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MessagePosté: 24 Avr 2013, 16:35 
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Inscription: 24 Avr 2013, 16:32
Messages: 1
[Info modo : post en réponse à un premier message effacé]


Le film est en ressortie nationale en France ! Pour les lyonnais, rendez-vous à l'Institut Lumière pour le découvrir ou le redécouvrir sur grand écran : Je 25/04 à 21h - Ve 26/04 à 17h - Sa 27/04 à 16h30


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MessagePosté: 14 Mar 2015, 01:40 
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Teacher

Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
Messages: 11667
Muerte de un ciclista en VO.

Image

Épouse d’un riche industriel, Maria-José est la maîtresse d’un intellectuel, professeur d’université, Juan. Au cours d’une promenade en voiture avec lui, elle écrase un ouvrier à bicyclette. Après un moment d'hésitation, ils prennent la fuite et le laissent mourir sur la route.


C'est dingue comme on finit par les reconnaître ces films des années 50 qui participent à cette veine savante : démonstration socio-psychologique édifiante, un peu expressionniste et baroque ©Welles sur les bords, très maître de ses effets (parfois assez artificiels, notamment en ce qui concerne la musique)... Cette fanfare thématico-formelle menace, ici encore, de clôturer son petit programme de tous les côtés, comme en témoigne ce scénario qui ne pourra s'empêcher de faire prévaloir le recoupement virtuose de ses différentes lignes (jusqu'à la fin appliquée et ronflante) sur toute autre échappée narrative plus mystérieuse. Même si j'aime bien son personnage, j'aurais par exemple beaucoup aimé que cette étudiante humiliée reste cette petite note injuste et violente le temps d'une scène, un hors-champ possible. Le tout-utilitaire à la démonstration réduit parfois les horizons du film, y compris ceux de son évidente portée politique.

Cela dit, je suis séduit. La façon dont Bardem enchaîne ses scènes, comme dans un constant passage de relai, faisant circuler la tension et la violence d'un bout à l'autre de la société espagnole, rend un sentiment d'étouffement (psychologique, mais aussi social) assez saisissant. Comme une vitre qu'on frappe et qui se craquelle de toutes parts, l'accident (qui n'est pas le sujet) semble provoquer une espèce de délicieuse théorie du chaos, et le personnage de Rafa achève de donner au film l'allure d'une expérience quasi-physique d"oppression, plus que d'une distante étude d'entomologiste. Il y a donc une belle voie de tracée au milieu de l'exercice d'intimidation de jeune cinéaste, même si le film a du mal à ne pas se caricaturer en avançant :
le héros perso apaisé qui en devient platement béat, la relation à l'étudiante qui n'offre plus aucune résistance ou réel dialogue, la femme réduite à son ambition, Rafa hors jeu...
Le symbolisme finit par prendre le dessus. J'ai l'impression que toutes les pistes prometteuses qui avaient été dessinées (le mystère de l'enquête, l’exploration de la classe prolétaire italienne...) sont un peu laissées en plan une fois la tension post-Rafa retombée, et que le film y perd du même coup sa singularité et ses quelques jolies promesses.


Concernant le DVD : l'image DVD est impec, et le film a été restauré.


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MessagePosté: 02 Mar 2016, 15:21 
Oui en effet j'aime bien les 50 premières minutes, très langiennes (et très denses, un film actuel mettrait deux fois plus de temps pour raconter cette histoire), mais à la fin le film cafouille un peu. On a l'impression que Bardem, pour contourner la censure, a dû transformer les 20 dernières minutes en profession de foi communiste, non pas cachée mais paraxoxalement tolérée car explicite dès lors qu'elle a un imaginaire partiellement commun au franquisme (la métaphore de l'athlète, la thématique de la renaissance collective).
Du coup Alberto Closas (très bon du reste) passe 20 minutes à commenter le début du film et à énoncer des intentions
("je me suis trompé de métaphore, ce n'est pas ma mère le symbole morbide du franquisme, mais ma maîtresse" "ce carreau cassé c'est le symbole de ma renaissance et de la jeunesse", "en cachant quelque chose on en avoue une autre" etc...).


Un pur film noir (où les personnes s'enfonceraient sans étaler leur mauvaise conscience) ce qui était je crois l'intention de Bardem au départ aurait été plus subversif, et sans doute interdit. Mais le film est neutre: c'est à l'intérieur de la même histoirre et de la même image que le communisme du professeur compense le franquisme. Paradoxalement le film avoue trop tôt la faiblesse de l'image pour parler de politique sans métaphore.

Film quand-même intéressant, avec une histoire au début "dialectique" et démonstrative (où ce qui est nié au début est ensuite conservé, répété et renforcé, et la prise de conscience des faits réels est plus fatale que la réalité elle-même) puis progressivement contaminée non pas par le négatif mais par le double (l'étudiante dans les très belles scènes de la salle des profs et de l'examen est un clone de Lucia Bosé,
mais c'est gâché par le début de flirt qui le surligne
).
La caméra place au début le spectateur à la place du mort, puis une fois que tous ces enjeux sont épuisés, à celle du meurtrier.

Le personnage de Rafa est aussi intéressant historiquement parlant (en effet abandonné et condamné par l'auteur et la critique le livret du DVD: il est montré comme un concurrent débauché et illégitime du communuisme, lucide mais décadent, on le traite presque de "vipère lubrique" dans le livret , alors que c'est le seul personnage tragique et dont le destin est "inexpliqué"), car le franquisme a en effet sponsorisé (par des bourses de visite en France et aux USA, qui avaient aussi l'avantage de tenir loin d'Espagne des jeunes artistes) un certain modernisme formel et l'art abstrait (sans doute pour la principale raison qu'il était exportable aux USA et mal vu en Russie), jouant par exemple un temps Tapiès contre Picasso (dont la peinture était devenue, après la guerre, par réaction, complètement auto-référentielle) et Miro.

Belle musique.


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MessagePosté: 11 Sep 2022, 13:04 
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Expert

Inscription: 30 Sep 2016, 19:39
Messages: 5913
Les avis ci-dessus résument bien les choses.
Très bon film, juste un peu trop schématique pour passer dans une autre dimension. Le canevas est un peu un canevas de soap opera, qui fait penser aux films de Gavaldon de la même période, avec couple adultère et maître chanteur, mais auquel est instillé un discours politique qui le transcende. Que le film, très resserré - il dure à peine une heure vingt - évacue le maître chanteur plus rapidement qu'on s'y attende, joue à son avantage même si la tonalité existentielle de la dernière partie a tendance à se faire un peu lourde. La scène du "suicide", au milieu d'un paysage dénudé, avec pour tout élément de décor un arbre sans feuilles, est très belle.
A la différence des films de Gavaldon, la psychologie des personnages tend à les figer dans des stéréotypes. Ainsi le personnage féminin principal, quasi immédiatement définie comme égoïste, ce qui ne bougera plus. La pirouette finale, pour être systématique, la sauve quelque peu.


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