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MessagePosté: 04 Mar 2006, 17:46 
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Janet a écrit:
est-ce qu'on ne pourrait pas simplement supprimer le message d'ailleurs?


Celui de Mon Colonel sur Ilan aussi alors...

Je pense pas qu'effacer le message soit juste.
La discussion prévaut toujours.

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MessagePosté: 04 Mar 2006, 17:59 
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Antichrist
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Pas mieux que Freak. La discussion prévaut sur l'aveuglement. Ne pas voir les choses c'est vivre dans le déni.


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MessagePosté: 04 Mar 2006, 18:05 
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Janet


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MessagePosté: 04 Mar 2006, 18:51 
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Karloff a écrit:
Tuer les patrons ? faire du racisme de classe complètement stupide ? Tuer un père de famille ?


Sans parler de son cochon de capitaliste impérialiste de chauffeur...


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MessagePosté: 04 Mar 2006, 18:53 
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Antichrist
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Le chauffeur était complice, voyons... C'était de la légitime défense.


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MessagePosté: 04 Mar 2006, 18:56 
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Karloff a écrit:
Le chauffeur était complice, voyons... C'était de la légitime défense.


Pis il roulait dans une belle voiture. Et si ça se trouve c'était pas une Renault...


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MessagePosté: 04 Mar 2006, 20:27 
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Serial Modo
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si je ne l'avais pas rencontrée, je n'aurais p-ê pas ce discours...

ceci étant, comme ce que je dis paraît plus explosif à chaque nouveau post, qu'apparemment je suis suffisamment maladroit pour passer pour un dangereux fasciste à vos yeux (pourtant il me semble avoir condamné dans mes messages la violence des actes d'AD), je vais me taire. Les phrases suivantes ne sont pas de moi, mais permettent, j'espère, de comprendre ma position par rapport à la lutte armée. Et mes tiraillements, mes incertitudes et mes doutes (une fois de plus, je ne la considèrepas comme la solution adéquate, mais je m'interroge sur la forme de l'alternative).

"Quel regard portez-vous sur la fusillade de l'avenue Trudaine?
Deux hommes sont morts. Les seuls qui s'en souviennent sont leurs proches. Sans doute trop «anonymes», pas assez «nobles», pour que le système qui les mandatait s'en souciât deux décennies après. Un de mes camarades fut tué, dans des conditions assez voisines. Personne ne s'en est ému, sauf des proches. Dans ces deux cas, il s'agit de rencontres fortuites entre deux groupes de personnes armées, dont chacune, à tort ou à raison, pense qu'elle représente la légitimité et le (bon) droit. Lorsque les armes sortent, il n'est plus question de morale, de justice ou de quoique ce soit d'autre. Survit celui qui a les meilleurs réflexes, et une part de chance. C'est terrible, mais c'est ainsi.
Et sur les actes d'AD, les assassinats commis après votre arrestation ?
Pour M. Besse, là aussi et toujours, il y a la douleur des proches que le temps n'efface pas, les autres se satisfont d'autant mieux de sa mort qu'ils l'exploitent. Dans l'esprit de mes camarades, sa mort, cette action était censée, je cite «ralentir [la] marche de la recomposition bourgeoise et aggraver ses contradictions internes, et ainsi l'affaiblir dans la guerre des classes». A vingt ans de distance, force est de constater que l'hypothèse que nous défendions a failli. A moins d'obnubilation, de cécité intellectuelle et d'incapacité à comprendre le mouvement réel des choses, il convient d'accepter que le mouvement révolutionnaire et le mouvement social nous aient donné tort. Alors, lutter, ou lutter de la manière dont nous et des milliers d'autres avons lutté, était-il une aberration, un «non-sens» ? Au plan de l'éthique, on a toujours raison de vouloir combattre l'injustice et l'oppression, la misère. Par ailleurs, notre engagement fut fonction de la connaissance, de l'expérience et du patrimoine qui étaient ceux du mouvement révolutionnaire, alors. Certains affirmaient que le pouvoir est au bout du fusil. J'adhérais à cette thèse. D'autres, qui la professaient, nous ont laissé l'assumer. Cela étant, indéniable est le fait que notre pratique a eu des conséquences terribles. De part et d'autre, la mort, le poids de l'absence, des existences brisées, la souffrance des proches. Le bilan humain est lourd. Dans tous les cas, la responsabilité des morts est la nôtre et dans «nôtre» il y a aussi mienne."

