Bon j'ai maté.
J'ai fait ça bien, j'ai téléchargé le fichier 1080p, je l'ai même maté via projo sur mon écran de 2m avec le home cinéma.
Bon je suis désolé mais j'ai trouvé ça pas bon du tout.
En fait, la bande-annonce était assez révélatrice. C'est très amateur et ce sur presque tous les points.
Pour commencer, parce que c'est la toute première chose qui saute aux yeux, c'est franchement assez mal joué. J'avoue qu'on se fait, à la longue, au jeu de chacun mais ça reste coincé quelque part entre une volonté de naturel, qui n'est jamais vraiment atteinte, dans tout ce qui est plus conversationnel et surtout un manque de professionnel dans le delivery des répliques un poil plus punchlines. Dans les pires moments, on retrouve le genre de jeu "délibérément" faux/forcé des sketches TV ou autres programmes courts type Very Bad Blagues où le manque de naturel est une donnée acceptée, colle au format et à la démarche. Ici, on est dans une approche plus "réaliste" (sauf lors de certains décrochages hors sujet qui font tâche comme Sébastien qui crie à Julien de sortir de sa chambre à la fin là) et le jeu ne va pas du tout.
Les acteurs ne sont de toute manière pas aidés par leurs personnages, absolument tous agaçants. Ce n'est pas un souci d'avoir un ou plusieurs personnages antipathiques, je veux bien que les mecs soient des "vilains" mais ils doivent être drôles et/ou attachants et/ou charismatiques. Pour reprendre un exemple que j'avais déjà cité dans un ancien message, les personnages des collègues/potes de Steve Carrell dans 40 ans, toujours puceau sont des connards qui le poussent à enchaîner les meufs mais t'as envie de traîner avec eux. Ici, Sébastien et Julien - qui sont d'ailleurs, dans l'absolu, deux fois le même perso, avec le même problème avec leurs meufs, ce qui fait bêtement doublon - sont relou dès le départ (Julien qui hurle dans ses premières secondes à l'écran, Sébastien casse-couilles dès sa première apparition). Et très vite, Alex l'est aussi. Tant qu'il est en mode déprimé au début, le contraste existe mais dès lors qu'on le voit en rencard, complètement nul en drague avec ses blagues pourries, son inadaptation sociale, poussée jusque dans la caricature, il devient lui aussi insupportable. Et les personnages secondaires le sont aussi (le mec - Thomas, si j'ai bien suivi - lors de sa soirée pizza qui répète les mots là, avec "pizza", puis "pepperoni", puis "couteau", et évidemment, dans la scène du beer pong, Momo qui sort d'un autre film) et ça me fait jamais rire tellement c'est lourd. Catherine est le seul personnage attachant, sans doute parce qu'elle est la seule à être équilibrée mais surtout parce qu'elle est une proposition de personnage féminin encore trop rare, pote avec des mecs, qui parle comme eux, à l'aise avec sa sexualité, etc.
J'ai dû me faire violence pour dépasser les 10 minutes. Puis les 20. Puis les 30... Et j'ai pu le remarquer tout simplement parce que je n'ai cessé d'appuyer sur Select sur la manette de ma PS3 pour voir combien de temps il restait. Le film est beaucoup trop long et souffre d'un non-rythme assez fatal.
La première séquence "montage" avec les différents rencards est interminable. Le principe de répétition est assumé mais le montage n'est pas un minimum inventif ou ne serait-ce que dynamique (par exemple, en montant ensemble les rencards plutôt que des les enchaîner l'un après l'autre) et surtout, les situations/meufs ne sont pas assez variées. En gros, c'est toujours lui qui est bidon. Il n'y a que le meuf qui veut parler anglais qui sort du lot. De plus, chaque aperçu de rencard est trop long en soi (pour ce type de montage). D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi la rencontre avec Sarah (PS : je ne crois d'ailleurs pas une seconde au fait qu'elle décide de rester au rencard, puis de le ramener chez elle, puis de coucher avec lui, puis de persister, puis de le laisser dormir là vu à quel point il est bourré, relou, catastrophique au pieu) n'arrive pas à la fin de cette première série de rencontres. Là, le film perd du temps avec d'autres aventures vaguement hors sujet, le beer pong avec les deux meufs, la soirée avec le jeu "action/vérité", la coucherie Alex/Catherine (même si c'est l'un des rares moments du film que j'ai trouvé juste/mature dans l'écriture) avant une DEUXIÈME séquence "montage" de rencontres, heureusement plus dynamique, mais inutile. Ce n'est plus juste répétitif (même si, au bout du 5678e rencard, on en a franchement marre de le voir foirer aussi grossièrement), c'est redondant.
