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MessagePosté: 13 Mai 2022, 10:10 
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Art Core, aide-moi !

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MessagePosté: 13 Mai 2022, 10:36 
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J'ai aimé mais le pire c'est que je suis totalement d'accord avec que dit Lohmann. Je crois simplement que le coeur du film est ailleurs. La je suis dans le train mais dès que je suis devant un ordi je développe.

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MessagePosté: 13 Mai 2022, 10:44 
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Lohmann a écrit:
Hers fait dans l'hagiographie quasi zemmourienne d'un passé révolu et fantasmé, ce qu'il nous montre à voir ce n'est pas les années 80 telles qu'elles se sont réellement passées, c'est le sentiment diffus d'un passé au sein duquel il fait bon se lover,
Ah mais que le film de Hers soit dans une bulle fantasmée, c'est totalement vrai et assumé. Et c'est une partie de ce qui me séduit car je me sens bien dans cette bulle poétique, douce et un peu coupé du réel. Je me love dedans avec beaucoup de bonheur. C'est un peu ce que je voulais exprimer, en me prenant les pieds dans le tapis, en parlant initialement de nostalgie. La comparaison avec Zemmour, c'est non par contre. Zemmour réécrit le passé pour le manipuler et servir des dessins présents, ce qui n'est pas du tout le cas de Hers.

Et pendant le film, je suis conscient que ce parti pris, cet univers, peut totalement rebuter comme cela a été ton cas. Par exemple, la vision de la drogue du film t'horripile, et je le comprends, c'est poétique et d'un romanesque totalement irréaliste mais crédible pour moi car totalement raccord avec l'univers poétique de Hers. Allez je vais même pousser le bouchon et aller jusqu'à dire que le cinéma d'Hers est autiste. Mais pour moi ça n'en fait pas un mauvais film.


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MessagePosté: 16 Mai 2022, 10:31 
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Abyssin a écrit:
A travers Talulah et sa fascination pour Bulle Ogier



Pascale, en fait :)

bmntmp a écrit:
Pas faux. Le prénom Tallulah aurait été donné douze fois entre 1900 et 2000 (je sais pas où ce site récupère ses données).


Mais on est d'accord qu'il s'agit d'un pseudo

Qui-Gon Jinn a écrit:
Par contre, dans une des jolies scènes de cinéma qui émaillent le film, il y a une erreur: ils vont voir BIRDY à l'Escurial (deux salles), mais BIRDY a déjà commencé donc ils profitent de gens qui sortent de l'autre salle pour s'incruster voir LES NUITS DE LA PLEINE LUNE... qui a lui aussi déjà commencé. Donc d'où sortaient ces gens ? Y a un truc qui colle pas.


Effectivement, après avoir vu le film (magnifique), y a un truc qui ne colle pas. Je pensais que tu parlais de deux ou trois personnes qui sortaient de la salle au bout de dix minutes. Là, c'est carrément une salle entière qui se vide, eux qui en profitent pour entrer et se retrouve au milieu du Rohmer.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 17 Mai 2022, 10:17 
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Le prologue du film est catastrophique. Vraiment je ne comprends pas cette espèce de vignette ridicule le soir de l'élection de Mitterand censé donner le "la" du film, cette espèce de pseudo période dorée de la gauche au pouvoir en France, comme l'annonce que tout ira bien, la jeunesse fait la fête et la famille est réunie. C'est vraiment le pire de la fétichisation nostalgique du "c'était mieux avant", ce que le film ne fera qu'enfoncer petit à petit dans ce qui suit avec en effet une volonté manifeste de contourner tous les conflits, de rendre facile toute cette vie de petite bourgeoisie assez agaçante sur le papier (évidemment famille de gauche, la fille est militante). Les problème d'argent n'en sont pas vraiment (le magnifique appart de Beaugrennelle qui doit valoir aujourd'hui 5M d'€), le traitement de la toxicomanie est littéralement risible (une bonne engueulade et un câlin et c'est fini), la précarisation est purement théorique (Tallulah qui débarque après deux ans de clochardisation et de toxicomanie fraîche comme une rose)... Tout ça donne en effet au film un côté lénifiant, un peu trop facile toute le temps, rien n'est grave. En fait étonnement je me suis fait cette remarque à la fin, c'est un des plus purs "feel good movie" français que j'ai vu. Ca m'a surpris parce que le sujet des deux précédents films de Hers étaient le deuil (même si c'était traité sans pathos).

Malgré ces gros défauts (qui pèsent finalement plus à postériori et font que le film ne vieillit pas si bien), je trouve que Hers n'a pas son pareil pour écrire des personnages immédiatement attachants, immédiatement émouvants. Je ne suis pas sûr que la voix velouté de Charlotte Gainsbourg ait déjà été si bien utilisée. Elle recouvre littéralement le film de ce voile capiteux qui fait qu'on se sent bien dans ce film, qu'on a envie d'y rester. La sublime Noée Abita qui traverse le film comme une poupée évanescente (enfermée dans sa boîte hors de l'appartement) qui flotte entre les membres de cette famille telle une icône de cinéma fragile et un objet de désir (avec ce dépucelage qui n'est plus évoqué, un moment presque fantasmé). J'aime beaucoup l'écriture de Hers avec une vraie sincérité, je ne sens pas de malice ou de calcul. Par exemple la scène du cinéma, les personnages se retrouvent devant un Rohmer et leur première réaction c'est d'en rire, de manière naturelle.