Régis Schleicher, itw à Libé

"Votre absence de repentir influence-t-elle la décision des juges ?

C'est la question centrale, depuis notre premier jour de prison. Et c'est le pourquoi de nos condi­tions de détention extraordi­naires, des restrictions actuelles sur le droit de communiquer ou de la censure des correspon­dances. Dans aucune des lois de l'application des peines, il n'est stipulé que le prisonnier doit ab­jurer ses opinions politiques. Mais pour nous, certains procu­reurs n'hésitent pas à affirmer que les revendications du com­munisme impliquent une récidive. Je sais bien que si nous nous repentions, nous serions soudai­nement adulés par la bonne so­ciété, mais ce n'est pas notre vi­sion de la responsabilité poli­tique. Notre engagement n'est pas à vendre ni à échanger contre un peu de liberté.


Vous considérez-vous com­me un prisonnier politique ?

Bien sûr. Qui pourrait le nier aujourd'hui quand les tribunaux : affirment que nous restons en prison parce que nous sommes restés communistes et internationalistes, ou alors parce que nous nous réclamons du droit à l'in­surrection! Quel militant d'ex­trême gauche, à l'extérieur, n'est pas partisan d'une insurrection de classe? Pour les autres détenus, nous sommes des prison­niers politiques, comme pour les- ' surveillants, les directeurs, les juges... Comme pour les RG qui surveillent tous les aspects de notre détention, qui enquêtent sur les personnes avec qui nous communiquons et qui conser­vent tous nos écrits. Leurs rapports de synthèse sont lus devant les tribunaux de l'application des ' peines. N'est-ce pas un magistrat toulousain qui évoqua dans son refus de voir Nathalie Ménigon assignée à résidence dans le dé­partement le fait qu'elle sera ra­pidement considérée par une partie de la population comme une héroïne révolutionnaire ? Nous avons été condamnés par des tribunaux d'exception pour des raisons politiques, nous avons été détenus dans des conditions tout à fait exceptionnelles - des quartiers de déten­tion ont même été spécialement aménagés pour certains d'entre nous , et il suffit aujourd'hui de se pencher sur les ordonnances des tribunaux de l'application ' des peines pour comprendre que nous restons en prison pour des raisons tout à fait politiques."

Jean-Marc Rouillan, itw au JDD

"Comment expliquerais‑tu à un jeune qui n'était presque pas né à l'époque à laquelle tu as milité les raisons qui vous ont poussé à choisir la Lutte Armée ?

