Forum de FilmDeCulte

je poursuis mon mini-festival espagnol avec ce film de 1963, réalisé par l'oncle de javier bardem, un productif réalisateur espagnol mais dont pas grand chose n'a voyagé / survécu à part mort d'un cycliste - et qui n'a donc rien à voir avec des histoires d'enfants, de fantômes et que sais-je encore.

ça raconte l'histoire d'un homme que l'on appelle pour l'informer de la mort de sa femme dans un accident de voiture. elle était la passagère, et le conducteur était un autre homme, un riche industriel issu de la famille propriétaire de la banque où l'homme travaillait. pourquoi étaient-ils ensemble dans cette voiture ? avaient-ils une liaison ? il mène une sorte d'enquête et dans le processus se rapproche de la fille mineur (genre 16 ans, mais l'actrice en avait 20) du patron mort...

ce qui frappe, c'est à quel point ça pourrait être un film français, ça fait penser aux amants de louis malle, à la peau douce de truffaut, ou même à un homme et une femme. pas forcément dans l'histoire (encore que) mais dans la mise en scène, le rythme, les thématiques... visuellement, c'est frappant, un magnifique noir et blanc en cinémascope, les cadres sont très familiers... même les acteurs ont des têtes de français - je me suis d'abord dit ça, avant de réaliser que le principal ressemble à mon grand-père quand il a immigré en france donc c'est possible que ce soit des traits qui aient été importés. mais enfin la proximité culturelle, impressionnante.

pas pour tout, néanmoins, notamment dans le traitement de la quête de la vérité : l'homme ne veut pas savoir pour comprendre, pour partager les dernières heures de sa femme, pour connaitre sa vérité. il veut savoir s'il était cocu ou non, en disant explicitement que si oui il "l'oubliera" et si non il fera son deuil. au bureau, les gens rigolent sur son passage en mimant des cornes. et il dit 25 fois à quel point il est humilié, etc. j'ai tendance à penser que même en 63, cette vision était un peu dépassée en france et les aspects sentimentaux l'auraient emporté. et par rapport à ce qu'on ferait aujourd'hui, l'absence totale de la femme - on ne voit pas sa tête, mais on a 0 information sur qui elle était ses aspirations etc - est difficilement envisageable. ça correspond fort probablement à un choix très conscient, mais aujourd'hui il ne serait pas fait et c'est quand même atrocement frustrant de ne pas savoir qui était cette femme.

l'histoire d'amour avec la fille m'a paru plus saugrenue, je n'ai pas bien saisi où il voulait en venir - à part quelques éléments pour critiquer mollement le capitalisme qui broie les individus et provoque toutes les compromissions, quelques éléments sur la différence de classe sociale entre les deux, mais il n'en demeure pas moins qu'un mec qui ken et s'installe avec la fille mineure de l'amant mort de sa femme c'est quand même un peu bizarre, j'ai pas trop compris et dur de s'émouvoir.

du coup un film un peu agaçant, dans l'identité du film ça avait tout pour me plaire, ils sont tous si beaux quand ils parlent espagnol, le titre est très joli, l'histoire de base est riche de promesses, mais les directions dans lesquelles va l'histoire ne me parlent pas du tout.

dispo sur arte encore quelques jours.

Trop de film qui s'appellent "(Les) Innocents"

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

y a les spin off gender-swapped en plus, on s'en sort pas.

lol

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"