Castorp a écrit:
Art Core a écrit:
Certainement mais je pense que d'avoir grandi au fin fond de la province française m'a donné des envies d'ailleurs (même si finalement je voyage très peu).
Je me suis rendu compte récemment à quel point je ne connaissais pas du tout l'endroit où j'avais grandi.
Et je crois que c'est le cas de beaucoup de campagnards, principalement à cause de la voiture, qui transforme la campagne en une bête arrivée-destination, sans vraiment faire attention à ce qu'il y a entre les deux.
Et là, quand j'y retourne, je prends un pied fou.
Le campagnard-campagnard, il connait son coin quand même en moyenne. Sont pas tous chasseurs ou à cueillir les champignons mais tu connais quand même les coins où aller te baquer, faire du vélo, titiller les tétons de la pucelle tranquille.
Le coup de la voiture, c'est plus celui qui a une vie à la ville et dort à la campagne, mais n'en profite pas, parce qu'il faut d'abord qu'il profite de sa maison, sinon, à quoi ça servirait qu'il perde son temps et son argent dans les bouchons ?
Ya aussi beaucoup du syndrome de "c'est à côté, j'aurais bien l'occase de le faire un jour". Et on se rend compte qu'on est con d'avoir exploré à fond un coin à l'autre bout du monde, sans connaître ce qu'il y a à une heure. Enfin moi, c'est après mes premiers gros voyages que je m'y suis mis.
Peut-être aussi qu'avec les parents, j'ai pas mal bourlingué en France (jamais à l'étranger) et que j'avais déjà été sur LE site, LE monument, que c'était rayé de la liste en quelque sorte. Jusqu'à comprendre qu'adulte, tu visites évidemment pas de la même manière.
Puis avec des gamins, tu reproduis le schéma.
Partir loin, c'est pour moi quand même se prendre une dose d'exotisme. Les Etats-Unis ne me tente pas du tout par exemple, enfin disons mettre le budget pour, dans l'absolu ya pas de raison que ça me déplaise mais j'ai vraiment pas le budget pour le décalage qui ne me parait pas si grand. Et l'emphase américaine a tendance à me fatiguer (mais je n'en ai rencontré que voyageurs donc avec déjà une mentalité particulière et ils sont forcément contents d'être en voyage eux-mêmes). J'aime bien aussi être l'exotique, quand tu dépasses le stade de tiroir-caisse potentiel, c'est cool. Le mieux, c'est entrer en contact avec les natio eux-mêmes en vacances. Ou d'autres touristes qui connaissent bien, ou à défaut, de se faire recommander par quelqu'un. Mais faut du temps de toute façon. Les enfants, c'est justement bien pour être traité en "humain" par les locaux mais c'est quand même contraignant.
Marlo a écrit:
Art Core a écrit:
Marrant c'est très franco-français comme vacances. Je ne critique pas mais ça ne me viendrait même pas à l'esprit d'aller explorer la province française. Je préfère de loin aller à l'étranger (sans pour autant faire de "grands" voyages) comme l'Espagne, l'Italie, l'Angleterre...
Perso je suis de moins en moins tenté par les voyages à l'étranger en fait. Je ne suis jamais plus heureux qu'au volant d'une voiture dans des paysages français je crois. Ces paysages souvent superbes mais tout de même familiers, ces petits hôtels, ces petits restaurants, ... C'est mon côté houellebecquien je pense. Et puis ça coûte que dalle !
La semaine dernière j'ai fait un road trip d'une semaine en Bretagne, de St-Malo à la Pointe du Raz (en passant par Dinan, dédicace à l'hôte de ce topic
) et je m'en souviendrai plus que de tous les voyages à l'étrangers que j'ai fait ces derniers temps. Quelques centaines de kilomètres de parcours seulement et pourtant une variété folle dans les activités et les paysages. Et puis la sérénité que ce type de voyage procure est très appréciable. Voyager sans avoir à mettre l'avion ou le train au début ou à la fin, ça n'a pas de prix. Pas que je n'aime pas l'avion, mais ça oblige tout de suite à préparer son voyage à minimum, ce que je n'aime pas trop.
Il y a deux ans j'avais fait avec deux potes un voyage à l'arrache en Alsace/Lorraine, on s'amusait à suivre les pancartes brunes annonçant un lieu touristique les plus improbables. On est allé visiter un parc avec des singes en liberté, vu un vestige ridicule de la ligne Maginot, découvert le mont St-Odile par hasard. A l'étranger, à moins de partir sur une très longue période, ou de revenir pour la énième fois au même coin, on se retrouve souvent à suivre un programme établi et assez classique, parce qu'on a plus envie de rentabiliser son voyage déjà.
Mais oui, partir avec juste une caisse à l'arrache, tu multiplies les chances de bonnes surprises. Dernier en date (ça remonte à pas mal d'années, déjà) avec des potes, o nétait parti faire le "parcours artistique" de l'estuaire de la Loire. C'était tellement merdique qu'à la moitié, on a tracé sans but selon les panneaux rencontrés. On a vu des trucs, rencontrés des gens bien plus intéressants et bien plus stimulés intellectuellement que faire le parcours balisé culturel-touristes.
A l'étranger, si t'as pas le temps, tu te sens un peu obligé de faire les gros spots. Normal. Ya aussi le besoin de rentabiliser auprès des autres avec le putain de réflexe selfie, "j'y étais, vous avez vu comme je profite bien de ce que le monde a à offrir". J'ai du passé une semaine à Delhi, jamais regretté de ne pas faire le Taj Mahal, vu comment ça m'a gonflé quand je me suis renseigné sur comment (j'étais tout seul sur le moment, ça a sûrement joué). D'autant qu'en Inde, le truc le plus banal pour eux, c'est déjà exceptionnel pour toi.
Le train, j'adore. Avec un vélo en plus, tu restes assez libre (mais faut quand même s'organiser si tu veux pas casquer). Tu vois le paysage, t'es plus libre alors tu rencontres plus facilement, tu peux t'étirer tranquille, ça me berce. T'arrives, t'es déjà à visiter quelque chose. Pleins de gares valent le détour. Je ne vois aucun intérêt à un aéroport sauf à considérer qu'il est moins pourri que la moyenne et que t'as des sièges pour pouvoir étirer tes jambes.
L'avion, j'ai horreur de ça. Absolument aucune peur, je flippe plus en bagnole. Mais aller à l'aéroport en passant par des 4 voies et des ZI, faire trois fois la queue, ouvrir ton sac, enlever tes pompes et ta ceinture, te faire ploter, attendre, avoir le confort d'un car (toujours voler en éco), les yeux secs, les tympans explosés, attaché ou non selon une loupiote, se taper les consignes de sécu (je les connais par coeur et je serais bien incapable de savoir comment je réagirais si yavait besoin, de toute façon, si ya un assez gros problème pour faire sortir les masques à 10 000, t'es déjà mort, non ?), attendre pour descendre, pour récupérer ton barda, pour passer la douane et quitter l'aéroport dans des navettes blindées pour enfin arriver dans un endroit cool, ça me met toujours de sale humeur. Heureusement que parfois (selon où t'es placé et où est le soleil), t'as de sacrées images de survol.