D'abord, pour l'essentiel, en rappelant cette phrase de Jean Paul SARTRE, comme quoi: « la violence révolutionnaire est immédiatement morale car les travailleurs deviennent les sujets de leur histoire » ‑ c'est ce qu'il s'agit justement d'organiser, de préparer et de développer en y étant précisément déjà soi‑même sujet de ce procès collectif et historique où, avec de faibles forces, est initié et mis en route un mouvement de bouleversement révolutionnaire d'ensemble par des actions militaires précises et minutieusement réfléchies dans leur moralité.
C'est à dire ensuite plus particulièrement en intervenant donc dans un contexte politique conjoncturel déterminé pour sa maturation et sa transformation ; que le mouvement d'ensemble prenne son propre envol. Comme cela a pu être le cas par exemple avec le contexte du début des années 80 marqué par l'implantation des missiles nucléaires américains en Europe de l'Ouest et la constitution par là de cette Europe en un bloc homogène, qui a donné naissance à l'actuelle Union Européenne dans la confrontation contre le bloc socialiste des pays de l'Est et son renversement depuis lors sous la pression de la vague néo‑libérale. Une vague qui pris alors son essort et, pour souligner la dialectique même de ce mouvement d'ensemble, qu'à l'époque, dans l'immédiat, nous ne savions alors qualifier politiquement pour ce qu'elle était : une vague néo‑libérale qui mène encore la globalisation et la mondialisation que nous vivons actuellement.
Ceci précisément pour dire que l'on ne peut pas craindre d'être dépassé par sa propre action politique et les amples conséquences qu'elle initie, mais bien la comprendre comme constitutive du nouveau terrain sur lequel s'insère cette dialectique. Une dialectique qui fait que des fractions toujours plus larges de travailleurs et de travailleuses deviennent moralement sujet de la violence révolutionnaire qui guide leurs pas, leur action. Que celle‑ci soit illégale ou, dans un premier temps, légale, comme dans des mobilisations contre les lois sur les retraites par exemple, ou autres, l'essentiel étant qu'elle soit morale pour eux et qu'ils y soient sujets dans ces formes d'application.

C'est en ceci que la dialectique de la violence révolutionnaire est en fin de compte : intégration et identification à un autre système. Un système possible où en lieu et place de l'exploitation et de l'oppression s'impose solidarité et fraternité d'hommes et de femmes se vivants sujets de leurs gestes, de leurs réflexions et de leurs paroles. "

itw avec Georges Cipriani


"Est-ce que toutes les formes de violence sont équivalentes face à la violence légitime de l’Etat ? Y a-t-il des hiérarchies dans la violence, par exemple entre la lutte armée et la violence des manifestations sidérurgistes de 1979 qui avaient mis Paris à sac ?

Plutôt que de hiérarchies, je parle de niveaux de violence. Après la projection du film de Pierre Carles [note 5], quelqu’un dans le public est intervenu pour dire que le film ne donne pas la parole aux victimes d’Action Directe. Miguel Benasayag a répondu qu’il y a tous les jours des victimes du capitalisme et de l’impérialisme celles des bombardements sur des régions entières, celles des victimes de la faim, celles qui n’ont pas accès aux traitements médicaux, etc. Ce sang-là coule aussi. Et je ne vois pas ce que cette violence a de légitime.

L’usage de la lutte armée n’a-t-il pas desservi les mouvements sociaux, joué contre eux ?

Non, je n’en suis pas du tout convaincue. Pour moi, la lutte armée est une "contre-violence". Qu’il s’agisse d’une manif de sidérurgiste ou de l’exécution d’un patron, c’est égal. La violence originelle est dans le système. Pas seulement dans l’Etat, mais dans le rapport capital/travail qui est un rapport extrêmement violent. A mes yeux, ce n’est pas du tout un hasard si, à mesure que la violence intégrée au système devient une sorte de normalité, une chose admise, la contre-violence devient, elle, un phénomène honnis, montré du doigt. Selon moi, c’est lié. D’ailleurs c’est un classique de la pensée politique que de constater cette violence intégrée au système et donc d’admettre qu’il y a en conséquence des "victimes" de cette violence. Traiter les gens de "victimes", c’est leur ôter leur capacité à être sujet. Alors que la question de la violence et de la contre-violence est liée à la récupération d’une certaine autonomie collective, la possibilité pour les personnes de redevenir des sujets – organisation armée ou une manifestation, peu importe, l’important c’est la dimension d’agir collectif pour contrer les rapports d’exploitation et d‘oppression.
Pour ceux et celles qui ont été actifs à ce moment-là de l’élan révolutionnaire, la légitimité du monopole étatique de la violence n’avait rien d’une évidence. Son articulation avec le régime capitaliste posait la question d’un usage de la violence révolutionnaire. Après, il y avait la question du dosage, de la manière de faire, voire de l’opportunité, mais il n’y avait pas de superposition entre légalité et légitimité.
Dans la foulée de notre défaite, celle d’Action Directe – et pas seulement la nôtre car c’est un phénomène beaucoup plus vaste malheureusement – la violence du système a été démultipliée. La brutalité du système est devenue une norme intégrée et la violence sociale qui en découle est mise en spectacle comme un phénomène étranger, extérieur. Un exemple, celui des jeunes de banlieue qui oscillent entre la désignation de victimes et celle de sauvageons, même si leur action n’est pas celle d’un projet politique de transformation. En 2001, lors des événements de Gênes, j’ai vu à la télévision un militant altermondialiste, bien propre sur lui, qui disait "la violence enterre l’avenir" à propos des Black Block. Mais de quelle violence parle-t-il ?

