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MessagePosté: 24 Oct 2024, 08:53 
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Tandis qu’il pédale dans les rues de Paris pour livrer des repas, Souleymane répète son histoire. Dans deux jours, il doit passer son entretien de demande d’asile, le sésame pour obtenir des papiers. Mais Souleymane n’est pas prêt.

La manière la plus simple de décrire le film serait de dire qu'il s'agit d'A plein temps version sans papiers.

J'ignorais globalement l'existence du film avant d'en voir la bande-annonce qui témoignait déjà de cette impression de "thriller social" suivant les journées frénétiques d'un immigré obligé de cravacher et de courir (enfin de rouler) d'un endroit à un autre pour s'en sortir, comme si Sisyphe bossait aujourd'hui pour Deliveroo.

Et c'est effectivement la grande réussite du film de réussir à rendre état de ce rythme invivable et des conditions de vie évidemment désastreuses sans ne jamais tomber dans le misérabilisme ou le pathos facile, préférant laisser la narration effrénée véhiculer une sensation d'étau étouffante pour mieux communiquer la subjectivité du protagoniste, toujours soumis au bon vouloir des autres.

Le fil rouge de l'histoire à raconter à l'OFPRA mène à un climax où j'étais tendu comme jamais alors qu'il s'agit d'une simple discussion mais qui pourrait tout aussi bien être un interrogatoire, qui pourrait même tout aussi bien être Hans Landa questionnant le fermier Lapadite dans Inglourious Basterds, et aboutit à un monologue où l'émotion point enfin, dans toute sa vérité...mais sera-t-elle salvatrice?

Ce n'est pas aussi réussi que le film d'Eric Gravel mais c'est vraiment pas mal.

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MessagePosté: 24 Oct 2024, 09:41 
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J'ai aussi beaucoup pensé à A plein temps, cette course effreinée, permanente, retranscrite de façon volontairement répétitive à l'écran, mais je lui ai largement préféré cette Histoire de Souleymane, pas loin d'être à mes yeux le meilleur film de l'année. Les scènes au 115 sont bouleversantes, la fin aussi (et j'aime décidément beaucoup Nina Meurisse ).

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 24 Oct 2024, 10:21 
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MessagePosté: 24 Oct 2024, 12:09 
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Le film est très prenant mais il donne quand même un sentiment de déjà-vu: d’accord pour "A plein temps" mais je pensais aussi beaucoup aux Dardenne, et à ce film sorti en début d’année, "Border Line", surtout à cause de la scène finale dont tu parles:
Film Freak a écrit:
Le fil rouge de l'histoire à raconter à l'OFPRA mène à un climax où j'étais tendu comme jamais alors qu'il s'agit d'une simple discussion mais qui pourrait tout aussi bien être un interrogatoire, qui pourrait même tout aussi bien être Hans Landa questionnant le fermier Lapadite dans Inglourious Basterds, et aboutit à un monologue où l'émotion point enfin, dans toute sa vérité...mais sera-t-elle salvatrice?
Le récit de Souleymane est très fort mais je ne comprends pas le choix du metteur en scène à ce moment-là, qui change subitement de point de vue et passe de l’autre côté du bureau pour soumettre son personnage à un véritable interrogatoire. Le point de vue du documentariste s’aligne avec celui d’un inspecteur, qui extorque la vérité au personnage au motif que c’est pour l’aider, que ça lui ferait du bien, dans un bizarre mélange de scène de confessionnal-commissariat-cabinet de médecin. Je n’ai pas aimé du tout qu’on apprenne le passé du personnage au moment où il est à la merci de cet agent.


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MessagePosté: 24 Oct 2024, 12:21 
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latique a écrit:
Le film est très prenant mais il donne quand même un sentiment de déjà-vu: d’accord pour "A plein temps" mais je pensais aussi beaucoup aux Dardenne, et à ce film sorti en début d’année, "Border Line", surtout à cause de la scène finale dont tu parles:
Film Freak a écrit:
Le fil rouge de l'histoire à raconter à l'OFPRA mène à un climax où j'étais tendu comme jamais alors qu'il s'agit d'une simple discussion mais qui pourrait tout aussi bien être un interrogatoire, qui pourrait même tout aussi bien être Hans Landa questionnant le fermier Lapadite dans Inglourious Basterds, et aboutit à un monologue où l'émotion point enfin, dans toute sa vérité...mais sera-t-elle salvatrice?
Le récit de Souleymane est très fort mais je ne comprends pas le choix du metteur en scène à ce moment-là, qui change subitement de point de vue et passe de l’autre côté du bureau pour soumettre son personnage à un véritable interrogatoire. Le point de vue du documentariste s’aligne avec celui d’un inspecteur, qui extorque la vérité au personnage au motif que c’est pour l’aider, que ça lui ferait du bien, dans un bizarre mélange de scène de confessionnal-commissariat-cabinet de médecin. Je n’ai pas aimé du tout qu’on apprenne le passé du personnage au moment où il est à la merci de cet agent.