Et le film avance dans son petit cocon parisien, presque exclusivement du 15ème arrondissement. Et je me laisse emporter par ces personnages tous réussis dans leur genre, sans caricature, sans pousser trop loin cet éminent côté petite bourgeoise de gauche cultivé (le fils veut être poète, on ne saura rien de sa carrière future, cette idée amusante de la figuration reste un pur moment ludique détaché du "cinéma"). J'aime la construction du film en pure chronique où chaque scène semble durer à peine une ou deux minutes, tout ça est très efficace et il faut dire que Hers réussit ses scènes clés, comme la scène où la mère donne un cadeau à chacun de ses enfants, assez bouleversante.

Un sentiment donc assez partagé sur le film, que j'aime beaucoup en surface, j'ai eu cette (rare) frustration du film qui se termine trop tôt où tu veux rester encore près des personnages. Mais en même temps d'accord avec Lohmann sur le fond un peu réac qui lui donne un côté tellement inoffensif qu'il en devient anecdotique. En fait j'ai pas mal pensé à un autre film français récent avec qui il constitue un diptyque assez intéressant, Boire, aimer et courir vite et je me suis surpris à préférer le Honoré je crois.

4/6

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MessagePosté: 17 Mai 2022, 11:04 
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Art Core a tout dit dans son premier paragraphe.


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MessagePosté: 18 Mai 2022, 09:26 
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Le parti-pris de rester sur cette fragilité, sur cette douceur, donne au film un ton très particulier et assez agréable. Mais en gommant toute tension il perd à la fois en dramaturgie et en crédibilité. Effectivement, la drogue c'est pas aussi simple que ça quand même. Et un chagrin d'amour à cet âge là c'est plus explosif non ?

Bref, même si l'on peut comprendre la démarche du réalisateur, le film aurait gagné en intérêt avec un peu plus d'ardeur.


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MessagePosté: 21 Mai 2022, 16:44 
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Charlotte Gainsbourg et Emmanuelle Béart portent le film, mais la reconstitution des années 80 est en effet fade et aseptisée. Méchamment je dirais que c'est du Téchiné light (même pas d’érotisme). Il y a par ailleurs un problème de rythme, le parcours de Tallulah, son histore d'amour avec le fils, sont exposés de manière si rapide et programmatique que les personnages n'existent pas. Les ado parlent de cul, donc le personnage du fils apparaît à l'écran en parlant de cul sans que que cela ne le définisse ensuite, les personnages ne sont caractérisés que par leur entrée dans le champ, s'accumulent dans l'espace de l'appartement, sans qu'il ne se passe ensuite grande-chose (tout s'est joué avant, le divorce, le cancer). Il y a ce plan improbable où il embrasse une fille juste devant le reste de la famille qui regarde l'équipe de France (on dirait France-Brésil en 1986 et pas 1984) et Larqué-Roland dans le poste (le baiser étant élégamment comparé à un but, ce qui liquide la sexualité du personnage), mais ce plan est tout simplement impossible (viens on va s'isoler au premier plan). C'est un non-choix (finalement sous-jacent dans le film) entre l'intimité qui ferait exister les personnage et la mise en scène d'une espèce de pure transparence sociologique (qui se confond avec le groupe) où les personnages se savent regardés en permanence, qui tire le film vers des images quasiment publicitaires. Même chose avec la fille (bonne actrice, avec une présence forte pourtant), on sait qu'elle fait de la politique et des études, on ignore lesquelles, cela permet juste de la caractériser comme raisonneuse, tout en forçant l'identification du spectacteur envers elle. L'indéfinition n'est pas un procédé de distanciation mais de reconnaissance. L'intrigue est brodée autour de ce vide (le frère qui avoue qu'il ne sait rien de sa vie privée, la mère non plus, comme s'ils s'en foutaient).