Dans les années 70, la violence a été théorisée par beaucoup de militants et certains ont refusé d’entrer dans la lutte armée. Une partie du mouvement autonome préférait organiser les sidérurgistes, par exemple… Un peu comme en Italie où il n’y avait pas un groupe qui émergeait du mouvement, mais le mouvement lui-même qui était entré dans la lutte armée. Est-ce que tu ne penses pas qu’il y a une différence en terme d’efficacité politique entre organiser un mouvement dans son ensemble et un petit groupe se dégageant du tout pour entrer dans une violence armée ?

Pour moi, c’est complémentaire. En toute sincérité, ce n’est pas facile d’assumer la violence. Je pense qu’il faut un mélange de détermination personnelle – non que tu aimes la violence, mais parce beaucoup d’éléments te poussent à dire "peut-être que là je peux faire quelque chose d’utile" – et de contexte. Je pense que les organisations spécialisées dans la lutte armée n’auraient pas pu mener leur action s’il n’y avait pas eu un mouvement général. De la même manière que le mouvement général a aussi montré ses limites. Action Directe était une organisation d’avant-garde et je dis bien "une", pas "L’Avant-Garde". Nous étions dans un tout, nous n’étions pas l’organisation qui allait guider les masses vers la révolution. Action Directe n’était pas l’élite éclairée.

Est-ce qu’une violence personnalisée ne légitime pas la violence de l’Etat tout la renforçant ?

Je ne suis pas d’accord avec toi. On a été arrêtés en 1987 et il n’y a plus eu d’organisations de notre type sur le territoire français après, pourtant les outils de la répression ne se sont pas émoussés… Ce n’est pas moi qui fais la démonstration, c’est l’Etat lui-même qui la fait il n’y a pas eu d’organisations de lutte armée pendant vingt ans, le niveau de la répression a-t-il décru ?

Ne penses tu pas que l’action de Gandhi a été bien plus efficace contre l’impérialisme britannique que des expériences plus récentes de violence "terroriste"

Pratiquer le terrorisme, c’est faire de personnes ou de masses entières des pions à utiliser en fonction d’intérêts entre puissants. Je ne nous désigne certainement pas comme terroristes, ni les camarades italiens, allemands ou états-uniens… Et je reste très prudente face à l’usage de ce terme. Humainement, on ne peut jamais justifier la mort délibérée d’un être humain, mais on peut essayer de comprendre la situation qui amène de telles actions dans un conflit.
Quant à Gandhi, il a obtenu la libération par rapport à la Grande Bretagne dans le cadre particulier de la grande restructuration post-coloniale. On ne peut pas séparer l’efficacité de sa stratégie de ce contexte. Je me méfie des comparaison ahistoriques. De mon point de vue, il s’agit d’avoir le sens de la complémentarité des luttes et des formes de lutte."

itw de Joëlle Aubron à la revue EcoRev'


"Quel regard portez-vous sur les actes d'AD ? Sur les assassinats ?