La meilleure critique lu cette année, qui relève en particulier ce dernier point : https://www.critikat.com/actualite-cine/critique/lhistoire-de-souleymane/


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MessagePosté: 24 Oct 2024, 12:50 
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Je ne comprends pas comment on peut comprendre de l'entretien final que Lojkine prend le point de vue de l'agent OFPRA. Il place sa caméra entre les deux et réalise un champ contre-champ. Et comme l'entretien permet au spectateur de réfléchir à la différence abstraite entre asile politique et migration économique/climatique/liées aux conditions de vie, je n'y ai vu aucune malice, aucun point de vue policier.

Le texte de Critikat particulièrement à charge m'a paru totalement déconnecté du film, plaqué et injuste.


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MessagePosté: 24 Oct 2024, 12:58 
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Je l’ai personnellement trouvé on ne peut plus juste, mettant les mots exacts sur le malaise ressenti pendant la projection. Je ne comprenais ni le besoin de ce champ/contre champ très appuyé (il n’y aucun intérêt à rester aussi longtemps sur le visage de Meurisse), ni la nécessité de devoir en passer par cette laborieuse quête de la vérité.


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MessagePosté: 24 Oct 2024, 13:13 
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Lohmann a écrit:
La meilleure critique lu cette année, qui relève en particulier ce dernier point : https://www.critikat.com/actualite-cine/critique/lhistoire-de-souleymane/


Je cite :
"Ce double programme débouche sur l’expérience de pensée moralo-judiciaire qui donne à la fin du film son caractère franchement déplaisant : Souleymane a menti, puis avoué. Mérite-t-il de rester en France ? Nous (public cible citoyen) avions donc affaire à un film de procès déguisé : ce qu’il fallait repérer, c’était l’énumération des circonstances atténuantes et des éléments à charge à verser au dossier Souleymane. Cette manière de faire exister un personnage sur le mode de la comparution et en vue d’une sentence est un phénomène de plus en plus fréquent dans le cinéma contemporain, dont quelques fictions judiciaires récentes ont exposé le modèle symbolique. Son application à l’univers du film social n’apprend pas grand-chose de neuf sur les sentiers tordus de la compassion."

Ca me parait assez juste.
Et c'est un point de vue qui est longuement développé par Loïc Mathos de prisme cinéma dans une vidéo de la chaine youtube Microciné : https://www.youtube.com/watch?v=bwlS39LjoWM


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MessagePosté: 24 Oct 2024, 13:19 
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3h de vidéo :shock: . Tu saurais dire à partir de quand il parle du film de Lojkine ?


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MessagePosté: 24 Oct 2024, 13:58 
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Lohmann a écrit:
3h de vidéo :shock: . Tu saurais dire à partir de quand il parle du film de Lojkine ?


A partie de 1h15.
La partie de la vidéo concernant l'entretien de Souleymane débute à 1h40.


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MessagePosté: 24 Oct 2024, 14:03 
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Ces critiques confondent le fait que le film choisit de montrer ces entretiens car ils existent et le fait que le film les cautionne et nous place dans le point de vue de l'agent. Je trouve ça très sain de le montrer l'entretien, moi. La vraie histoire de Souleymane, chacun peut se faire une idée de ce qu'elle est, mais la longueur dédiée à sa vie dans Paris laisse quand même une très large place au plus important.


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MessagePosté: 24 Oct 2024, 14:13 
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Le film ne nous met pas dans la peau de l’agent qui pose les questions parce qu’il montre l’entretien mais au travers de ses choix de mise en scène.


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MessagePosté: 24 Oct 2024, 14:15 
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Le choix de mise en scène est un simple champ contre-champ qui traduit le côté fonctionnel de l'entretien. Ce n'est pas un choix profond ou audacieux mais je n'y vois pas le scandale moral que toi et d'autres y voient.


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MessagePosté: 24 Oct 2024, 15:04 
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Baptiste a écrit:
Le choix de mise en scène est un simple champ contre-champ qui traduit le côté fonctionnel de l'entretien.

Je ne trouve pas, la preuve d’ailleurs qu’un simple champ contre-champ peut être monté de multiples manières. Lojkine s’attarde très longuement sur le visage de Meurisse, sans cut. Il y a forcément un choix de mise en scène à ce moment là, on est au-delà du fonctionnel. C’est je trouve ce moment qui entérine la place exacte du spectateur dans le film, peu ou prou la même que celle de cette agent. Peut-être que son intention était autre, que sais-je vouloir nous montrer que l’administration française est humaine et peut faire preuve de compassion (à mettre en parallèle avec les keufs qui sont finalement “sympas” de le laisser partir), mais dans ce cas c’est au mieux maladroit. Perso je me fiche de savoir quelle image de l’administration française peut être véhiculée par le film.


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MessagePosté: 24 Oct 2024, 15:30 
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J'entends les arguments (encore que je trouve facile la caricature du style au début et l'interprétation qui en fait concernant la trajectoire du personnage) mais alors la fin de la critique vire au procès d'intention (même si je me suis également interrogé sur la nécessité du champ-contre-champ).

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