J'ai l'impression que le film cumule deux logiques, pareillement dosables, mais qui se neutralisent, d'une part du vérisme sociologique, qui tend à minorer les personnages, les renvoyer à l'échec (le divorce qui est le corrélat de l'idéologie montante du care individuelle, le cancer du sein, le fait que le fils vise une carrière d'écrivain sans pouvoir publier, l'appartement magnifique mais qui devient trop cher, pas mal vu, mais ce ne sont que des situations - Audiard était plus habile dans les Olympiades en faisant de ses personnages des agents immobiliers, il fallait un peu de cynisme et d'opportunisme économique pour les arracher du décors), d'autre part celle du bon goût qui lui renvoie vers un élitisme qui ne représente pas l'époque (la B.O. super pointue avec Felt, et les Pale Fountain, mais qui écoutait réellement ces disques à l'époque à part Jean-Daniel Beauvallet ? Les Church, Echo & the Bunnymen ou les Cure étaient bien plus représentatifs, mais trop communs). Un peu la même ambivalence avec le personnage de Béart, inspiré de Macha Béranger, mais présenté comme douce et érotisée, quand l'originale était au fond, franchement racoleuse. Le film ne voile pas cette ambiguïté économique (elle parle de "contrat" avec les personnes qu'elle écoute), mais présupposé que l’aliénation telle qu'elle existait dans les années 80 est meilleure que notre présent, qui est en fait jugé par cette nostalgie, c'est le vrai sujet du film, mais hors-champs, sans dialectique. Ce vide et cette fuite du sujet semble se convertir en regard vers le passé plutôt que de s'avouer comme l'essence du présent.
Il ya des trucs pas mal vu (Charlotte Gainsbourg qui n'assume pas l'âge adulte, qui trouve en Macha Béranger à la fois une mère et un employer. Celle-ci n'a pas de vie privée, juste des maladies, mais organise et rachète aussi bien moralement que socialement son entourage - la personne de média devient l'équivalent féminin du curé ou du détective à la Krakauer) ainsi une ambiguïté qui aurait pu être intéressante si le film l'avait creusée : en guérissant, le personnage de Tallulah renvoie aussi cette famille à a sa mort et au souvenir, elle comprend qu'ils n'ont plus de raison d'être, mais le film ne le lui laisse pas le dire (elle utilise deux fois l'expression je trouve pas les mots, au début à la radio et à la fin dans la lettre très fade qu'elle écrit au fils, mais ce gimmick signature devient une facilté d'écriture, qui replie le personnage sur le fantasme d'imiter Pascale Ogier, en organisant sa disparition sans commettre la faute de goût de mourir : elle quitte la réalité au lieu de la vie, d'où sa supériorité morale silencieuse sur les autres personnages.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
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MessagePosté: 22 Mai 2022, 09:44 
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Lloyd Cole et pas Felt pardon

J'ai confondu
https://youtu.be/gSc46sEZdl4
https://youtu.be/WmHqfoIUwf0

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MessagePosté: 23 Mai 2022, 08:31 
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Le dernier épisode de La Gêne occasionnée sur le dernier Hers (et une petite dizaine de minutes sur Il bucco), je souscrit bien évidemment à 100% à l'ensemble des reproches que Bégaudeau fait au film.


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MessagePosté: 23 Mai 2022, 08:36 
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Ca me fait penser au trait d'esprit selon lequel en politique je suis tout à fait d'accord avec ce qui vient d'être dit est plutôt une menace, je ne sais pas pourquoi :mrgreen:

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MessagePosté: 23 Mai 2022, 09:44 
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Lohmann a écrit:
Le dernier épisode de La Gêne occasionnée sur le dernier Hers (et une petite dizaine de minutes sur Il bucco), je souscrit bien évidemment à 100% à l'ensemble des reproches que Bégaudeau fait au film.

Ah bah je vais peut-être me faire un petit plaisir coupable en l'écoutant alors.


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MessagePosté: 23 Mai 2022, 09:46 
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Oui bon épisode, il pointe bien les problèmes du film. En plus il y a un bonus sur Il Bucco !

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MessagePosté: 12 Sep 2022, 05:47 
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Lohmann a écrit:
Le dernier épisode de La Gêne occasionnée sur le dernier Hers (et une petite dizaine de minutes sur Il bucco), je souscrit bien évidemment à 100% à l'ensemble des reproches que Bégaudeau fait au film.


mouais, j'ai quand même l'impression que la plupart de ses critiques à l'égard du film correspondent à ce devant quoi il se pignole qq semaines avant sur "Apollo 10 1/2", ce qui le met clairement dans le même panier que les critiques qu'il corrige. Si on veut être dialectique, on dira que le cinéma consensuel de Hers ne l'est pas tant que ça puisqu'il a visiblement exaspéré Bégaudeau (au point qu'il en vient à descendre absolument tout ce qui bouge jusqu'à la mauvaise foi la plus extrême, ce qu'il avait curieusement épargné à "Drive my car" - ayant bénéficié du même engouement critique - qui dans le fond est pas très éloigné du Hers en termes de résilience et de "care").


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MessagePosté: 12 Sep 2022, 08:38 
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Lohmann a écrit:
Le dernier épisode de La Gêne occasionnée sur le dernier Hers (et une petite dizaine de minutes sur Il bucco), je souscrit bien évidemment à 100% à l'ensemble des reproches que Bégaudeau fait au film.

Pour le coup je le trouve assez à côté de la plaque, il reproche au film de ne pas être ce qu'il aurait voulu qu'il soit, ça nous fait une belle jambe..

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