Ethiquement et humainement, il n'est pas question de justifier la mort de quiconque. Mais je ne peux formuler ni regrets ni repentir, je trouverais cela indécent par rapport aux victimes et à ceux qui restent. Ce serait une posture. Je porte en moi cette responsabilité, et pas seulement parce que j'ai été condamnée, mais parce que j'appartenais à cette organisation. A l'époque, ce fut un choix, ce fut la réalité du combat. Nous pensions, je pensais qu'il était possible de faire émerger un contre-pouvoir. Nous pensions pouvoir défendre la barricade. J'ai bien conscience de rester là dans le vague. Il manque le contexte historique et politique du milieu des années 80, je peux bien expliquer mais ça prendrait plusieurs pages. Alors, juste, AD n'a pas surgi de nulle part. Nous appartenons à une longue histoire et nous fûmes nombreux à penser, à compter sur un élan qui finalement ne vint pas. Notre hypothèse a échoué. C'est clair. Mais de toute façon, je ne peux pas m'asseoir sur dix-sept et même vingt-cinq ans de ma vie. Je me dirais : «Tout cela pour rien ?» Néanmoins, je n'ai pas à me renier. Serait-ce, seulement, parce que ce chantage au reniement a été beaucoup trop présent pendant ces dix-sept ans dans nos conditions de détention. Aujourd'hui, mes camarades y sont toujours confrontés."

itw de Joëlle Aubron à Libé


Voilà, le pb c'est qu'ici, on débat peu, on attaque surtout, et on accable même. On ne discute pas, on labellise. On dit : terroriste, fasciste. On n'essaie pas d'expliquer, on assène. Chacun a la vérité et la fait tomber sur la tronche de l'autre (moi aussi, hein, je ne suis pas à l'abri de ça). Voilà pourquoi j'hésite toujours à entrer dans ce type de considérations ici. On n'éclaircit pas les maladresses: on les pointe, on les moque - à la limite on s'en réjouit, on en jubile d'avance. C'est effrayant comme on tue le débat dans l'oeuf. C'est le dernier message de ce type que je poste ici.

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MessagePosté: 04 Mar 2006, 21:00 
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Zad a écrit:

Voilà, le pb c'est qu'ici, on débat peu, on attaque surtout, et on accable même. On ne discute pas, on labellise. On dit : terroriste, fasciste. On n'essaie pas d'expliquer, on assène. Chacun a la vérité et la fait tomber sur la tronche de l'autre (moi aussi, hein, je ne suis pas à l'abri de ça). Voilà pourquoi j'hésite toujours à entrer dans ce type de considérations ici. On n'éclaircit pas les maladresses: on les pointe, on les moque - à la limite on s'en réjouit, on en jubile d'avance. C'est effrayant comme on tue le débat dans l'oeuf. C'est le dernier message de ce type que je poste ici.


De toute façon le débat est compliqué sur ce genre de forum. Pour Joëlle Aubron, la question est multiple. Tu t'émeus de la cause qu'ils défendent. Je le conçois tout à fait. Chacun ses opinions, c'est la moindre des choses. Ensuite, ils ont été condamné. Sévèrement. Logiquement. Tout le monde assume. Ok. Finalement, les conditions de détention. On peut tout à fait discuter là dessus. Je pense qu'ils n'ont pas eu le traitement que tous les meurtriers ont, c'est une évidence. Le contexte de l'époque, la teneur des meurtres (Renault, entreprise nationale...) et l'absence de remords sont des éléments très lourds pour AD. Mais Zad, sincèrement, tu ne t'attendais pas à ce genre de réaction? Quand j'ai vu le titre de ton post, je me suis dit "mais pourquoi provoque-t-il ainsi?". Joëlle Aubron est un assassin de la pire espèce, quelle que soit sa cause, quelles que soient ses convictions. On pourra toujours théoriser à l'infini sur la légitimité de la violence, de la lutte armée contre le système. Je pense que c'est sans fin. Il existe toujours des révolutionnaires, des communistes, des anarchistes aujourd'hui malgré les échecs retentissants du passé. Mais c'est chaud de discuter de ça ici. Ca va forcément s'envenimer. Et comme tu es un peu seul sur le coup... ca se tend.

