trifouiller les forces primitives de la sexualité. Mais difficile d'en être troublé à travers ce vernis, celui d'un film qui ressemble à un sapin de noël si rassurant qu'aucune des secousses sismiques enclenchées par le scénar ne ne nous atteint viscéralement (quoique peut-être Mathilda May, messieurs, vous offre-t-elle un rapport un peu moins théorique aux évènements ?). Cela se retrouve d'ailleurs dans le scénario : les morts, infectés, en danger, sont bien souvent des anonymes et figurants qu'on ne pleure guère, et jamais les personnages en charge (même le commandant) ne semblent réellement concernés par le danger ambiant, le film leur laissant le loisir et le temps d'interroger la situation en toute sécurité. Le chaos rêche du cinéma bis, superproduction aidant, n'est même plus là pour jouer l’antidote.
L'exultation manque pour réellement vivre ce film, donc, et notamment pour donner au final une impression autre que celle d'un conte pour enfants se refermant proprement. On se retrouve surtout à suivre l'ensemble comme une aventure dont la désuétude n'est pas dénuée d'onirisme (rien que ce début où les évènements filent à la chaîne et se superposent, et où l'on flotte comme dans un songe...). Le talent de Tobe Hooper, décidément fabuleux metteur en scène, n'en pâtit bizarrement pas tellement : pas une scène qui ne soit un bonheur à suivre.
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). Le sérieux est fermement maintenu grâce notamment à une direction d’acteur allant pleinement dans ce sens (Peter Firth impertubable). C’est peut être ce ton, et le manque de recul qui en découle, qui nuie à une réelle implication du spectateur mais en contre partie on retrouve l'esprit de certains classique du fantastique comme ceux de la hammer et ça se suit sans déplaisir. Le film tient le pari d'être à la mesure de sa grande ambition et l’argent est à l’écran. Les décors et ses effets spéciaux se tenant encore assez bien aujourd'hui. La décomposition rapide des corps vampirisés est impressionante, les aventures spatiales ne sont en rien cheap et font même passer une certaine poésie lorsque les astronautes explorent un vaisseau remplies de chauves souris géante ou qu’ils sont confrontés à la vision de ces cristaux renfermant les corps. A travers la richesse de ces situations, Hooper baigne l’ensemble, volontairement ou non, dans un onirisme fonctionnant justement plutot bien avec ce premier degré.