Vous auriez pu gagner une quinzaine de minutes en sucrant ces saynètes superflues. Et ce ne sont pas les seules. Cf. la séquence dans la deuxième moitié montant en parallèle les deux soirées (celle de Sarah et Alex chez le pote black et l'autre où il se passe chais plus quoi). Cette double-séquence n'apporte aucune information supplémentaire, aucune information nécessaire. Et en même temps, elle est tellement brève que l'on se demande pourquoi l'avoir gardé. J'ai l'impression qu'il n'y a même pas de blagues dans cette scène (le pote noir ouvre sa chemise...ok).
Il y a d'autres scènes dont l'enchaînement paraît hachuré de la sorte (je pense à la séquence où Sébastien baise la blonde mais n'arrive pas à jouir et qui se termine avec son "toutes des salopes"). J'ai l'impression qu'à trop chercher le dynamisme (le montage est hystéro absolument tout le temps, c'est fatigant), ça flingue tout rythme, que ce soit au sein même des séquences ou sur le film entier.
Le montage n'est pas le seul souci. La mise en scène pose problème également. À vrai dire, il n'y a aucun principe de mise en scène. 85% du film est en champ-contre-champ de gros plans ou plans au niveau des épaules, notamment dans la première moitié (d'ailleurs, est-ce que la faute des 180 dans le champ-contre-champ à 3 dans le magasin de vins au début est volontaire?), et j'ai l'impression qu'il n'y a pas un seul plan sur pied. C'est en caméra portée TOUT LE TEMPS. Sans que ça n'ait AUCUN SENS. Aucun sens autre qu'un souci de simili-réalisme et nervosité mais ça participe surtout à rendre ça très amateur, une fois de plus. Ça peut se comprendre sur certains gros plans mais sur les plans de gens qui marchent dans la rue, on dirait mes premiers courts, quand j'avais même pas de quoi improviser un Steadycam de fortune. Ça irrite l'oeil à force. Il y a aussi des effets de style que je trouve de très mauvais goût, comme les coeurs et autres icônes qui apparaissent lors du montage sur les sites de rencontres au début. Là aussi, ça fait "premier court".
Il y a un effort de fait dans la photo, pour ne pas avoir une image plate (qui est malheureusement tout de même là dans certaines séquences comme chez Thomas au début) mais le piqué reste cruellement numérique/vidéo et il y a soit un défaut d'éclairage, soit un défaut de maquillage parce que certains acteurs BRILLENT dans CHAQUE scène.
Dans l'ensemble, le film n'a rien d'intéressant à raconter ou à proposer. C'est une histoire de couple somme toute assez banale avec comme seule potentielle originalité, la caractérisation du héros comme un mec qui fait "une blague (pourrie) à la seconde". Mais c'est là tout le souci du film : il ne tient que sur son humour et celui-ci est profondément lourdingue (combien de scènes de Julien bourré?) avec une AVALANCHE de références intolérablement gratuites, de citations de paroles de chanson, de répliques tirées de film ou des Petites annonces d'Élie, comme si tu voulais à tout prix caser tes trucs cultes mais sans jamais réussir à les communiquer. Je comprends le délire parce que c'est le genre de délire que je peux avoir en live avec mes potes également mais c'est la différence entre l'humour qui naît de la spontanéité d'une réf balancée comme ça, sur le moment, et l'humour écrit. Ici, chaque référence est mal amenée, juste balancée. L'un des premiers exemples est symptomatique de ce problème : quand Sébastien dit qu'Alex a énervé Julien et qu'il va devoir lui montrer Le Seigneur des Anneaux en version longue, 16h de Hobbit, etc. Ça arrive comme un cheveu sur la soupe. Et c'est presque toujours comme ça (la réf à Vianney, sérieux, je me suis cru devant Touche pas à mon poste). Et c'est pareil avec les volontés de ping pong verbal où tu fais des inserts sur une phrase de chaque perso présent mais sans que cela n'ait un quelconque impact (cf. le "Toi-même tu sais" de Catherine dans le bar avant qu'Alex n'aille rencontrer Sarah).
J'ai tout de même fait l'effort de noter chaque réplique qui m'a fait sourire/marrer : - la blague sur Dr. Dolittle 2 meilleur que le premier - "Enculé de Dolan." ÇA c'est une référence bien amenée, bien utilisée, set up and pay off - "Viens, Polanski", autre bon exemple, cette fois non pas d'un pay off bien construit mais d'une référence balancée naturellement - le "Fais pas ta pute" suivi de la baffe - "J'avais un rhume", absurde, très bon - "Faut que j'aille a la CAF" - la référence à I am Number Four, pour l'improbabilité de la ref
Pour les autres bons points, j'ai trouvé le dialogue sur Julien et ses meufs de Terminale plutôt naturelle, au même titre que la première joute verbale entre Sébastien et Catherine. Je me suis également reconnu dans le trip du mec qui demande à son pote de prendre des tofs de ses plans culs pour vivre par procuration.
Voilà, désolé, je sais que c'est jamais agréable mais je préfère être honnête et j'espère avoir été assez constructif et précis dans mes critiques.
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