Enfin bref.

N'allez pas voir 'Célibataires' :wink:


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MessagePosté: 04 Mar 2006, 23:30 
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Zad a écrit:
ceci étant, comme ce que je dis paraît plus explosif à chaque nouveau post, qu'apparemment je suis suffisamment maladroit pour passer pour un dangereux fasciste à vos yeux (pourtant il me semble avoir condamné dans mes messages la violence des actes d'AD), je vais me taire. Les phrases suivantes ne sont pas de moi, mais permettent, j'espère, de comprendre ma position par rapport à la lutte armée. Et mes tiraillements, mes incertitudes et mes doutes (une fois de plus, je ne la considèrepas comme la solution adéquate, mais je m'interroge sur la forme de l'alternative).


Je sais pas où tu en es de ton parcours, mais à ce que je lis, il faudrait surtout que tu ailles t'intéresser à d'autres voies... sérieusement, tu t'enfermes dans un trip internationaliste/communiste alors que ce sont des pensées totalitaristes et fermées. On peut lutter contre la politique néo-libérale, la misère, les contradictions de la société, sans passer par l'extremisme et les pensées dogmatiques et totalitaristes. Un des mes profs de philo politique le disait, on ne critique pas une pensée en se placant sur la plan moral, mais en dénoncant ses contradictions internes, dans le logos. C'est valable pour toute lutte politique à mon avis.
Je trouve le discours que tu présentes via les interviews honteux tellement il ne laisse aucune place au doute sur la plan de la politique et de l'analyse (pas la première interview, mais les autres), et tellement il est douteux sur le plan de la compréhension des processus historiques, du droit et des systèmes de pensées. Alors à la base, la pensée derrière la lutte armée est viciée.
De plus, il se place systématiquement sur un plan moral qui est on ne peut plus flou.

Prends du recul. Lis d'autres choses... même les néo-libéraux. C'est nécessaire pour savoir contre quoi on se bat exactement et pour pas se contenter de recracher les idées des autres.
Les pensées situationnistes et communistes des années 60 sont mortes. Je dirais même mortes-nées, elles étaient des tentatives d'appliquer des idées du XIXème à un contexte renouvelé, et résultent d'analyses très questionnables. La question n'est même pas celle de la lutte armée, elle est celle de la pertinence des analyses idéalistes aujourd'hui. Je ne suis pas spécialiste, mais il faut savoir d'où ca vient, les nationnalismes du XIXème, l'idéalisme hegelien, le marxisme...

La première interview que tu cites, il avoue s'être complètement planté. La deuxième par contre... Lire ca aujourd'hui me choque :

"D'abord, pour l'essentiel, en rappelant cette phrase de Jean Paul SARTRE, comme quoi: « la violence révolutionnaire est immédiatement morale car les travailleurs deviennent les sujets de leur histoire » ‑ c'est ce qu'il s'agit justement d'organiser, de préparer et de développer en y étant précisément déjà soi‑même sujet de ce procès collectif et historique où, avec de faibles forces, est initié et mis en route un mouvement de bouleversement révolutionnaire d'ensemble par des actions militaires précises et minutieusement réfléchies dans leur moralité."

Il y a une erreur fondamentale à ces mouvements (que Popper est d'autres ont dénoncés depuis un moment), qui est de croire que l'on peut "faire l'histoire". Le type cite Sartre, alors que c'est dans ce domaine que Sartre s'est le plus planté : on ne peut pas être les sujets de notre histoire. C'est compliqué à démontrer ici mais ca se fait.
L'historicisme, le volontarisme historique et le dogmatigme téléologique sont à mon sens les trois grandes erreurs de ces pensées : elles condamnent tout leur discours et leurs actions.

