Je n'avais jamais eu cours avec un prof réac et raciste, ce fut donc avant-hier une première assez instructive. Le type a commencé par nous dire tout le mal qu'il pensait des grèves, et qu'il ne fallait surtout pas l'assimiler aux salauds de grévistes, qu'il conchie, et qui l'ont empêché de, je cite, "lire, voir, se former, pour nous former". C'était beau comme un concert caritatif de la Star Ac.
Et le type, apparemment spécialiste de Renoir, de nous faire bosser sur Toni et de quelle manière! Stricte analyse scénaristique, sur laquelle il plaque son hideuse grille de lecture de la société ("voyez, et si elle n'était pas espagnole, c'est à dire du sud, elle ne serait pas si légère, si volage, tant il est vrai, en effet, cela va de soi, que tout est culturel"............), ou se contentant de paraphraser et tautologiser l'image (grand moment lorsque, découvrant les vignes, il nous dit : "Ce sont des vignes" ; puis, voyant un gros plan sur une grappe : "Il devient ici manifeste que le raisin est le fruit de la vigne).
Au bout d'une petite heure, nous en venons à la "faaaameuse" séquence de l'abeille. Analyse scénaristique, comme toujours, de l'hispanique allumeuse. Et là, je n'y tiens plus, j'ai l'idée saugrenue, en fac de cinéma, de vouloir parler mise en scène. Et je dis ce qu'un enfant de sept ans aurait observé avec la même acuité, que Jean Renoir, par la mise en scène (gardant l'abeille et la piqûre dans le cou hors-champ), nous laisse à croire, au moins pour un temps, que les deux flirteurs pourraient être en train d'inventer cette histoire uniquement pour flirter. Que ne disais-je là! Allons, vous avez vraiment l'esprit mal tourné! Le seul moment potentiellement théâtral, c'est lorsqu'elle lui dit d'aspirer le sang une deuxième fois (bref, le cinéma, c'est de la radio!)...
Où j'ai donc pu découvrir qu'on peut être prof de cinéma et payé pour ça alors qu'on n'a même aucune idée de ce que peut être le point de vue, le découpage, le montage, le hors-champ : la mise en scène.
06h26
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