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MessagePosté: 17 Mai 2019, 13:38 
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On se demande à quoi ressemble un film scénarisé par Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares. Peu bavard, le film est un actioner abstrait (mot qui revient comme il se doit dans toutes les critiques) avec un body count presque digne de John Woo et une organisation de l'espace qui m'a rappelé Johnnie To. Ce qui frappe, c'est que c'est beaucoup moins chiant que ce à quoi je m'attendais, en particulier grâce à un montage dynamique et expérimental et à une réalisation gracile et peu avare de mouvements pour se faire croiser ses héros d'âge mur et stoïques en costume noir et leurs adversaires tout de clair vêtu, à l'image un peu du noir et blanc hyper-contrasté qui sert d'ECRIN (je mets en majuscule car voici un cliché journalistique) au film. La bande son est régulièrement traversée par des cris d'oiseaux exotiques ou une espèce de gémissement surnaturel dont on ne sait trop d'où il provient.
Le film constitue une préfiguration glaçante de la dictature militaire en Argentin, courses-poursuites, explosions, gunfights mais dans une abstraction poussée au maximum. Excellent, dommage que le film suivant avec la même paire de scénariste ait l'air introuvable.

Coïncidence : j'ai téléchargé le film mais il passe lundi au Luminor, ce dont je ne me suis rendu compte qu'après.


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MessagePosté: 17 Mai 2019, 13:44 
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Garçon-veau
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bmntmp a écrit:
On se demande à quoi ressemble un film scénarisé par Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares.

C'est vrai, j'en parlais encore hier à deudtens, ça m'obsède!

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MessagePosté: 17 Mai 2019, 14:03 
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Sans doute moins que ta voisine de Boulbi, avoue.


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MessagePosté: 17 Mai 2019, 14:14 
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Garçon-veau
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Nan c'est bon, elle c'est du passé, du coup mon esprit est à 100% focalisé sur Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares. Sacré Bioy!

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MessagePosté: 17 Mai 2019, 14:24 
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Tu leur dois probablement quelque chose, même si tu l'ignores.


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MessagePosté: 17 Mai 2019, 14:37 
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Je me souviens assez bien de la redécouverte du film vers 2002. A l'époque il était passé sur Arte.
C'est un drôle de film, qui rappelle l'armée des Ombres de Melville (de la même année) mais avec quelque-chose de plis ironique (le personnage féminin a la même fonction sue Signoret dans le Melville mais avec une dimension plus fantastique - et peut être aussi plus misogyne).
Dans mon souvenir j'avais lu que ni Borges ni Casarès n'endossaient le fait que le film pouvait être vu comme un geste politique contre les dictateurs (par peur peut-être d'une récupération).
On a souvent dit que Borges était très à droite. Pourtant des nouvelles comme Deutsches Requiem ou son texte sur Carlyle laissent percevoir une sensibilité anti-fasciste, énoncée avec beaucoup de précision, peut-être pas si lointaine des Minima Moralia d'Adorno

_________________
Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


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MessagePosté: 17 Mai 2019, 14:58 
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Le film fait aussi évidemment penser à Melville, avec la mise en scène froide du professionnel en action, où les gestes prennent le pas sur les mots. Pas de dimension misogyne dans le personnage féminin qui

participe elle-même à la résistance, et en incarne la jeunesse et le renouvellement. Si son compagnon lui cache ses activités clandestines, elle-aussi le fait, au nom d'une morale stoïcienne (et un peu jésuitique et spécieuse), énoncée par le chef, les mettre au courant, c'était leur faire porter le poids d'un souci inutile . Pas d'asymétrie réelle, même si ça fait que la femme n'obtient pas cette reconnaissance aux yeux de son compagnon, qui pense être le seul à assumer le poids de son sacrifice (il est présenté comme une espèce en voie de disparation peut-être)


En allant sur allocine, j'ai été surpris de voir à quel point le film avait été couvert par la presse lors de sa sortie (alors qu'il n'y a que trois critiques spectateurs) au contraire d'un Requiem pour un massacre récemment dont aucune critique presse n'est répertoriée par allocine (peut-être est-ce de la faute d'allocine), vrai symptôme de l'affaiblissement de la presse écrite.