PS : d'ailleurs, parce qu'on est sur un site de ciné, pour moi Munich est une critique directe de ce type de pensée - et sa grande intelligence est de la porter sur les "deux camps".


Dernière édition par The Scythe-Meister le 04 Mar 2006, 23:33, édité 1 fois.

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MessagePosté: 04 Mar 2006, 23:33 
The Scythe-Meister a écrit:
PS : d'ailleurs, parce qu'on est sur un site de ciné, pour moi Munich est une critique directe de ce type de pensée - et sa grande intelligence est de la porter sur les "deux camps".

D'où le 2/6 de Zad. CQFD.


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MessagePosté: 04 Mar 2006, 23:40 
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Bob Harris a écrit:
D'où le 2/6 de Zad. CQFD.


J'y ai pensé en l'écrivant :D . Le pire, c'est que c'est peut être vrai. Cf la scène où Avner est "interviewé" et son incompréhension : c'est toute l'incapacité de relier des actes à une pensée ou à un système de pensée qui se met à jour. On lui demande de faire rentrer ses actes dans un projet qui le dépasse et qui aurait un sens par lui-même indépendament de ses actes. Je comprends qu'un tel film n'ait aucun sens pour quelqu'un qui croit fermement en un système de pensée quelconque, ou en leur "réalité théorique" (je ne dis pas que Zad est dans ce cas, mais je crois que c'est quelque chose de très partagé parmi les "intellectuels").


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MessagePosté: 04 Mar 2006, 23:45 
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Zad a écrit:
Aubron était courageuse, d'un courage que peu de gens peuvent prétendre détenir.


Tuer des gens n'a rien d'un acte courageux. Tu dis qu'elle a sacrifié sa vie, c'était son choix, ce n'était sûrement pas celui des victimes.
Quand on te lis, on dirais un ado de 15 ans en révolte contre la société. On voit bien que tu n'as pas connu la période où Ad sévissait.
Pour reprendre la comparaison, c'est comme si tu voulais titoyer Ben Laden. Lui aussi il a sacrifié sa vie pour ses idées...


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MessagePosté: 05 Mar 2006, 10:32 
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Ghislain
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les paroles politiques s'envolent, les cadavres restent


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MessagePosté: 05 Mar 2006, 11:18 
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Localisation: Paris
Janet a écrit:
oui enfin on peut dire que Hitler aussi, ou les mecs des avions du 11 septembre et des attentats en Irak, Israel, Palestine tous les jours, etc, etc...


De toute façon ça rejoint ce qu'on dit souvent sur le fait qu'aucun homme n'a jamais fait une action juste pour FAIRE LE MAL... mais qu'il y a toujours derrière, même si parfois c'est enfouis au point d'être inconscient, la volonté de défendre le bien, leur bien, leur vision du bien.

Et ca marche pour Aubron, le 11 septembre, la Résistance, les Nazis, les Corses, les Tchetchenes, les mecs de Munich, les mecs du Mossad dans MUNICH héhé... tout le monde.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 05 Mar 2006, 14:08 
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Juan a écrit:
Zad a écrit:
Aubron était courageuse, d'un courage que peu de gens peuvent prétendre détenir.


Tuer des gens n'a rien d'un acte courageux. Tu dis qu'elle a sacrifié sa vie, c'était son choix, ce n'était sûrement pas celui des victimes.
Quand on te lis, on dirais un ado de 15 ans en révolte contre la société. On voit bien que tu n'as pas connu la période où Ad sévissait.
Pour reprendre la comparaison, c'est comme si tu voulais titoyer Ben Laden. Lui aussi il a sacrifié sa vie pour ses idées...


ça,c'est la phrase de ZAd qui m'as fait tiqué quoi,dire qu'elle est courageuse.Gros con vas.j'ai même pas envie d'argumenter,tu trouves courageux quelqu'un qui butte un autre au nom de rien,du néant et de la connerie.

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