Film Freak a écrit:
Ah oui et ça va déclencher des allergies chez nos amis restés au stade anal du réalisme chronologique : les deux meufs de 18/20 ans parlent en 2005 comme des meufs d'aujourd'hui, à base d'anglais omniprésent, de référence au patriarcat, etc.
ça m'a beaucoup gêné, mais pas uniquement par l'aversion aux anachronismes que l'on connait à quelques uns des plus brillants esprits qui fréquentent cet endroit.
le film se situe clairement dans un univers imaginaire, sur une autre planête. alors pourquoi le dater, le localiser, faire des références aussi visibles à la culture populaire ? ça créé des anachronismes en cascade, des reproductions ratées de références connues, ce qui perturbe et pirate. le modèle the substance est évident, juste un monde imaginaire qui flotte, mélangeant des refs de différentes époques, et reproduisant efficacement mais grotesquement. ça me paraissait bien plus malin que de reproduire britney qui se rase les cheveux à paris en 2015.
ça aurait aussi pu être la base d'un travail sur la culture mondialisée des millenials / gen z, dont les références se trouvent sur internet/ films sans frontières et pas de le pays réel qui les entoure, ce qui créé un décalage que notre génération connait bien. mais non. d'autant plus intéressant que dans le cinéma comme dans la pop il y a une génération d'artistes qui aspirent à faire des choses qui ne marchent pas ici : les popstars féminines en france ça n'existe pas et ça ne marche pas, il y a lorie y a 25 ans qui a marché 2 ans avec les petites filles, shy'm qui a eu 1 petit tube et peinait à remplir un olympia, et c'est tout. le punk n'en parlons pas. donc soit on est dans un monde alternatif, soit on est à paris 2005 et on fait un truc là dessus, mais le choix de mélanger les deux approches a beau être parfaitement volontaire, j'ai juste trouvé que c'était une mauvaise décision qui ne permettait d'aller à fond dans aucune des directions potentielles.
et par ailleurs, ça reflétait forcément un manque de travail sur les différentes époques à part des choses très superficielles. et donc, quitte à dire que c'est à paris en 2005/2015, on pouvait justement voir la manière dont la culture collective définit les cultures individuelles, qui définit les êtres et donc leurs relations. c'est vrai pour tous les êtres humains de la planète, et tout particulièrement pour les gays et lesbiennes, dont les vies sont quand même intégralement définies par ce que la société les laisse vivre à une date précise dans un lieu précis. là on a le truc vraiment très basique et un peu débile de l'homosexualité cachée puis révélée de la fille, qui ressemble à un truc pour le coup d'un autre âge : la sphère pop française en 2015 qui est choquée qu'une chanteuse ait eu une aventure lesbienne, ridicule.
en refusant ce travail, le film se condamne un peu lui-même à n'être que très superficiel et à ne pas parler de grand-chose, à part cette histoire d'amour qui, vous l'avez dit, est fondamentalement assez classique. classique, mais néanmoins bizarre, parce que j'étais surpris que ce film qui incarne jusqu'à surjouer le wokisme (l'avertissement en écriture inclusive pour les spectateur.rice.s photosensibles au début...) se complaise dans la glamorification de ces comportement totalement toxiques. et par ailleurs moi les lesbiennes toxiques et violentes c'est une sous-catégorie bien connue et pour laquelle je n'ai aucune sympathie, donc c'était compliqué.
j'ai par ailleurs rigolé parce que j'ai passé 1h50 à me dire que c'était beaucoup trop long, le film dans son ensemble et pendant 15 scènes individuells et oh incroyable il a monté lui-même son film.
sinon je reconnais plein de trucs sympas, évidemment l'originalité de la chose, la générosité sans fin du film et de sa da du haut de ses 2 millions de budget, l'incroyable casting des 2 principales, des tas de petits trucs réussis. mais rien de tout ça ne m'a parlé, et je ne pouvais pas m'empêcher de penser qui se ça ne me parlait à
moi, gros dep féru de pop (culture), il y avait un souci.
et donc effectivement, 10k première semaine, ça va finir sous les 20, et on est un plan dans un paradoxe français : d'un côté, c'est fou cette industrie qui crame 2 millions dans un film qui en rapportera 150 000 avant de disparaitre corps et biens, ce qui était évidemment prévisible dès le départ. d'un autre, quitte à cramer 2 millions, c'est sympa que ce soit sur un film fort comme ça, qui témoigne d'un moment et d'une culture, que je trouve vraiment globalement raté mais on s'en fout, si c'est raté c'est qu'ils ont essayé et c'est bien le principal.