Forum de FilmDeCulte

Pierre Meyrand est dessinateur de bandes dessinées et travaille en collaboration avec sa femme Jacqueline. Le couple reçoit un jour la visite de Bob, un jeune admirateur fantasque vivant au gré de sa mythomanie. Ils acceptent son invitation à Neufchâtel, dans la propriété de sa richissime mère. Pierre est alors contacté par son éditeur qui lui commande d'urgence une nouvelle bande dessinée. Il décide ainsi de prendre Bob comme modèle pour son nouvel album intitulé "le tueur de Neufchâtel" (Première)

Prix du meilleur scénario à Cannes à sa sortie, Alain Jessua se distingue déjà par des idées vraiment originales, et le film est pas mal en avance sur les grosses cylindrées d'écriture, jouant la distanciation/déconstruction et le second degrés...C'est aussi assez inclassable dans les chapelles du ciné français de l'époque. Après ça, c'est quand même un peu difficile à regarder aujourd'hui je trouve... Tout le côté référentiel pulp est vraiment on ne peut plus factice, que ce soit dés le départ avec cet éditeur populaire et ses slogans "l'art au service du peuple", qu'avec ces inserts BD qui ne sont que de grossiers graphismes pop-art tout du long, appuyé par une sorte de partition yeye expérimentale qui perso ne me parle pas du tout...

On est loin du plaisir que donne le délire SAS / San Antonio d'un Magnifique autrement moins prétentieux mais finalement plus abouti. Le film de Jessua a ici surtout pour lui un décor suisse assez sympas, mais ça ne fait pas d'étincelles dans la forme très plan-plan (à part le premier plan peut-être, un gros mouvement circulaire visiblement péché mignon du réal..) et ça se révèle vite un pur exercice sans trop d'intérêt si ce n'est la totale vanité de son dispositif... Entre le cynisme caricatural du personnage de Cassel (vite insupportable) et un Duchaussoy très mou, il n'y a que l'ex James Bond Girl Claudine Auger qui tire vraiment son épingle du jeu, avec le seul personnage qui fait montre d'un peu de variabilité.

je vois tout ce dont parle mr chow, y compris toutes les limites et défauts qui sont là, indéniables.

mais j’accorde beaucoup plus de points bonus à la créativité de la chose. je me plains assez des formes de la pop culture qui n’ont quasiment pas évolué en 20 ans (même dans la musique, le dernier album de lady gaga où 80% des titres auraient pu être sur ces 3 premiers albums vieux de 15 ans ça fait peur) pour savoir apprécier ce mec qui, en 1967 !, est plus préoccupé à inventer les formes de l’avenir plutôt qu’à reproduire ce qu’il a aimé ado. du coup ce qui est, en soi, une curiosité pleine de problèmes encapsule vraiment un état d’esprit de l’époque, cette quête de liberté, l’imagination au pouvoir, l’envie de couper le fil et d’inventer l’avenir. c’est d’autant plus intéressant qu’au final inventer l’avenir il ne l’a pas fait. il y a sûrement eu des influences sur le magnifique, sur blier, sur des choses que je connais pas, mais ça ne va pas très loin. même ses propres films suivants ne prennent pas la balle au bond : moins audacieux sur la forme, et audace plus contenue et rationnelle sur le fond.

mais en l’état il y a cette profusion d’idées de fond et de forme, certaines cartonnent, d’autres floppent, aucune n’est maîtrisée, mais toutes rappellent qu'au cinéma on fait ce qu’on veut.

Ouais déçu par l'album alors que je kiffais "Disease".

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