Sur la page wikipedia de Hugo Santiago (mort l'an dernier), on peut lire ce commentaire de Bioy sur le film

Citation:
Invasión modernises the theme of The Iliad: it does not praise the shrewdness and effectiveness of the conqueror, but rather the courage of a handful of warriors ready to defend their Troy-which is far too much like Buenos Aires-where there is always a group of friends and a tango inviting you to fight for just and noble causes. Homer will forgive me: the heart is always on the side of those who resist. I believe Hugo Santiago has created an extraordinary film.


La sensibilité politique de Borges semble plus être celle d'un libertaire, abhorrant toute forme forte d'état au nom de la liberté individuelle. Position indiscutable en théorie moins dans les faits.


Dernière édition par bmntmp le 17 Mai 2019, 15:58, édité 1 fois.

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MessagePosté: 17 Mai 2019, 15:04 
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Bon texte, surtout si on veut se le remettre en mémoire.

https://instantnet.wordpress.com/2009/0 ... -santiago/

Et qui rappelle aux ignorants comme moi que l'Argentine était déjà sous l'emprise d'une dictature militaire.


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MessagePosté: 12 Jan 2021, 11:25 
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bmntmp a écrit:
On se demande à quoi ressemble un film scénarisé par Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares. Peu bavard, le film est un actioner abstrait (mot qui revient comme il se doit dans toutes les critiques) avec un body count presque digne de John Woo et une organisation de l'espace qui m'a rappelé Johnnie To. Ce qui frappe, c'est que c'est beaucoup moins chiant que ce à quoi je m'attendais, en particulier grâce à un montage dynamique et expérimental et à une réalisation gracile et peu avare de mouvements pour se faire croiser ses héros d'âge mur et stoïques en costume noir et leurs adversaires tout de clair vêtu, à l'image un peu du noir et blanc hyper-contrasté qui sert d'ECRIN (je mets en majuscule car voici un cliché journalistique) au film. La bande son est régulièrement traversée par des cris d'oiseaux exotiques ou une espèce de gémissement surnaturel dont on ne sait trop d'où il provient.
Le film constitue une préfiguration glaçante de la dictature militaire en Argentin, courses-poursuites, explosions, gunfights mais dans une abstraction poussée au maximum. Excellent, dommage que le film suivant avec la même paire de scénariste ait l'air introuvable.


Voulu voir le seul film scénarisé par Borges (il est sur Mubi actuellement) et une fois n'est pas coutume je souscris totalement au texte de bmntmp. Un film vraiment curieux, un film d'action et surtout de résistance où les forces en présence ne sont pas définies et les causes restent tues. Costumes trois pièces sombres contre costumes clairs c'est quasiment tout ce qu'on saura de cette lutte à mort entre cols blancs. Par contre contrairement à bmntmp, j'ai trouvé ça quand même un peu longuet (ça dure plus de deux heures) surtout dans sa première partie où tu attends encore que les choses s'éclaircissent avant de comprendre que ce ne sera pas le cas.
Mais c'est fascinant, montrer un geste pur sans qu'il soit chargé idéologiquement. On résiste. On s'organise. On se bat. Contre quoi ? On ne le saura pas. Tout n'est qu'une longue chorégraphie allant vers la violence et la mort. Évidemment le film a un écho particulier vu l'histoire de l'Argentine. Je regrette pas du tout la découverte, une vraie curiosité.

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 12 Jan 2021, 14:29 
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C'est un peu une obsession de Bioy (Journal de la guerre aux cochons) en fait que les anciens se font remplacer par des jeunes froids, sans états d'âmes, peur de la déliquescence et de l'obsolescence et critique d'une certaine modernité. Le film est conçu comme un jeu d'échecs dont je ne dis pas qu'il soit dénués de longueurs, mais qui reste assez captivant compte tenu - malgré - son abstraction.


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